La voiture était pleine de dons offerts par des personnes généreuses et concernées par la situation délicate et compliquée des refuges en Espagne; là où nous partions en mission depuis la Belgique.
Cette Espagne si jugée et tant critiquée par les amis des animaux, les amis des chiens .
Mais cette Espagne que j’apprends à connaître et à découvrir après chaque voyage et chaque rencontre, cette Espagne où il n’existe aucun mouvement extrémiste; où les nouvelles générations s’opposent et luttent Activement contre ces vieilles traditions dépassées et « barbares » ancrées dans les profondeurs rouges et arides qui lui font son évidente et si facile réputation.
Après une longue route où nous chantions des tubes d’un autre temps à la radio pour nous tenir éveillées, après une halte/étape aux décors féeriques et aux personnes (humaines et podencaines) tellement belles, après mil interrogations sur ce que nous allions découvrir, ceux que nous allions rencontrer, sur jusqu’où notre émo allait tenir sur l’échelle de cette souffrance et misère si injuste et dépendante de nous… SAGUNTO nous accueillait devant ses montagnes et derrière son petit air d’Ennio Morricone.
Motivées et reposées, nous rencontrions les bénévoles et Carmen, l’âme de ce beau refuge, dévouée inconditionnellement à ses protégés, intelligente, forte et combattante.
Nous leurs distribuions les dons dont ils avaient besoin, puis, appareils photos et caméras, nous étions prêtes, nous étions à leur hauteur, du moins nous allions essayer. Des centaines de photos et films défilaient en hommage à plusieurs loulous « choisis » au préalable car le temps de notre mission ne nous permettait pas de nous arrêter sur chacun d’eux.
Nous avions forcément dû élargir la liste des heureux sélectionnés…. Les rencontres humaines et canines étaient ENORMES en amour et générosité de toutes parts.
Nous aurions pu rester une semaine à Sagunto afin de s’y imprégner totalement, afin de connaître chaque loulou personnellement et de leur consacrer plus de temps, plus d’espoir.
- Plongez dans l’univers incroyable du refuge de Sagunto avec notre article consacré à ce sanctuaire des chiens: https://actioninvisible.wordpress.com/2016/04/20/sos-animales-sagunto-le-sanctuaire-des-chiens/
C’est en faisant nos premiers Adios que le travail sur « ne pas se laisser avoir par les émotions, par les regards implorants, les truffes aimantes et garder La Distance qui nous donnera la force d’avancer et d’aider au mieux les refuges » était mis à l’épreuve.
Première épreuve finie, les dons étaient déchargés, les caméras embarquées, effondrement total. Carmen nous souriait, nous sanglotions.
La radio en sourdine, l’intense journée était contenue dans la voiture ou nous débriffions nos impressions.
Les yeux rouges, nous partions pour Ciudad Real.
Il était tard, nous étions attendues pour loger chez Domi, une bénévole qui place des loulous en urgence, en difficulté ou en attente d’adoption dans une pension.
AGUS, très attendu par on sait qui 😉 arrivera dans le beau Lot en septembre (il ne pourra mieux tomber…)
Notre état de fatigue était tel que nous pensions la saluer poliment et plonger rapidement au lit histoire de reprendre des forces. Ttttt, une « presque fête » en notre honneur nous attendait avec une générosité à l’espagnole. D’autres bénévoles Selene et Raul (artiste et comportementaliste canin), le mari, les loulous, tous étaient là aussi pour nous accueillir devant une table magnifique avec des délicieux plats végétariens qui défilaient les uns après les autres, et un dessert des plus touchant: des pralines préparées pendant des heures, la nuit précédant notre venue par l’adorable comportementaliste……..
Petit black out jusqu’au lendemain, 7h du mat, prêtes pour le second refuge, nous passions d’abord par la pension de Domi acheter les croquettes pour les loulous de Manzanares et Puertollano, grâce aux personnes généreuses qui ont participé à ce voyage.
Le poul s’accélérait en entendant au loin les chiens aboyer.
Nous rencontrions la responsable ainsi que d’autres bénévoles comme la charmante Carmen qui nous a guidée et présentées aux loulous pendant notre visite. Le refuge de Manzanares avait déménagé depuis peu de temps (il paraît que c’est bien mieux maintenant).
Une toute autre couleur qu’à Sagnuto, ici pas de vert et d’ocre, tout est en béton et grillages.
Une structure bien organisée et très hygiénique au look carcéral, les boxes ont tous la même taille, les chiens y sont placés selon leur âges, sexe, comportement et entente. Ils sont tous très bien nourris et ont la plus part des sorties régulières à l’extérieur du refuge.
Ils sont tous beaux et en bonnes santé.
Ils attendent tous, de sortir, d’avoir peut-être une chance dans leur vie de misère, d’avoir quelqu’un qui les aime, d’avoir un foyer, une vie meilleure… ou pas.
Carmen est là pour eux, et s’en occupe dès qu’elle le peut.
La belle et si gentille FALONA.
Raul, le bénévole comportementaliste aux belles pralines.
Nous entrions dans chaques boxes pour les rencontrer, les caresser, leur parler, leur donner une fraction de reconnaissance. Certains étaient curieux, d’autres très heureux de notre passage plein de friandises.
Nous nous forcions de rester positives malgré des moments plus douloureux aux rencontres très touchantes, comme celle du beau BLACKY…. au regard percutant et très intelligent mais si résigné. Nous avons passé un peu de temps avec lui, le temps d’un os mâché, il dégageait une telle sagesse… tellement d’amour contenu, tellement de tristesse. Blacky n’espérait plus et n’attendait plus personne, il avait compris qu’il finirait sa vie au refuge mais nous lui avions fait la promesse de lui trouver un panier et surtout de lui trouver la personne qui l’aimera.
Quelques mois plus tard une merveilleuse famille avait ouvert ses portes et son coeur à Blacky qui avait retrouvé confiance.
Blacky est mort avant de l’avoir connu.
R.I.P beau barbe rousse, BEAU BLACKY
Son histoire fait partie de celles qui se déroulent hélas dans de nombreux refuges dans lesquels des bénévoles agissent et organisent au mieux, en connaissance de cause et avec le peu de moyens infra-structurel, financiers et politique (voir Zéro).
Il y a les belles histories aussi…

Les dons et les cadeaux distribués, nos cameras full de canins, toute la belle troupe nous invitait à luncher au village, un très beau moment imprévu que nous avons dégusté avec de beaux échanges quadrilingues.
L’heure des Au-revoir approchait…
Au-revoir et merci, tellement merci à tous.
Domi et Carmen nous avait demandé de faire un petit reportage sur deux de leurs protégés, deux cas particuliers.
Le premier était FENIX, coup de foudre immédiat !!!
L’histoire de Fenix est celle d’une métamorphose. Il a été trouvé il y a plus d’un an errant dans la campagne, dans un état pitoyable.
Placé en famille d’accueil, Fenix a repris du poil de la bête et ce triste lévrier miteux s’est transformé en magnifique et rayonnant Galgo. Puis la FA ne pouvant plus le garder, FENIX s’est retrouvé placé, faute de mieux, dans une maison abandonnée dans laquelle il est resté plusieurs mois, jusqu’à ce que, récemment, il soit placé en pension payante. Il est positif à la leishmaniose.
Fenix est drôle, vous accueille et vous invite à jouer, il vous sourit, il est en forme, il oublie qu’il est malade, et nous aussi. Il est doux et très attachant. Il est facile, magnifique et digne, il adore la compagnie des humains. Il était tellement heureux lors de notre visite, nous sommes reparties le coeur serré, les larmes aux yeux, Fenix nous regardait derrière la clôture, tout seul. Lui aussi pleurait…… Il est heureux aujourd’hui.
Le deuxième cas était celui de la jolie et douce QUENA.
Quena a vu son destin basculer, le 24 décembre 2014: une bénévole espagnole s’était rendue à la perrera municipale pour y retirer deux autres galgas dont la date d’euthanasie était arrêtée quelques jours plus tard. La bénévole attendait à l’extérieur que le responsable de la fourrière sorte les deux rescapées, quand un gitan accompagné de Quena s’approcha. La bénévole lui demanda alors s’il venait y laisser sa galga, et effectivement, Quena ne lui servant plus à rien, la mort certaine qu’elle aurait trouvé dans cet endroit sordide ne lui importait pas: l’homme voulait s’en débarrasser.
Quena était morte de peur, son regard implorant a su convaincre la bénévole: elle ne pouvait pas la laisser entrer dans ce couloir de la mort…
Quena l’a échappée belle, mais faute de place dans les refuges alentours, la bénévole a du la placer en pension privée, ce qui coûte très cher. Il faut donc que Quena soit adoptée rapidement.
Elle a été très bien éduquée par Raul, elle est très interactive avec lui. Elle marche très bien en laisse et s’assoit, donne la patte…
Cette journée gorgée d’intensité s’achevait .
Nous devions continuer notre mission et nous rendre à Puertollano où Karen (bénévole responsable du plus grand refuge que nous allions visiter) nous invitait à dormir chez elle les deux prochaines nuits.
C’est Eugenia, bénévole de Puerto qui a fait la relève avec Domi et qui nous a guidée jusqu’à chez Karen avec sa si jolie petite famille.
Magnifique havre de paix isolé, loin du bruyant et industriel Puertollano, nous étions accueillies par une meute de loulous courant et bondissant de joie sur l’hectare paradisiaque de Karen. Tout simplement WOUAW !
Après avoir fait connaissance avec ces merveilleuses personnes , nous allions nous coucher accompagnées des deux chats de Karen bien entendu.
7h , nouvelle journée.
En route avec Karen vers Puertollano. On nous avait prévenu de la grandeur du refuge qui accueille plus de 300 chiens, le stresse montait .
Sur la route, une galga morte. Nous nous sommes arrêtées , et l’avons embarquée pour vérifier si elle était pucée. Cela fait partie hélas de la routine de Karen.
300 chiens aboyant et hurlant, il ne fallait pas craquer, pas avant en tous cas.
Ici, on n’a pas le temps pour les présentations, juste le temps pour l’essentiel. Le temps que les bénévoles leur donne est sacré, chaque minute est importante, le refuge vit au rythme de son décors de fond industriel non stop en activité.
Une organisation très complexe, presque mathématique, en tout cas complètement physique qui commence par un schéma sur tableau noir version ancienne école.
Tous sont là, répertoriés dans les cases. Plus de 300 noms, à gérer, à nourrir, à sortir, certains à qui ont administre des médicaments, d’autres revenant d’une opération, et bien entendu de nouvelles entrées tous les jours.
Les quartiers ont des noms. Il y a le “carré” , une ancienne perrera où il est facile d’imaginer la “vie” d’enfer et de souffrance dans lesquelles les chiens survivaient. Il vivent actuellement dans cette même structure mais ils sont nourris, soignés, sortis, et reçoivent un petit peu d’attention de la part des merveilleux bénévoles.
Chaque boxe est nettoyé tous les jour. C’est l’occasion pour les loulous de prendre leur récréation au centre du “carré, et ils en profitent!
Des bassines d’eau, du pain et quelques instant de “liberté”, de jeu, le moment tant attendu de leur triste journée.
Les autres attendent leur tour.
Nous allions commencer le reportage photo et film sous l’immense décibelle presque insoutenable des centaines de hurlements, lorsque Karen nous appella en nous demandant si nous voulions assister en direct à l’abandon de trois galgas par leur galguero et son fils. Chose courante également, nous racontait-elle.
A l’entrée du refuge, la grosse voiture du galguero tirait sa remorque sur laquelle était posée la cage des galgas. Karen nous a demandée d’être prudente avec les appareils photos car la plus part des galgueros n’apprécient pas le shooting photo et encore moins lorsqu’ils se débarrassent de leurs chiens. Apparemment, celui-ci se sentait très à l’aise devant la camera. Il en jouait peut-être un peu…
Les 3 galgas étaient maigres , blessées et apeurées. Elles tremblaient, lui, nous souriait. Karen lui fit remplir les fiches d’entrée et d’identification sur le capot de sa grosse voiture, pendant que le fils les tenait en laisse d’un air détaché, comme s’il faisait la file à la décharge.
Nous demandions au garçon s’il n’était pas triste de se séparer de ses chiens, s’il n’avait pas de la pitié? Pas de réponse… pas la moindre compassion apparente.
Le galguero nous répondit qu’elles n’étaient plus bonnes à la chasse.
La discussion n’était pas trop tendue du côté galguero. Nous nous retenions de ne pas déborder. C’était donc “un gentil galguéro”, qui au lieu de pendre, ou de noyer ou de torturer ses chiens plus capables de chasser, les amène au refuge pour leur donner une seconde chance. L’interprétation forcée ne se devait d’être autrement pour éviter tout conflit.
Karen leur donna les premiers soins sous l’oeil vaguement attentif du jeune homme, ou plutôt curieux. Car cela devait être une première pour lui, d’assister à des soins canins!
Le père, lui, tenait pour la dernière fois sa belle galga qui avait arrêté de trembler à côté de lui. Ils avaient tous les deux l’allure fière de deux chasseurs en parfaite symbiose. J’avais envie de pleurer … (de lui dire plein de choses. A elle, pas à lui).
Eugénia était venue aider Karen pour désinfecter et administrer les antibiotiques aux galgas; et surtout leur trouver une place au refuge, déjà plein à craquer. Il fallait pour cela libérer un box et essayer de les placer avec un mâle avec qui le test de communication et d’entente s’est fait rapidement.
Adios notre maître tant aimé… Les galgas étaient dépassées par la peur de l’inconnu, elles savaient une chose, c’est qu’elle ne reverraient plus jamais leur galguero. Un dernier regard…… no comment.
Celles-ci auront peut-être la chance d’avoir une vie meilleure un jour, qui sait?
Nous retournions à nos shooting et surtout à nos rencontres merveilleuses et douloureuses.
Nous passions par l’infirmerie où les chiots, les malades, les opérés, les chatons, les très vieux étaient isolés.
En retounant dans le “carré”, nous étions un peu perdues, sans guide cette fois, nous nous forcions d’entreprendre une trajectoire que beaucoup nous invitaient ou plutôt nous suppliaient de dévier, un but, de suivre une liste et de parfois lui ajouter des incontournables. Puis nous découvrions le “Bronx”, une autre parie du refuge .
C’est là que les photos n’ont pas besoin de commentaires ….
Elles parlent toutes seules.
Les demandes d’amour, d’attention, de cadeaux se bousculent.
Les inséparables à qui l’on souhaite une adoption à 2…
Les interrogations…
;;;
Les gros nounours peureux…
Les cachés…
Les sourires qui donnent tout…
Les joueurs d’un instant…
Les méfiants…
Et les regards, si nombreux, si tristes, si profonds….
Mon Loto ….
Les caresses de Karen qui font tant sourire
Les chats
Les débuts des adieux…. Le plus douloureux. Leur dernier moment d’espoir qu’ils nous offrent à travers leur chaleur, leur bonté infinie. C’est le moment des vraies promesses que nous leur jurons de tenir.
C’est le pénultième moment avant la fin. Tenir, tenir encore….pour eux.
Le soir tombant, nous rentrions chez Karen avec un GPS nous envoyant au fin fond des sans-issues campagnardes.
Au lit… les yeux rouges et bouffis.
Au réveil, nous décidions de retourner au refuge de Puerto en tant que “bénévoles”. Un peu d’aide à l’infirmerie, et quelques promenades dans le pré d’à côté entre les usines et le refuge.
Nous faisions ainsi plusieurs aller/retours avec différents loulous chanceux et heureux de ce moment privilégié.
Nous finissions ces moments de grace et de “liberté” avec peine car nous devions reprendre la route vers Valdepenas, le dernier refuge.
Loto est le dernier que j’ai promené, il ne voulait pas rentrer. Comme si je lui avais donné un espoir, un faux. Il est le dernier regard de Puerto….
Je l’ai pleuré jusqu’à Valdepenas………. Je pense à lui tous les jours.
Valdepenas, « Ayuda Animal », le dernier refuge de notre voyage.
Fondé il y a un peu plus de deux ans, ce petit refuge d’une trentaine de places avait investi des bâtiments en ruine et créé un havre de paix, fait de bric et de broc mais surtout avec tout leur coeur. Leur initiative était d’autant plus importante que la seule autre alternative pour les chiens de cette ville est la perrera municipale où les animaux sont euthanasiés aussitôt le délai légal dépassé. Beaucoup de chiens y sont entrés, très peu en sont sortis vivants, et les bénévoles du refuge n’ont jamais hésité à sauver des chiens de là bas quand elles le pouvaient.
Mais aujourd’hui, elles ont dû se rendre à l’évidence: endettées auprès de leur vétérinaire, elles ne peuvent plus supporter les charges que représentent le refuge (notons avec cynisme qu’elles n’ont reçu aucune aide de la municipalité contrairement à la fourrière qui, elle, extermine les animaux presque à la chaîne).
Nous avions rendez-vous avec Antonia pour un petit lunch sur un parking de routiers tout près du refuge. Elle nous a expliqué leur début, leur problème, leur dettes et pourquoi elle devaient fermer. Elles ne fermeront que lorsqu’il n’y aura plus aucun chien …. Ça c’est une promesse.
Une autre rencontre, un autre refuge.
20 chiens, tous aimés, câlinés, soignés.
En duo dans un grand box, leurs protégés sont lâchés deux fois par jours dans la grande cour qui entoure leur maison.
Là, ils s’ébattent, jouent, se défoulent, à travers un décors féminin, où des bouées en couleurs remplissent les murs, tel un jardin d’enfants.
Les autres, encore une fois, attendent leur tour.









Cette fois-ci, notre attention était offerte à tous.
Encore des Adios… et des larmes.
La description de notre retour en Belgique est sans importance.
L’important est la reflexion mis à part les émotions extrèmes dont je ne pourrais jamais exprimer la mesure (et démesure).
Une reflexion et un travail sur un bilan constructif et sur des questions fondamentales pour arriver à faire évoluer le prochain “loulou-trip” (comme nous l’appellons) sont primordiaux.
La liste des noms à remercier est immense, je remercie surtout les 500 loulous que j’ai croisé de près ou de loin pour leur amour sans limite, malgré leur souffrance, leur envie contagieuse de croire à l’humanité…
Autant d’amour peuvent amener à gagner beaucoup de batailles .
Alors ACTION !!!