LES REHALAS ou l’enfer des Podencos

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Le mot espagnol « rehala » signifie en français « meute »; mais pour les Podencos il est plutôt synonyme d’enfer, de souffrance et de mort.

Les médias espagnols et français parlent de plus en plus de la manière cruelle dont sont traités les Galgos pour les chasses au lièvre (pour lesquelles les Podencos sont d’ailleurs également utilisés), mais beaucoup moins de la vie misérable des Podencos des rehalas. Et pourtant… Les Galgos n’ont rien à envier à leurs cousins primitifs, loin de là.

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4 Une rehala est donc une meute d’en général 20 à 30 chiens dont la grande majorité sont des chiens courants, le plus souvent des Podencos, accompagnés de quelques chiens de prises : pitbulls,dogues argentins, alanos, etc. On trouve aussi dans ces meutes des mastins, cockers, basset… Ils servent à chasser le sanglier, le cerf ou le chevreuil. Cette forme de chasse reste inaltérée depuis le XVème siècle et rappelle la chasse à courre, les chevaux en moins.

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La majeure partie de leur vie, les Podencos et autres chiens des rehalas la passent enfermés dans des hangars insalubres, des cages ou des parcs à ciel ouvert. Pour éviter les tueries, les rehaleros (propriétaires de meute) ont pour habitude de les attacher au sol ou au mur grâce à de très courtes chaînes ; certains chiens ne peuvent même pas se tenir debout.

Ils attendent là, dans leurs excréments, dans le froid glacial de l’hiver espagnol, ou en plein soleil sous le cagnard. Les conditions d’hygiène sont déplorables, il n’est pas rare qu’ils n’aient même pas d’eau à disposition.

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8 Dans les rehalas où les chiens vivent lâchés, les coups de dents pour la nourriture,pour l’espace vital ou une femelle en chaleur dégénèrent fréquemment en tueries.

9Et quand vient l’heure du repas, les Podencos et autres chiens n’étant que des outils qu’il faut rentabiliser au maximum, on dépense le moins possible pour les nourrir : ils se contentent de pain sec,ou des restes du repas des maîtres. D’autant plus que la maigreur est synonyme de performance à la chasse !

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Evidemment les femelles sont soumises à la reproduction intensive malgré leur état de santé, et cela sans aucun suivi vétérinaire.

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Les Podencos ne sortent que pour la chasse et pour les entraînements.Dans le but d’améliorer leurs performances, les rehaleros les attachent à leur 4×4 ou leur quad. Si l’un des chiens n’arrive pas à tenir le rythme, c’est qu’il n’est pas assez performant pour la chasse, et il meurt donc traîné au sol, une sorte de sélection« naturelle ». Cette pratique de l’entraînement derrière des véhicules motorisés est légale dans certaines régions d’Espagne et est pratiquée même dans celles qui la prohibent.

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Les parties de chasse avec des rehalas s’appellent des Monterias. Après avoir été entassés dans des remorques, les chiens sont lâchés derrière le gibier, le plus souvent des sangliers. L’opération va durer 2 à 3h, ce qui représente un exercice intense et stressant pour ces Podencos mal nourris et en mauvaise santé.

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Il est fréquent que des chiens meurent sur place, d’épuisement ou blessés par les sangliers. Les plus « chanceux » seront soignés sur place. Ceux qui sont fichus seront abandonnés et agoniseront là, ils ne valent même pas la balle pour les achever…

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A la fin de la saison de chasse, tels de simples outils inanimés, ceux qui ne serviront plus l’année prochaine sont tués : à quoi bon garder des bouches à nourrir inutilement ? On estime qu’unchien de rehala vit entre 2 et 5 ans.

Et pour s’en débarrasser, les rehaleros, comme les galgueros font preuve d’une imagination toujours plus cruelle : les chiens sont abandonnés, après avoir eu les pattes brisées, pendus, mutilés, brulés, jetés dans un puits, ou tout simplement attaché à l’écart sans eau ni nourriture jusqu’à ce que mort s’en suive.

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Certes il existe des rehalas « de luxe » où les animaux sont bien traités, mais elles sont rares. Et les quelques fois où des bénévoles parviennent à intervenir pour sauver les chiens, le spectacle est affligeant : des squelettes ambulants au milieu de cadavres, recouverts de tiques, sans poils, blessés, meurtris dans leur chair et dans leur tête, comme l’an dernier dans la rehala abandonnée de la Finca Agularejo. Le chasseur n’est plus venu nourrir ses chiens depuis 8 jours par vengeance pour celui qui a abîmé son pare-choc… (vidéo de la découverte de la rehala :https://www.facebook.com/photo.php?v=469535453172208&set=vb.100003472713318&type=2&theater).

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Absolument révoltant, d’autant plus que l’on sait que les rehalas font l’objet d’un véritable business en espagne puisqu’il est possible de louer ces meutes pour des Monterias partout dans le pays.

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Alors s’il vous plaît, lorsque vous décidez de sauver un lévrier de l’enfer espagnol, pensez aussi à tous ces Podencos qui, comme vous pouvez le lire, subissent dans leur pays une violence égale voire pire que leurs cousins Galgos . Les Podencos demeurent injustement invisibles aux yeux de la plupart des adoptants. Et pourtant ils méritent eux aussi de goûter au bonheur !

Perrine // ACTION INVISIBLE

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Intervention en 2012 dans une rehala de 70 chiens :http://lesangesmartyrs.eklablog.com/operation-rehala-le-sauvetage-a45175117

Intervention dans une rehala de 120 chiens en 2012 à Murcia :http://galgosoleil.e-monsite.com/blog/120-chiens-sur-murcia-au-secours.html

Rehala de la région de Puertollano: https://www.youtube.com/watch?list=PL_yj7AdwzHdC789FhWE9Sd3H2l0NUBofD&t=44&v=r1x1AULb9q0

232425262728Perrine // Action Invisible

Perreras, les fourrières espagnoles

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Un chien errant dans les rues d’Espagne, dès lors qu’il est capturé, atterrira dans un centre d’hébergement pour animaux abandonnés. Il en existe deux sortes bien distinctes : les protectoras et les perreras.
Si les premières ont les mêmes desseins pour leurs protégés que les refuges animaliers français (prendre soin des chiens et des chats, tout mettre en œuvre pour leur offrir la possibilité d’être adoptés, le plus souvent grâce au dévouement de nombreux bénévoles), les dernières s’apparentent plus à des déchetteries pour animaux ou à des abattoirs, avec toute la négligence, la maltraitance et la cruauté animale qui en découlent, le tout subventionné par l’état espagnol.
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En Espagne, il existe trois sortes de fourrières: celles gérées par les municipalités, employant des ouvriers municipaux pour s’occuper des chiens et des installations, d’autres gérées par des sociétés privées et enfin, celles gérées par des associations de protection animale grâce à des bénévoles. Si celles du dernier type ont, en général, un fonctionnement différent, avec un programme d’adoption pour les chiens qui y résident, l’unique fonction des autres est de maintenir propres les rues espagnoles tout en générant du profit. C’est pourquoi le mot « perrera » fait autant froid dans le dos. Nous parlerons ici principalement des fourrières gérées par des entreprises privées ou des municipalités.
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Conditions de vie et de mort dans les perreras

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Dans ces fourrières, le bien-être du chien (ou du chat) n’est absolument pas une priorité, bien au contraire. Parmi la liste non exhaustive des actes de maltraitance repérées à grande échelle dans les perreras, on trouve :
  • des chiens entassés dans de petits boxs ou petites cages sans aucun confort: pas de coussins, ni de panier, les animaux dorment à même le sol,
  • des petits chiens vivant avec de grands chiens, des chiots avec des adultes, tous sexes confondus, ce qui entraîne de nombreuses bagarres souvent mortelles,
  • une absence totale d’hygiène: les chiens vivent dans leurs excréments, gamelles souillées, les chiens arrivant malades ou blessés, ou qui se blessent après leur arrivée, ne sont pratiquement jamais soignés. On peut même voir des blessures ou fractures ouvertes laissées sans aucun soin, et les épidémies sont courantes,
  • de même, les femelles mettent bas directement dans leur cage, à même le sol, entourées des autres chiens du paddock ; les nouveaux-nés risquant d’être mangés par les autres chiens,
  • la nourriture est non adaptée à l’âge/taille du chien, ni en quantité, ni en qualité. Il arrive même que certaines perreras ne nourrissent pas leurs pensionnaires et que les chiens n’aient pas de point d’eau à disposition,
  • maltraitance de la part du personnel d’entretien : coups, utilisation d’outils barbares tels que perches et lassos pour attraper les chiens, etc…
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On l’a compris, ici les chiens sont traités comme de vulgaires déchets par des employés pour la plupart aucunement sensibles au sort de ceux dont ils doivent s’occuper, même s’il existe bien sûr des fourrières dans lesquels travaillent (ou œuvrent bénévolement) des personnes soucieuses de leur bien-être.
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Et si le chien arrive à survivre à tout cela, s’il n’a pas été tué par ses congénères, s’il n’est pas mort de faim ou de froid, ou si la maladie ou une blessure infectée ne l’a pas emporté, il finira tout de même par être euthanasié. Le délai entre l’arrivée de l’animal dans les installations et la date de son euthanasie varie selon les fourrières mais ce laps de temps est très court : en général d’une semaine à un mois.
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Là encore, les méthodes de sacrifice utilisées sont particulièrement cruelles. Tout fonctionne à l’économie, il s’agit de tuer le plus grand nombre pour un minimum d’argent, peu importe si l’animal souffre. C’est l’injection de produits létaux qui est généralement choisie. Mais souvent, toujours par souci de profits, on utilise des produits inadaptés (médicaments détournés de leur usage, voire produits de nettoyage!), sans anesthésie préalable ou en quantité insuffisante ce qui provoque des agonies longues, conscientes et douloureuses. Alors que ces pratiques devraient être réalisées par un vétérinaire, il a été observé dans différentes perreras que ces actes étaient faits par de simples ouvriers. A la perrera de Palencia, le scandale avait révélé que des chiens étaient transfusés à mort afin d’alimenter en sang des cliniques vétérinaires.
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Certaines perreras n’ont même pas besoin d’euthanasier les chiens : il suffit de ne pas les nourrir, de les laisser s’entre-tuer, ainsi on ne dépense rien ni pour leur alimentation ni pour leur sacrifice. Autrement dit: « le beurre et l’argent du beurre ». Dans tous les cas, les conditions de vie y sont tellement difficiles que le taux de mortalité dans une fourrière est toujours élevé.

Des lieux secrets et opaques

La seule chance pour un chien de sortir vivant de cet enfer est d’être adopté. Malheureusement, rares sont les perreras avec un programme d’adoption en bonne et due forme (seules les fourrières gérées par des protecteurs d’animaux leur offrent cette chance, et encore…). Ainsi des associations et des bénévoles indépendants s’acharnent à entrer dans ces mouroirs pour photographier les chiens afin de les proposer à l’adoption sur leurs sites internet. Leur tâche n’est pas simple puisqu’il est compliqué, impossible dans certains cas, de sortir les chiens des cages pour vérifier leur comportement, ou de les tester avec des chats par exemple. Certaines perreras leur interdisent les photos ou euthanasient des chiens déjà réservés. C’est un travail de fourmi et il faut saluer le courage des ces bénévoles de l’urgence.
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De nombreuses perreras sont, elles, totalement fermées au public et aux associations. Mais même dans celles qui entrouvrent timidement leurs portes à ces bénévoles, le manque de transparence est monnaie courante. Et si ces bénévoles sont un peu trop intrusifs ou dénoncent les mauvais traitements subis par les animaux, ils se voient menacés de ne plus pouvoir accéder aux installations. D’où l’ignoble dilemme dont sont victimes les associations: faut-il révéler au grand jour certaines images et agissements, au risque que les chiens n’aient plus aucune chance d’échapper à la mort?
Une autre partie du problème est que n’importe qui peut se présenter à la perrera et choisir un chien. Personne ne vérifie si l’ « adoptant » convient au chien ni comment il compte utiliser son animal. Ainsi de nombreux galgueros (chasseurs avec lévriers) viennent se servir dans les fourrières, moyennant un tarif plus que raisonnable. En effet, le prix d’un chien en perrera varie selon les fourrières (en moyenne 30€). Même une personne souhaitant des chiens pour les utiliser dans les combats peut aller faire son marché dans ces établissements.
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Rappelons que lorsque c’est une association qui vient sortir un chien, certes le prix de la «sortie» n’est pas élevé, mais il faut lui ajouter celui du protocole vétérinaire : stérilisation, vaccins, tests aux maladies méditerranéennes et soins qui n’ont pas été apportés lors du séjour du chien dans la fourrière.
Aussi, nombreuses aussi sont les fourrières qui ne prennent pas soin de vérifier si les animaux qui entrent sont identifiés. Ainsi des chiens appartenant à des maîtres sont euthanasiés. Des touristes italiens avaient eu l’horrible surprise de retrouver leurs trois chiens sacrifiés alors qu’ils les avaient déposés quelques jours plus tôt à la perrera de Puerto Real qui proposait un service de pension canine.
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Magouilles et impunité

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Si les protectoras ne touchent aucune subvention, les perreras sont, elles, soutenues par l’argent public espagnol. Les fourrières dépendent d’une ou plusieurs municipalités, et sont liées avec elles par contrat afin de veiller à la salubrité publique et nettoyer les rues des communes de ses chiens et chats errants. Pour effectuer ces tâches, les municipalités leur versent des subsides pouvant aller jusqu’à plusieurs centaines de milliers d’euros par an pour les plus grandes perreras. Gérées comme des entreprises, on l’a vu précédemment, le but est de faire des bénéfices, au même titre que n’importe quelle entreprise de collecte d’ordures, et au mépris des règles élémentaires de bien-être animal. Tout cela représente un marché très juteux et les places de gérants de fourrière sont chères. On dit d’ailleurs que ces gérants sont placés là par les politiques eux-mêmes, et on comprend mieux pourquoi, lorsque des animalistes tentent des recours en justice, les institutions gardent les yeux clos. L’impunité règne, les intimidations sont monnaie courante, c’est l’éternelle bataille du pot de terre contre le pot de fer.
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On ne connaît pas le nombre de perreras dans le pays, elles n’ont jamais été recensées officiellement, certaines sont même illégales (comme celle de Calafell-Catalogne qui ne détient aucune autorisation mais qui continue d’exister). Il n’y a de ce fait aucun chiffre officiel sur le nombre d’animaux sacrifiés chaque année dans cette industrie de l’euthanasie mais les associations et certains médias parlent de 300.000 animaux tués dans ces structures annuellement.

Quelques perreras tristement célèbres

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Charnier à Puerto Real
Parmi les milliers de fourrières que comptent l’Espagne, en voici quelques unes qui ont défrayé la chronique et dont les agissements ont été révélés au grand jour. La première perrera à avoir été poursuivie pénalement est celle de Puerto Real, à Cadix en Andalousie. En 2007, des animalistes et des journalistes révèlent que les animaux y sont euthanasiés au Mioflex, un paralysant musculaire utilisé en médecine pendant les examens avec tubage de la gorge afin d’empêcher les réflexes de déglutition. Utilisé ici sans anesthésiant ni sédation, il provoquait une mort lente et douloureuse par asphyxie. Cette année-là, ce sont 566 chiens et chats qui ont été tués de la sorte.
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70% des animaux sortis et pris en charge par les associations n’ont pas survécu malgré les soins, ce qui en dit long sur les conditions de vie, négligence et maltraitance qu’ils ont subies, alors que cette perrera touchait 250.000 € par an de subventions.
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Un collectif s’est créé pour lutter contre la réouverture de la perrera. Une enquête judiciaire a été ouverte, s’en sont suivies des années de procédure rocambolesque : en 2009, la directrice et le gérant furent disculpés alors qu’ils ne pouvaient ignorer les faits; la responsabilité est retombée sur les deux vétérinaires qui ont été condamnés pour défaut de soins sur les animaux. Des pressions sur la juge en charge de l’affaire ont été révélées par le parti écologiste espagnol, car voilà, le gérant placé à la tête de cette perrera (ainsi que celle de Los Barrios) par des politiques était tout à fait intouchable. L’affaire est toujours en cours.

De mai à juin 2010, la FEPAEX (Federacion de protectoras de animales de extremadura) mène une enquête minutieuse au sein de la Perrera Olivenza de Badajoz, en Estrémadure, afin de collecter des preuves recevables devant la justice. (lire les dossiers intégraux : http://fepaex.org/campanas/perrera-olivenza.html)
Ici, même les chiens qui arrivent en bon état dépérissent à vitesse grand V. Les conditions de vie sont scandaleuses, les conditions de mort aussi : piqûre dans le cœur déclenchant un infarctus mais qui, administré sans anesthésie et en dosage à l’économie provoque une agonie longue et atroce.
Encore à l’heure actuelle, selon l’association SOS Perrera Badajoz, qui sauve des chiens d’Olivenza depuis des années : « Les chiens de la perrera sont mal entretenus, sans soins vétérinaires et vivent dans des conditions de salubrité et d’hygiène abominables. Ils souffrent d’infections, sont couverts de parasites, sans zone de quarantaine pour éviter les contagions ou protéger les chiots. Les mâles et les femelles sont mélangés sans alimentation adéquate et trop peu ou mal alimentés. Les chiens sont stressés, frappés, leur état de santé n’est pas pris en compte et certains meurent faute de soins. »
« Dans une installation publique, comme la perrera de Badajoz, les chiens disparaissent «mystérieusement» dans de trop nombreuses occasions : des galgos, des podencos, des chiens de chasses, certains chiens potentiellement dangereux, des chiots, etc. sans qu’ aucun travailleur ne puisse donner une explication sur ce qui a pu se passer. »

En 2010, 90% des chiens étaient euthanasiés. Ce chiffre est passé à 2% en 2013 grâce au travail remarquable de SOS Perrera Badajoz! Mais une fois de plus, les gérants empochent l’argent, sans améliorer ni les locaux ni les soins apportés aux animaux. C’est l’association qui continue de prendre en charge les frais vétérinaires, qui vient nourrir les chiens et même nettoyer les installations, uniquement grâce aux dons des adhérents .

Non seulement les gérants de la perrera sont protégés, mais on leur fait même le cadeau de faire fermer, en 2008 et sur décision du maire, le seul (vrai) refuge de protection animale de la même ville, ainsi plus de « concurrence » !
Les animalistes attendent avec impatience le terme du contrat, en 2016, qui lie la municipalité et les gestionnaires actuels de la perrera et espèrent que les rênes de la fourrière seront confiées à de vrais protecteurs d’animaux. Article sur le rapport de la fepaex : http://agir-pour-les-galgos.over-blog.com/article-la-perrera-de-olivenza-enquete-de-la-fepaex-58034862.html

Et il y a eu la perrera de Mairena de Séville qui est encore dans toutes les mémoires puisqu’on a beaucoup entendu parler d’elle au moment de sa fermeture très médiatisée, en janvier 2014.
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A Mairena, 250 chiens arrivaient chaque mois, 30 d’entre eux étaient euthanasiés chaque jour, par injection d’Anectine (un curare) administré sans anesthésiant. Là, on sacrifiait à une cadence quasi industrielle, la fourrière était dotée de son propre four crématoire… Mairena était pourtant gérée par une association de protection animale (la SPAP de Sevilla), qui recevait donc, en plus des subventions démesurées, des dons et legs de particuliers ignorant la vérité.

Cela faisait une dizaine d’années que les protecteurs d’animaux tentaient d’alerter la justice et les pouvoirs publics sur l’horreur quotidienne vécue par les animaux entre ces murs. En vain, puisqu’ apparemment, le dirigeant et président, vétérinaire de son métier, étaient bien protégés. L’impunité donc, jusqu’à ce que deux adhérents filment, le 25 décembre 2013, en caméra cachée, l’intérieur des locaux et diffusent sur internet ces images insoutenables révélant au monde entier l’horreur des perreras espagnoles :

On y voit des chiens pataugeant littéralement dans leurs excréments, des cadavres côtoyant des femelles gestantes ou allaitantes, des chiots à peine nés tétant leur mère allongés dans la fange, des chiens de toutes tailles et de différents sexes dans les mêmes boxs, diarrhéiques, arborant des blessures ouvertes, aucune gamelle d’eau ni de nourriture…

Les images font le tour du monde, une pétition récolte 30.000 signatures en seulement 24h. La magie des réseaux sociaux opère et ce que des personnes haut placées ont tenté de cacher pendant des années est enfin vu et su par tous. Les médias relaient l’info, des manifestants se rassemblent devant la fourrière et exigent la libération des animaux. Les dirigeants se retranchent à l’intérieur, le siège durera toute la nuit. Des manifestants sautent les hauts murs et arrivent à secourir quelques chiens, comme on le voit sur ces images hallucinantes:


La perrera de Mairena fermera finalement ses portes mais son gérant ne sera ni inquiété ni condamné pour la dizaine d’années d’horreur qu’ont vécu les chiens sous sa responsabilité. La seule forme d’irrégularité, selon la justice espagnole, qu’on peut imputer à cette fourrière est le manque de station d’épuration des eaux usées…

De L’espoir?

Il arrive (très très rarement) que la justice prenne les choses en mains. Ce fut le cas l’an dernier lorsque la directrice de la perrera Parque Animal de Torremolinos, Carmen Marin, a été inculpée pour l’euthanasie illégale de 2 865 chiens et chats en l’espace de deux ans et pour la falsification de documents afin de toucher les subventions de la municipalité (http://www.schnauzi.com/presidenta-…)
Même s’il existe des perreras dignes et exemplaires, il serait une erreur de croire que Mairena et autres Puerto Real sont des exceptions. Il existe des milliers de fourrières en Espagne, beaucoup sont des mouroirs notoires, et même si d’autres se font discrètes, personne n’est dupe sur ce qu’il se passe derrière leurs murs. A la perrera de Linares, les chats sont « euthanasiés » à coups de bâton, les chiens sont nourris une fois par semaine…. A la perrera de Martos-Jaen (fermée depuis), les cages des chiens sont si petites que les plus grands ne peuvent pas tenir debout ni se retourner…. Dans celle de XXX, on euthanasie les chiens en leur injectant du détergent, dans une autre les chiens ne sont nourris que de pain dur….. Chaque bénévole a des histoires atroces à raconter sur la perrera du coin, alors quand ils ont un peu d’argent et de place au refuge ou en famille d’accueil, ils vont chercher un chien pour le sauver de la fourrière.
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Parfois, une fourrière ferme et le maire, désireux de redorer la réputation de sa commune, remet les clés de la perrera à une association de protection animale, une vraie. Mais souvent, crise oblige, il n’oublie pas de revoir les subsides à la baisse. Comment s’en sortir alors lorsqu’on veut faire les choses bien : offrir à chaque chien un suivi vétérinaire, de la nourriture adapté et qu’on essaie d’euthanasier le moins possible ?
Après cette plongée dans l’horreur des perreras, il est important de finir sur une note d’espoir. Car oui, de l’espoir il y en a avec cette conscience collective qui se dresse en Espagne face à la manière dont sont traités les animaux. Que ce soit contre la tauromachie, contre la chasse ou pour une meilleure reconnaissance des animaux de compagnie, partout dans le pays, on entend des voix s’élever. Des voix citoyennes et populaires, mais aussi le bruit des médias qui de plus en plus, dénoncent les actes de maltraitance et les scandales dont sont victimes les animaux. L’Espagne est même dotée d’un parti politique pour les animaux : le PACMA ! Peut-on en dire autant en France ? Et n’oublions pas que c’est la voix du peuple qui a libéré les chiens de Mairena : dénonçons, informons, signons des pétitions. Ensemble, nous sommes capables d’accomplir de grandes choses.
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Concernant les perreras aussi, des initiatives naissent un peu partout en Espagne, comme à Madrid où l’euthanasie est désormais interdite dans toute la région: (https://actioninvisible.wordpress.com/2015/12/07/les-animalistes-denoncent-le-manque-de-fonds-pour-la-loi-sacrificio-cero-zero-euthanasie/
Mais soyons réalistes, avant que plus aucun chien ou chat ne meure dans ces sordides fourrières espagnole, il faudra d’abord travailler sur la sensibilisation du public contre les abandons et une vraie politique de contrôle des naissances.
Perrine // Action Invisible
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CARRERA EN CAMPO: La chasse avec les Lévriers et ses dévires

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Le Galgo est un des chiens de chasse les plus populaires en Espagne. Il est utilisé pour une chasse au lièvre très particulière puisqu’elle se pratique sans fusil, appelée « Carrera en campo » et interdite dans la plupart des pays européens.

Au départ, il s’agissait d’une chasse à proprement parler, c’est à dire que le but était le prélèvement de gibier. Mais peu à peu, l’intérêt de cette discipline est plutôt devenu le spectacle de cette course en lui-même. L’origine de cette discipline remonte à des temps très anciens, sûrement à l’Antiquité mais s’est démocratisée à partir des années 80 en Espagne. Très populaire, la carrera en campo déclenche l’engouement et la ferveur du public espagnol pour ce loisir.

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Cette sorte de chasse ou course se divise en deux catégories : en compétition officielle ou en amateur.

Elle se pratique sur des « cotos » :vastes plaines à la végétation basse, comme on en trouve en grand nombre en Espagne (elle peut également avoir lieu en cynodrome).
3 En compétition officielle, les galgueros (chasseurs avec Galgos) sont fédérés en clubs et des championnats sont organisés. Les plus prestigieux sont même retransmis à la télévision sur des chaînes locales.

Les règles sont très strictes.

Sur le terrain, le« traillero » tient deux Galgos grâce à une sorte de double laisse dont le mécanisme permet de lâcher simultanément les deux lévriers.

Les nombreux juges, en général à cheval, s’alignent en rang derrière le traillero pour former la « mano » et avancent méthodiquement pour débusquer et lever le lièvre.

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Les deux Galgos sont alors lâchés et doivent courser le gibier en respectant un certain nombre de règles. Certaines sont pénalisantes voire disqualifiantes si elles ne sont pas respectées. Par exemple : le Galgo doit suivre la trajectoire du lièvre. S’il prend un raccourci pour arriver directement sur le gibier, on dit que le Galgo chasse « salement ».

La manche dure de quelques secondes (minimum 55 pour être validée) à quelques minutes et finit lorsque le lièvre est attrapé ou s’il réussit à s’enfuir.

Le juge principal, pour rendre son verdict, prend en compte un grand nombre de critères comme le démarrage du Galgo, la trajectoire empruntée, s’il a attrapé la proie, etc. Le vainqueur est alors sélectionné pour la manche suivante, et ainsi de suite.

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Il existe d’ailleurs également le même genre de course pour les Podencos, même en compétition officielle. Elle se déroule sur des terrains plus accidentés, plus adaptés à ces lévriers primitifs, avec des règles différentes.

Mais la majorité des galgueros sont des amateurs et ces parties de chasse ont souvent lieu dans des régions rurales reculées d’Espagne, où le temps semble s’être arrêté. Ici, les animaux sont mal considérés et les lévriers ne sont souvent que des outils.

De plus, ces chasseurs ont introduit la notion de pari : le propriétaire du Galgo vainqueur rafle la mise et une véritable économie parallèle se crée avec les dévires que provoque un tel enjeu.

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Pour les Galgos, ces courses sont très physiques, ils sont donc entraînés comme des athlètes. Une des méthodes pratiquées pour ces entraînements est d’attacher les lévriers derrière des quads et rouler sur plusieurs kilomètres, ce qui est très éprouvant physiquement. Il n’est pas rare de retrouver des Galgos morts, traînés sur la route. Les plus faibles ne seront de toutes façons pas assez performants à la chasse.

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9Pour ces athlètes, la fin de carrière arrive donc très tôt, souvent vers l’âge de trois ans. Ils sont alors donnés, abandonnés dans la nature (pour se retrouver écrasés par des voitures ou en perrera, fourrière espagnole où les chiens sont euthanasiés au bout d’un délai de 14 jours) ou tout simplement tués. Le mois de février est particulièrement redouté : il sonne la fin de la saison de chasse et des milliers de lévriers, trop vieux, blessés ou pas assez performants deviennent inutiles pour leur galguero.

10Une coutume particulièrement barbare et pratiquée dans les régions les plus dures d’Espagne veut que l’honneur bafoué du galguero doit être lavé avec le sang et la souffrance du Galgo perdant. Ainsi les lévriers sont jetés au fond des puis, brûlés à l’acide, mutilés, pendus. La méthode de pendaison dite « du pianiste » impose que les pattes arrières du lévrier touchent le sol pour que son agonie soit plus longue.

Ces actes de cruauté sont punis par la loi espagnole mais malheureusement l’impunité règne et rares sont les bourreaux condamnés. Certaines fédérations de galgueros, conscientes de la mauvaise image véhiculée par cette barbarie, tentent de sensibiliser les chasseurs par des campagnes de publicité.

11Campagne de sensibilisation de la FAG
12 La grande peur du galguero est qu’on lui dérobe ses lévriers. En effet, les vols sont très nombreux et une sorte de mafia s’organise pour subtiliser ces Galgos soit pour les utiliser, soit pour les revendre, vu qu’un bon Galgo peut rapporter beaucoup d’argent. Ceux qui ne font pas l’affaire sont généralement tués.

Pour éviter ces vols, les galgueros font vivre leurs lévriers dans des sous-sols ou des baraquements aux allures de bunkers. Les Galgos naissent, grandissent et vivent dans des conditions épouvantables et ne sortent que pour les entraînements et les parties de chasse.

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Un autre aspect du problème des Galgos et Podencos vient du fait que les espagnols ont une mauvaise image de ces lévriers. Là-bas, ce sont les chiens des chasseurs, des gitans et bien que depuis quelques années les espagnols commencent à les adopter, ils ne sont pas considérés comme des chiens de salon, pour vivre en famille, dans une maison.

Les lévriers qui se retrouvent donc en refuges ou perreras ont peu de chance d’être bien adoptés dans leur pays et doivent compter sur les associations étrangères pour les sortir du réseau de la chasse et de la maltraitance.

Outre l’interdiction de ce type de chasse que l’on peut bien évidemment souhaiter mais qui est loin d’aboutir pour le moment, on peut espérer la mise en place de certaines mesures pour lutter contre ce cercle vicieux :

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  • Contrôler l’élevage et limiter les naissances. Parce qu’un bon Galgo vaut son pesant d’or, les gualgueros font naître un nombre incroyable de lévriers afin de sélectionner les meilleurs. Il s’agit bien sur d’élevages sauvages en aucun cas réglementés.
  • Faire appliquer les lois existantes contre les actes de cruauté et punir sévèrement les coupables. Il est donc important de médiatiser les nombreux faits divers impliquant des galgueros ou trafiquants de lévriers.
  • Et bien sûr, sensibiliser les espagnols à cette maltraitance, notamment les plus jeunes. De nombreuses associations ibériques font d’ailleurs un travail remarquable et de longue haleine pour changer les mentalités.
Perrine / Action Invisible

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Que sont devenus les Podencos de la Rehala de Cordoba?

Certains d’entre vous se souviennent peut-être de la sordide affaire des Podencos de la Finca Agularejo. Pour les autres, un rappel des faits s’impose.

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En mars 2014, des images bouleversantes nous parviennent d’une rehala de la région de Cordoba : celles de quatorze Podencos réduits à l’état de squelette, ni morts ni vivants, abandonnés à leur triste sort par leur propriétaire, un jeune rehalero qui déclarera avoir sciemment cessé de s’occuper d’eux pour une histoire de pare-choc abîmé par l’un de ses chiens.

Lorsque les sauveteurs arrivent sur les lieux, deux Podencos sont déjà morts. Les douze autres sont à l’agonie, dans un état qui dépasse l’entendement. Les photos et les vidéos, choquantes, traversent les frontières de l’espagne et enflamment les réseaux sociaux.

Vidéos de la découverte de la rehala :

https://www.facebook.com/matias.elgalgopeludo/videos/vb.100003472713318/469535453172208/?type=3

https://www.facebook.com/matias.elgalgopeludo/videos/vb.100003472713318/469494149843005/?type=3

https://www.facebook.com/matias.elgalgopeludo/videos/vb.100003472713318/469492619843158/?type=3

https://www.facebook.com/matias.elgalgopeludo/videos/vb.100003472713318/469489866510100/?type=3

https://www.facebook.com/matias.elgalgopeludo/videos/vb.100003472713318/469536076505479/?type=3

Mais dans le monde d’internet, on passe vite à autre chose…

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Un peu plus d’un an après, que sontdevenus les survivants ?

Vida aura été le plus médiatisé. Cette image de lui porté par son bourreau a ému des milliers de gens. Nous avons suivi son combat pour la vie sur les blogs et les réseaux sociaux. Et puis il est tombé dans l’oubli.

Vida n’aura été adopté que le mois dernier, plus d’un an après avoir été sauvé.

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Isis et Balto, comme la majorité des autres survivants, attendent toujours. Ils ont certes été moins médiatisés que Vida, pourtant ils étaient bien là, eux aussi ont vécu cet enfer et lutté pour survivre.

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Comment en est-on arrivé là? Comment sont-ils passés de ce puissant coup de projecteur qu’est internet, à l’oubli total ?

Je ne peux m’empêcher de croire que s’il s’était agit de Galgos, ils auraient été rapidement adoptés.

Où se situe la définition du mot « sauvetage » et dans quelle démarche s’inscrit-on lorsqu’on ne veut adopter que « les plus beaux » et qu’on laisse de côté les « abîmés », comme ces Podencos Campaneros (race de Pods peu recherchée par les adoptants), à qui ont a de surcroît tranché les oreilles ?

A méditer…

Isis a été adoptée depuis.

Contact adoption Isis et Balto: galgosetgalgas@yahoo.fr

Perrine // Action Invisible


12/10/15:

Plus d’un an après les faits, Antonio Ferrer MERCHAN, l’homme qui avait laissé volontairement à l’abandon ses 14 Podencos dans sa Rehala de Cordoba, a été jugé coupable et condamné à 9 mois de prison. Il devra également rembourser tous les frais engagés par les associations pour les soins et la mise en pension des 12 survivants.