« Espagne: une protectrice des animaux en aurait tué 2.000 » // Courrier International // 22.11.16

  • Lien article original: http://www.courrierinternational.com/depeche/espagne-une-protectrice-des-animaux-en-aurait-tue-2000.afp.com.20161122.doc.ib9qd.xml

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// La présidente d’une association de protection des animaux dans le sud de l’Espagne risque quatre ans de prison, accusée d’avoir exterminé avec un complice plus de 2.000 chiens et chats, a-t-on appris mardi de source judiciaire.

La prévenue, jugée à Malaga depuis la mi-novembre, présidait une association à but non lucratif pour la défense des animaux abandonnés ou donnés en vue d’une adoption, à Torremolinos, dans la province de Malaga en Andalousie (sud).

Ce refuge se doublait d’un centre de toilettage, d’une résidence et d’une clinique privée pour animaux, alors que la dirigeante ne possédait aucun diplôme de vétérinaire, selon l’accusation.

Au terme des investigations, le procureur a conclu que la dirigeante et un employé chargé de la maintenance avaient « sacrifié et donné à incinérer, entre janvier 2009 et octobre 2010, le nombre estimé de 2.183 animaux ».

Selon l’accusation, ils leur injectaient une substance mortelle à une dose inférieure à celle recommandée, « dans le seul but de faire des économies », et sans les avoir endormis au préalable.

Les bêtes étaient soumises à « une lente et douloureuse agonie », selon le procureur.

« Pour mener à bien ces exterminations massives et programmées (…) les caméras de sécurité du centre étaient déconnectées et de la musique diffusée à fort volume » afin de couvrir les « hurlements », selon les conclusions du parquet.

En une semaine de l’été 2010, ils auraient ainsi fait disparaître « plus de 50 chats et 20 chiens ».

Le procureur a estimé qu’il s’agissait de « réduire les coûts » et de privilégier les activités privées lucratives.

Dans une vidéo diffusée par le journal El Mundo, on entend la prévenue nier devant le tribunal: « J’ai la phobie des injections, je dois regarder ailleurs parce que je ne peux pas regarder comment s’enfonce l’aiguille ».

Quatre ans d’emprisonnement sont requis à son encontre pour maltraitance animale, exercice illégal de la profession de vétérinaire et falsification de documents.

La dernière audience du procès est prévue le 9 décembre, selon le Tribunal supérieur de justice d’Andalousie.

Le Collectif andalou contre la maltraitance animale et l’Association pour le bien-être des animaux – Le refuge, sont parties civiles. //

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L’horreur est quotidienne à Puertollano

Alors que ce refuge de plus de 300 chiens est plein à craquer, notre refuge-partenaire doit faire face à de nombreux et récurrents actes de cruauté.

Dernièrement, c’est un chiot de quatre mois nommé PITI qui a été découvert par une famille; il vivait dans le canapé jeté aux ordures que vous voyez sur la photo. En entendant la voix des gens, PITI est sorti de sa cachette, cherchant désespérément de l’aide. Ils ont découvert alors un petit chien sans défense, seul au monde, sa peau plein de croûtes, de blessures et de pellicules, atteint d’une démodécie sévère. Le refuge l’a bien sûr pris en charge et cherche actuellement une famille d’accueil pour lui éviter, à son âge, d’aller au refuge.

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Hier, alertés par un habitant de la ville, les bénévoles ont secouru une chienne nommée DANKA, qui avait été jetée dans un ancien réservoir d’eau, à 6 mètres de profondeur. Le promeneur a entendu les pleurs de l’animal, et les bénévoles ont découvert au fond du trou rempli d’ordures une jeune chienne d’une extrême maigreur, avec une peur terrible. Sans leur intervention, elle était vouée à une mort certaine, prise au piège de ce trou mortel.

Voici un petit aperçu du quotidien des bénévoles du refuge de Puertollano, une ville particulièrement cruelle envers les animaux. Comment font-ils pour tenir le coup? Que pouvons-nous faire pour les aider, nous qui sommes si loin?

Ce refuge a besoin de nous.

Vous pouvez les parrainer:

  • en nous adressant un don que nous leur transmettrons: perrinemallet46@gmail.com
  • en leur faisant un don directement: vous trouverez leurs coordonnées bancaires et lien Paypal sur leur site internet http://www.huellaspuertollano.es/
  • en soutenant leur groupe Teaming qui consiste à donner un euro par mois: https://www.teaming.net/huellaspuertollano

Merci pour eux.

 

 

 

 

« L’industrie des Greyhounds en Australie tue une quantité folle de chiens »// Vice // par Mike Hay // avril 2015

  • Article traduit de l’anglais: http://www.vice.com/read/the-australian-greyhound-industry-kills-an-insane-amount-of-dogs-015

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// La semaine dernière, un habitant de la ville australienne de Bundaberg, Queensland, a découvert les cadavres en décomposition de 55 greyhounds juste à l’extérieur de la ville. La Police qui a enquêté sur les lieux a déterminé que les chiens ont été vraisemblablement tués par balles (à en juger les 22 cartouches trouvés sur le site) et jetés ainsi par des individus impliqués dans l’énorme industrie des courses de lévriers du pays, pour s’en débarrasser.

« Il semble qu’il s’agisse d’une décharge connue de tous, » a affirmé le Détective Super-intendant Mark Ainsworth à la Compagnie Audiovisuelle Australienne. « Il pourrait s’agir d’une personne qui connait cette zone éloignée et qui sait que c’est un endroit avisé pour se débarrasser des greyhounds qui ne sont plus performants (des chiens qui ne courent plus assez vite pour les courses). »

En fin de semaine, la police a arrêté deux suspects inculpés pour détention illégale d’arme à feu et obstructions à la police, en relation avec la découverte du charnier. Ils ont aussi appliqué une politique de tolérance zéro en abattant des animaux de manière illégale et jetant leurs corps en tas à l’extérieur de la ville.

« Les personnes qui ont perpétré ce crime », a dit le Ministre de la Police de Queensland Jo-Ann Miller à CNN, « pour moi ce sont des voleurs d’oxygène. Ce sont des lâches, ils sont pathétiques. »

Les officiels de l’industrie de la course ont dénoncé cette découverte et nié toute connaissance de ces tueries. Mais cela est trop léger pour contenir les réactions négatives envers les courses de lévriers, alors que cette découverte et un certain nombre de récents rapports en Australie ont focalisé à nouveau l’attention nationale et internationale sur la brutalité et les abattages de masse de cette industrie.

Seulement huit pays autorisent encore légalement les courses de lévriers: l’Australie, la Chine (à Macau), l’Irlande, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni, les USA et le Vietnam. A plusieurs endroits, comme en Amérique, ce sport est sur le déclin en raison du désintêret du public et des préoccupations sur les droits des animaux. (Depuis 2001, 28 des 49 cynodromes en Amérique ont fermé. Le sport n’est plus pratiqué qu’en Alabama, Arizona, Arkansas, Florida, Iowa, Texas, et en Virginie de l’Ouest.)

L’industrie australienne des courses de lévriers, toutefois, est une des plus grosses et plus prospères du monde. Le sport emploie quelques 10.000 personnes, comprend jusqu’à 50.000 participants nationaux, génère 770 millions de dollars de revenus imposables, et en découlent plus de 3 milliards de dollars en paris chaque année.

Pour produire des chiens toujours plus rapides, l’industrie, et c’est un euphémisme, produit un énorme « gaspillage » – elle tue énormément de chiens indésirables. Chaque année, 20.000 chiots naissent dans le pays, et 18.000 chiens sont tués. Environ 8.000 sont tués chaque année parce qu’ils ne sont pas assez rapides ou pas assez en bonne santé pour assurer sur les pistes de course, et 10.000 sont tués en guise de départ à la retraite lorsqu’ils deviennent trop usés pour concourir. En plus de ces abattages, cinq chiens meurent sur les pistes chaque semaine à cause de traumatismes physiques intenses, comme des crises cardiaques dues à l’épuisement, et 200 sont blessés chaque semaine, beaucoup d’entre eux sont tués si l’on considère qu’il n’est pas rentable financièrement de les soigner. Des groupes d’adoption ont essayé d’encourager plus d’entraîneurs à leur remettre les chiens non désirés pour en faire des animaux de compagnie, mais même la plus grande association a la capacité de récupérer environ 1.000 chiens par an grâce à la coopération des entraîneurs, des bénévoles et des adoptants. Au final, moins de 10% des chiens iront au bout de leur 12 années d’espérance de vie.

Même si on peut replacer le massacre de Bundaberg dans un contexte plus large, il n’en demeure pas moins que la manière employée et le nombre inédit de victimes ont provoqué un choc sans précédent parmi les personnes qui étudient et critiquent l’industrie des courses de lévriers.

« Malheureusement, nous sommes amenés à trouver toutes sortes d’animaux jetés de la sorte dans les régions rurales, » a déclaré Daniel Young, inspecteur en chef de l’antenne de Queensland de la Société Royale de Prévention contre la Cruauté envers les Animaux à 3AW693, « mais probablement pas à un tel degré. »

Coïncidence accablante, la découverte de Dundaberg arrive juste quelques semaines après le rapport d’une enquête nationale révélant la généralisation de l’utilisation d’une pratique illégale: le « live baiting » (des opossums, cochons et lapins vivant sont utilisés comme leurres et poursuivis puis mis en pièces par les lévriers). Bien que des jurés ont déterminé le mois dernier que les officiels des courses n’avaient pas connaissance de ces pratiques d’entrainement, beaucoup ont été choqués que de tels cas flagrants de violations de la loi et de cruauté animale ont pu passer inaperçus. Par conséquent, le président du Greyhound Racing Vistoria et le comité entier des Courses de Lévriers du New South Wales s’est résigné.

Le scandale des leurres vivants n’était que le plus récent du flot continuel de scandales dans l’industrie des courses de lévriers à travers le monde. En 2013, une enquête à révélé que 70 chiens sur un même circuit étaient testés positifs aux produits dopant, incluant des amphétamines, de la caféine, de la cocaïne et de l’EPO (le truc que prenait Lance Armstrong). De nombreux autres rapports et enquêtes ont révélés les pauvres conditions de vie et les maltraitances chroniques dont sont victimes les chiens en dehors des courses également.

Des scandales similaires apparaissent régulièrement dans la plupart des pays où sont pratiquées ces courses. En 2002, les autorités ont trouvé 3.000 cadavres de greyhounds sur la propriété d’un homme d’Alabama. Il a tué ces animaux avec un calibre 22 sur un laps de temps de 40 ans. Puis, l’an dernier, un rapport publié par Grey2K USA et la Société Américaine pour la Prévention de la Cruauté envers les Animaux révélait les milliers de blessures, les centaines de morts, et les conditions de vie effroyables des 80.000 chiens actifs sur les cynodromes américains entre 2008 et 2014. Sur la même période, 27 cas majeurs de maltraitance et de négligence (incluant 16 instances pour usage de cocaïne) ont été enregistrés dans les sept Etats autorisant les courses de lévriers.

En Amérique, ces mauvaises conditions ont conduit au déclin de l’industrie et à des répercussions légales sur les maltraitants. Mais beaucoup soutiennent qu’en Australie, l’organe de surveillance en charge du contrôle de ce sport, Greyhounds Australasia (également en charge de l’industrie néo-zélandaise) est tout simplement inefficace. D’autres, dans l’industrie, vont plus loin, l’accusant de corruption, favorisant les joueurs riches, faisant passer des interdictions et des décisions incohérentes et inefficaces – et ainsi encourageant le dopage, l’abus et la maltraitance. (Greyhounds Australasia n’a pas répondu à notre demande de commentaire.)

Là où Greyhounds Australasia a échoué, des représentants chargés de faire respecter la loi sont intervenus récemment. La police a lancé sa propre enquête après le rapport de février sur les leurres vivant, menant des raids, suspendant des entraîneurs et inculpant 31 individus pour des délits relatifs aux droits des animaux dans trois Etats.

« Ce n’est que la partie émergée de l’iceberg », a dit Ainsworth sur CNN. « Ce n’est plus qu’une question de temps avant qu’on ait tapé à la porte de tout le monde. »

Mais cette répression ne sera pas d’une grande utilité pour résoudre le problème de fond d’une industrie qui incite fondamentalement aux mauvais traitements et aux sacrifice des chiens.

Quelques initiés pensent que l’industrie peut se réformer elle-même. En éradiquant la minorité d’entraîneurs pourris et en créant un comité de surveillance effectif avec une réglementation plus forte et plus de pouvoirs exécutifs, et des exigences plus rigoureuses pour obtenir une licence d’entraîneur, disent-ils, l’industrie peut devenir plus professionnelle, plus propre, et dramatiquement moins cruelle pour les chiens.

Mais beaucoup semblent penser que ce sport est plus qu’en sursis, avec des campagnes nationales pour interdire les courses de lévriers, l’envoi de pétitions aux Membres locaux du Parlement, le retrait des sponsors devant cette dernière série de scandales, et le fait que tout cela prend sérieusement de l’ampleur dans les médias.

« Je me demande parfois si ce genre de sport en vaut la peine », songeait Young sur 3AW693 récemment, faisant écho à la question devenue fréquente et pressante dans la sphère publique australienne.

« Je sais que cette industrie emploie des gens et que beaucoup de monde aime y aller, mais je me demande si les courses de lévriers en valent la peine. En est-on arrivé au point où vous dites: ‘Non, on vous a déjà donné plusieurs fois vos chances, maintenant c’est fini.’? » //

« En Espagne, les chiens de chasse traditionnelle sont laissés pour mort en masse » // National Geographic // Natasha Daly // 26 Oct 2016

  • Article traduit de l’anglais : http://news.nationalgeographic.com/2016/10/spanish-galgo-hunting-dog-killing-welfare/?utm_source=Facebook&utm_medium=Social&utm_content=link_fb20161026news-spanishdogs&utm_campaign=Content&sf39956037=1
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Rebecca Allen pose avec ses Galgos rescapés d’Espagne, Luke (à droite) et Sirius, à Alexandria, Etat de Vrginie

 
PHOTOGRAPHIES par REBECCA HALE, NATIONAL GEOGRAPHIC

 

// Luke et Sirius, deux lévriers espagnols, ou Galgos, gambadent dans leur jardin d’Alexandria, Etat de Virginie, un matin brumeux d’octobre. Obtenir que ces chiens espiègle restent immobiles a été assez difficile pour la photographe de National Geographic, mais quand un écureuil court en haut d’un arbre – impossible. Luke dresse les oreilles et il débranche.

Les chiens ont parcouru un long chemin depuis Murcia, Espagne, où ils avaient été abandonnés. De bons Samaritains ont trouvé Luke et 10 autres chiots nouveaux-nés dans la rue avec leur mère en Juillet 2013. Deux mois plus tard Sirius a été trouvé sur une route en dehors de Murcia étendu à côté du cadavre d’un autre Galgo qui avait été tué par balle. Sirius, âgé peut-être d’un an, un an et demi, était resté fidèlement auprès de son compagnon mort.

Les Galgos sont une race ancienne de chiens de chasse élevés autrefois uniquement par les nobles espagnols. Aujourd’hui ils doivent faire partie des chiens les plus maltraités de la planète. Des dizaines de milliers sont tués en Espagne chaque année, souvent de façon horrible. D’innombrables sont abandonnés.

Ils sont d’apparence similaire aux greyhounds, avec un corps plus petit et moins charpenté, et un pelage soit lisse soit hirsute. Les gens qui travaillent avec les Galgos disent qu’ils ont tendance à être loyaux, gentils et tendres.

« Ce sont de super chiens », dit Abigail Christman, fondatrice du Galgo Rescue International Network (GRIN), basé au Colorado. « Ce sont des lévriers avec un sens de l’humour. Ils sont un peu plus ardents, un peu plus insolents. »

Les galgueros, les personnes qui possèdent et élèvent les chiens, les utilisent pour la chasse au lièvre ou au leurre. Dans la chasse au lièvre – un sport controversé – les chiens courent à travers la campagne ou sur une piste dans un enclos pour attraper le lièvre s’enfuyant. Dans la course au leurre, le lièvre est remplacé par un leurre mécanique. Les galgueros organisent des compétitions chaque année de septembre à février. Lors du concours le plus prestigieux, qui se tient dans différentes villes d’Espagne chaque mois de janvier, le galgo vainqueur ramène à la maison la Coupe de sa Majesté le Roi, la Copa del Rey, tacitement sponsorisée par le roi d’Espagne lui-même, Felipe VI.

Les Galgos sont reproduits en masse dans l’espoir de trouver le courseur parfait. Selon Tina Solera, fondatrice de l’association basée à Murcia ‘Galgos Del Sol’ qui a recueilli Luke et Sirius, les chiens sont souvent maintenus, à travers le pays, dans l’horrible conditions: enchaînés en plein air ou dans des petits bunkers de béton, et juste assez nourris pour rester vivants – et suffisamment affamés pour la compétition. « Il y a des galgueros qui ont 70, 120 Galgos, qui survivent en mangeant des chips et du pain, et qui se dévorent entre eux quand l’un meurt », dit-elle.

Pour entraîner les Galgos à leur vitesse maximum, « ils les sortent souvent par 12 ou 15, les attachent derrière une moto ou une voiture, et roulent », dit Christman. « Si l’un d’eux tombe ou se blesse, dommage pour lui. »

Solera n’avait jamais entendu parler des Galgos avant de déménager du Royaume-Uni à Murcia en 2007 avec sa jeune famille. Une fois arrivée, elle a été choquée par le nombre élevé de chiens abandonnés dans les rues et s’est sentie obligée d’agir. Galgos Del Sol a sauvé plus d’un millier de chiens depuis 2011.

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Mort de manière horrible

Après une ou deux saison de chasse, les Galgos qui ne sont plus à la hauteur sont tués – 100.000 chaque année selon Christman.

Il est très difficile de savoir combien sont tués car nous ne savons pas combien naissent », dit Solera. C’est la reproduction effrénée, incontrôlée – les chiens sont rarement stérilisés ou castrés – qui mène à ce chiffre élevé de Galgos jetés, de même que le fait que les chiens sont utilisés pour si peu de temps. Parce qu’il y a une accalmie de sept mois entre deux saisons de chasse, les propriétaires « ne veulent pas se donner trop de peine pour eux », explique Solera.

Les Galgos sont jetés dans des puits, noyés dans des rivières, brûlés à mort, aspergés d’acide. Certains sont abandonnés dans la forêt, les pattes cassées intentionnellement pour qu’ils ne puissent pas rentrer chez eux. « L’année dernière nous en avons trouvé un, qui avait été frappé à l’arrière du crâne avec un petit marteau », se rappelle Marylou Hecht, directrice des deux branches américaines de Galgos del Sol et de Galgo Podenco Support, une organisation basée aux USA qui se concentre sur les adoptions américaines de Galgos et de Podenco (les Podencos sont une race de chiens de chasse exposée au même abandon de masse en Espagne).

Et puis il y a les pendaisons. Les chiens qui ont eu de bons résultats lors des concours mais qui ne sont pas au top de leur forme sont pendus haut et court à un arbre – une mort relativement rapide. Ceux qui ont embarrassé leurs galgueros en courant mal peuvent aussi être pendus, mais près du sol de sorte que les pattes le touche à peine. Leur piétinement désespéré jusqu’à se qu’ils s’étouffent lentement est appelé « jouer du piano » explique Christman.

 

Alistair Findlay de la World Animal Protection, une organisation de protection animale basée au Royaume-Uni, a conduit une enquête de plusieurs mois sur les pendaisons de galgos dans la province centrale de Castilla-y-Leon en 2003. « C’est un peu comme dans une réunion de famille, » dit Findlay à propos des lieux de pendaison. « Le propriétaire du galgo apporte de la nourriture et des boissons, et tu retrouves les cartons et les bouteilles de vin vides près des corps ».

La Federación Española de Galgos, la principale fédération nationale de galgueros, n’a pas répondu à nos demandes de commentaires.

Pilar Perez Martinez est vétérinaire à Murcia, elle travaille régulièrement avec les chiens sauvés par Galgos Del Sol. C’est aussi une galguera. Elle dit que beaucoup de galgueros aiment leur chiens et ne leur feraient jamais de mal. Elle exprime sa frustration devant la stigmatisation des galgueros: « Je me sens attaquée, dans plusieurs situations – par exemple, quand je me promène avec mes galgos, et que quelqu’un vient me critiquer sans me connaitre ni connaitre mes animaux. Je pense que les chasseurs devraient être considérés de manière différentes des maltraitants », dit-elle.

 

‘La clé, c’est la prochaine génération’

Le problème des galgos s’est quelque peu amélioré ces dernières années. D’une part, Findlay dit qu’il y a moins de pendaisons que lorsqu’il a conduit son enquête en 2003. De nouvelles lois nationales contre la cruauté animale sont entrées en vigueur en 2004, 2007 et 2010 et un certain nombre de provinces et de localités ont fait passer des lois similaires ces dernières années.

Pourtant, malgré des poursuites judiciaires très médiatisées contre une poignée de galgueros qui avaient jeté leurs chiens dans des puits, les auteurs de la grande majorité des tueries et des abandons de galgos ne sont jamais punis car il est difficile de les prendre la main dans le sac. « Il n’y pas rien de vraiment acté sur ce qu’il se passe », dit Solera. Beaucoup de chiens ne sont pas pucés et s’ils le sont, les galgueros arrachent souvent la puce avant de se débarrasser de leurs chiens. Et les sauveteurs ne signalent parfois pas ces crimes à la police par peur de représailles. « C’est un équilibre très difficile », dit Solera. « C’est une industrie horrible ».

Les pratiques se répètent au fil des générations en Espagne: les hommes ne font que reproduire les gestes de leur père, qui les tenait lui-même de son propre père. // Abigail Christman – Galgo Rescue International Network

Les initiatives locales apportent aussi une aide précieuse.

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Pour voyager aux USA, Luke et Sirius avaient leur passeport identifié à leur nom d’origine., Bobby et Rubens. Quelques 150 Galgos sont adoptés chaque année par des américains, beaucoup plus dans les pays européens.

 

Fermin Perez, professeur de sciences qui dirige Scooby Medina, le plus grand refuge d’Espagne, a attiré l’attention internationale sur la situation critique des chiens. Et Galgos Del Sol est seulement l’un des nombreux groupes de protection animale qui ont vu le jour brusquement ces dernières années et qui se focalisent sur le sauvetage de Galgos. Parmi eux, la Fondation Benjamin Mehnert, basée à Séville, et 112 Carolta Galgos, à Malaga.

Le sauvetage des Galgos seul n’est pas une solution à long terme, dit Solera. Son plus grand espoir réside dans l’éducation publique. C’est un challenge, selon Hecht qui explique que les chiens ne suscitent pas beaucoup d’amour en Espagne. Elle se souvient avoir marché dans un aéroport avec des galgos qu’elle amenait aux USA pour leur adoption. « Les gens se jetaient contre les murs, les pointant du doigt et s’exclamant ‘Des Galgos, des Galgos!’, comme s’il s’agissait de hyènes. Ce n’est pas le genre de chiens qu’on promène en laisse. »

Galgos Del Sol utilise les médias sociaux et les panneaux d’affichage pour promouvoir la cause des galgos, mais ils s’adressent aussi directement aux galgueros. « Comment pourrions-nous un jour passer au dessus de tout ça si nous ne savons pas ce qu’ils pensent? » dit Solera. Elle assiste aux événements des galgueros pour faire des discours encourageant le traitement humain des galgos et pour distribuer des tracts.. Elle parle avec les galgueros, les encourageant à maîtriser cette reproduction effrénée.

 

« Les pratiques se répètent au fil des générations en Espagne: les hommes ne font que reproduire les gestes de leur père, qui les tenait lui-même de son propre père », dit Christman de GRIN. « La clé, c’est la génération suivante », déclare Solera.

Galgos Del Sol travaille beaucoup avec les enfants de Murcia, par exemple elle sponsorise une équipe de course à vélo, the Galgos Warrior, les équipant d’uniformes et amenant des galgos à chaque rencontre. L’organisation et d’autres groupes présentent des galgos dans les salles de classe, apprenant aux élèves comment prendre soin des chiens. Selon Solera, pour que les élèves deviennent d’efficaces agents du changement, le bien-être animal doit être au programme scolaire national. C’est un challenge dans un pays qui émerge doucement d’une récession économique paralysante. « Les gens n’ont pas de travail, les gens ont beaucoup de difficultés, ce n’est pas du tout la priorité. Mais cela ne veut pas dire qu’on ne doit pas essayer. »

L’attitude envers les Galgos est déjà en train de changer à Barcelone et à Madrid, où les chiens sont des animaux de compagnie populaires chez les jeunes. Mais Solera pense que c’est en grande partie dans les régions rurales comme Murcia, où les attitudes sont profondément ancrées, que le changement est le plus significatif. « Avant je ne pouvais pas sortir de la maison sans trouver des Galgos dans la rue – ça n’arrive plus vraiment aujourd’hui », dit-elle, ajoutant toutefois que les progrès sont lents, mais que c’est une avancée. « Notre but serait d’arrêter nos activités. » //