Le Galgo est un des chiens de chasse les plus populaires en Espagne. Il est utilisé pour une chasse au lièvre très particulière puisqu’elle se pratique sans fusil, appelée « Carrera en campo » et interdite dans la plupart des pays européens.
Au départ, il s’agissait d’une chasse à proprement parler, c’est à dire que le but était le prélèvement de gibier. Mais peu à peu, l’intérêt de cette discipline est plutôt devenu le spectacle de cette course en lui-même. L’origine de cette discipline remonte à des temps très anciens, sûrement à l’Antiquité mais s’est démocratisée à partir des années 80 en Espagne. Très populaire, la carrera en campo déclenche l’engouement et la ferveur du public espagnol pour ce loisir.
Cette sorte de chasse ou course se divise en deux catégories : en compétition officielle ou en amateur.
Elle se pratique sur des « cotos » :vastes plaines à la végétation basse, comme on en trouve en grand nombre en Espagne (elle peut également avoir lieu en cynodrome).
En compétition officielle, les galgueros (chasseurs avec Galgos) sont fédérés en clubs et des championnats sont organisés. Les plus prestigieux sont même retransmis à la télévision sur des chaînes locales.
Les règles sont très strictes.
Sur le terrain, le« traillero » tient deux Galgos grâce à une sorte de double laisse dont le mécanisme permet de lâcher simultanément les deux lévriers.
Les nombreux juges, en général à cheval, s’alignent en rang derrière le traillero pour former la « mano » et avancent méthodiquement pour débusquer et lever le lièvre.
Les deux Galgos sont alors lâchés et doivent courser le gibier en respectant un certain nombre de règles. Certaines sont pénalisantes voire disqualifiantes si elles ne sont pas respectées. Par exemple : le Galgo doit suivre la trajectoire du lièvre. S’il prend un raccourci pour arriver directement sur le gibier, on dit que le Galgo chasse « salement ».
La manche dure de quelques secondes (minimum 55 pour être validée) à quelques minutes et finit lorsque le lièvre est attrapé ou s’il réussit à s’enfuir.
Le juge principal, pour rendre son verdict, prend en compte un grand nombre de critères comme le démarrage du Galgo, la trajectoire empruntée, s’il a attrapé la proie, etc. Le vainqueur est alors sélectionné pour la manche suivante, et ainsi de suite.
Il existe d’ailleurs également le même genre de course pour les Podencos, même en compétition officielle. Elle se déroule sur des terrains plus accidentés, plus adaptés à ces lévriers primitifs, avec des règles différentes.
Mais la majorité des galgueros sont des amateurs et ces parties de chasse ont souvent lieu dans des régions rurales reculées d’Espagne, où le temps semble s’être arrêté. Ici, les animaux sont mal considérés et les lévriers ne sont souvent que des outils.
De plus, ces chasseurs ont introduit la notion de pari : le propriétaire du Galgo vainqueur rafle la mise et une véritable économie parallèle se crée avec les dévires que provoque un tel enjeu.
Pour les Galgos, ces courses sont très physiques, ils sont donc entraînés comme des athlètes. Une des méthodes pratiquées pour ces entraînements est d’attacher les lévriers derrière des quads et rouler sur plusieurs kilomètres, ce qui est très éprouvant physiquement. Il n’est pas rare de retrouver des Galgos morts, traînés sur la route. Les plus faibles ne seront de toutes façons pas assez performants à la chasse.
Pour ces athlètes, la fin de carrière arrive donc très tôt, souvent vers l’âge de trois ans. Ils sont alors donnés, abandonnés dans la nature (pour se retrouver écrasés par des voitures ou en perrera, fourrière espagnole où les chiens sont euthanasiés au bout d’un délai de 14 jours) ou tout simplement tués. Le mois de février est particulièrement redouté : il sonne la fin de la saison de chasse et des milliers de lévriers, trop vieux, blessés ou pas assez performants deviennent inutiles pour leur galguero.
Une coutume particulièrement barbare et pratiquée dans les régions les plus dures d’Espagne veut que l’honneur bafoué du galguero doit être lavé avec le sang et la souffrance du Galgo perdant. Ainsi les lévriers sont jetés au fond des puis, brûlés à l’acide, mutilés, pendus. La méthode de pendaison dite « du pianiste » impose que les pattes arrières du lévrier touchent le sol pour que son agonie soit plus longue.
Ces actes de cruauté sont punis par la loi espagnole mais malheureusement l’impunité règne et rares sont les bourreaux condamnés. Certaines fédérations de galgueros, conscientes de la mauvaise image véhiculée par cette barbarie, tentent de sensibiliser les chasseurs par des campagnes de publicité.
Campagne de sensibilisation de la FAG
La grande peur du galguero est qu’on lui dérobe ses lévriers. En effet, les vols sont très nombreux et une sorte de mafia s’organise pour subtiliser ces Galgos soit pour les utiliser, soit pour les revendre, vu qu’un bon Galgo peut rapporter beaucoup d’argent. Ceux qui ne font pas l’affaire sont généralement tués.
Pour éviter ces vols, les galgueros font vivre leurs lévriers dans des sous-sols ou des baraquements aux allures de bunkers. Les Galgos naissent, grandissent et vivent dans des conditions épouvantables et ne sortent que pour les entraînements et les parties de chasse.
Un autre aspect du problème des Galgos et Podencos vient du fait que les espagnols ont une mauvaise image de ces lévriers. Là-bas, ce sont les chiens des chasseurs, des gitans et bien que depuis quelques années les espagnols commencent à les adopter, ils ne sont pas considérés comme des chiens de salon, pour vivre en famille, dans une maison.
Les lévriers qui se retrouvent donc en refuges ou perreras ont peu de chance d’être bien adoptés dans leur pays et doivent compter sur les associations étrangères pour les sortir du réseau de la chasse et de la maltraitance.
Outre l’interdiction de ce type de chasse que l’on peut bien évidemment souhaiter mais qui est loin d’aboutir pour le moment, on peut espérer la mise en place de certaines mesures pour lutter contre ce cercle vicieux :
- Contrôler l’élevage et limiter les naissances. Parce qu’un bon Galgo vaut son pesant d’or, les gualgueros font naître un nombre incroyable de lévriers afin de sélectionner les meilleurs. Il s’agit bien sur d’élevages sauvages en aucun cas réglementés.
- Faire appliquer les lois existantes contre les actes de cruauté et punir sévèrement les coupables. Il est donc important de médiatiser les nombreux faits divers impliquant des galgueros ou trafiquants de lévriers.
- Et bien sûr, sensibiliser les espagnols à cette maltraitance, notamment les plus jeunes. De nombreuses associations ibériques font d’ailleurs un travail remarquable et de longue haleine pour changer les mentalités.