- Article publié sur le blog du parti animaliste espagnol PACMA et traduit de l’espagnol par Emi: http://blog.pacma.es/2015/spain-is-different/
La tauromachie est également l’expression maximale de la gestion politique de notre pays, où l’on toréer et où l’on plante le clou quand nous l’attendons le moins.
// Il y a quelques jours, les journalistes nous ont surpris avec un article au parfum de scandale, en effet, le Ministère de l’Education va créer un diplôme de Formation Professionnelle pour la Tauromachie.
Il n’y a rien de plus douloureux que d’essayer de force de réhabiliter peu à peu une tradition qui commence à être bannie de notre époque. Mais le douloureux tourne au misérabilisme quand il essaie d’être sauvé au travers de l’Education.
Comme le disait Fraga: l’Espagne est différente.
Le journaliste et diplomate Juan Valera relatait avec indignation (dès 1868), comment quelques étrangers lui demandaient si en Espagne on chassait les lions, ce qui donnait une vision arriérée de l’Europe. Mais non monsieur Valera, effectivement, dans notre pays, nous ne chassons pas les lions. Nous n’avons pas, à l’instar des Etats-Unis, un Walter James Palmer qui va au Zimbabwe tuer ces félins, mais nous avons un Juan Carlos I de Bourbon qui va au Botswana pour les éléphants. L’unique différence que nous avons à première vue, est que Palmer est un dentiste alors que Juan Carlos est roi. L’Espagne est différente.
Non Monsieur Valera, en Espagne, nous ne chassons pas les lions. Nous tuons juste pour l’amusement, plus de 11 000 toros chaque année sur la place publique, bien qu’heureusement le nombre d’afficionados décroit et que la société se positionne de plus en plus contre la maltraitance animale. Il semble que tout va vent en poupe, encore plus depuis que nous avons pris connaissance de la condamnation de la mairie de Torsedillas pour le Toro de la Vega, et que le Ministère, géré par Inigo Mendez de Vigo veuille lui donner un coup de pouce en se plaçant à l’encontre de tout le courant contre la maltraitance animale, qui était la grande majorité de ce pays. Et je dis « grande majorité », car il s’agit bien d’un spectacle cruel qui essaie de se faire passer pour un divertissement culturel, digne et légal.
(Traduction du tweet : « Pour demain je me dois de mémoriser le poème « Torero, je veux être un torero » du poète Chayanne. FPToromaquia »)
Le résultat, c’est que peu à peu, en face de la recrudescence du rejet social, ils prétendent que nous verrons un jour la tauromachie s’élever au même niveau que la musique ou que le théâtre. Je suis toujours autant stupéfaite quand on me raconte que l’autre jour, ils ont donné une amende à un ami à moi qui écoutait un homme jouer de la guitare dans les rues de Madrid, avec un petit groupe de citadins. Lui, et tous les gens qui l’écoutaient, ont été verbalisés de 160E. Nous marchons sur la tête. Manuel Fraga aurait été un pur génie s’il avait utilisé le slogan « l’Espagne est différente » avec ironie.
Mr Mendez de Vigo, vous devez laisser la société se renouveler. Dans ce pays, l’Education, et j’écris l’Education avec un grand E n’est pas notre fort ; il n’y a qu’à écouter tous les étudiants Erasmus revenir des autres pays absolument enchantés par la différence des points de vue, des établissements et des matières proposées. Il y a suffisamment d’incompétences chez nos dirigeants pour qu’ils puissent imposer des choses contre la volonté d’évolution des citoyens. Et comment savoir ça ? C’est très simple.
Quand la condamnation de FPToromaquia est parue, les réseaux sociaux se sont enflammés, spécialement Twitter qui s’est empli de sarcasmes et d’indignation, et ce, nous ne pouvons pas l’ignorer.
(Traduction du tweet :
FPToromaquia : Programme
1 . Le Toro ne souffre pas : fondamentaux
2. Le Toro vit très bien : Pourquoi ?
3. S’il n’est pas torrée, il s’éteindra : Introduction.)
Quelques-uns de nos politiques s’amusent à toréer la citoyenneté qu’ils devraient représenter. Aujourd’hui, je comprends mieux le pourquoi de ce nouveau cours de tauromachie : c’est aussi l’expression maximale de la gestion politique de notre pays, où l’on toréer et où l’on plante le clou quand nous nous l’attendons le moins. Mais nous devrions arrêter de nous comparer aux autres pays.
L’Espagne est différente. //