« Max, le chien de publicité pour la loterie de Noël » // Diaro de Navarra // 18.11.17

// Ainhoa Larregui Echenique, habitante de Baztan née à Madrid, est la propriétaire du chien qui apparaît dans l’annonce de la loterie réalisée par Alejandro Amenàbar. Une histoire de fortune et d’amour intergalactique.

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Ainhoa Larregui, avec Max, coprotagoniste de la publicité pour la loterie réalisée par Alejandro Amenábar.

// Max est un chien chanceux. De chien errant et rejeté par sa première famille d’accueil à Séville, il est devenu une star du cinéma en herbe. Ce croisé de 5 ans, qui s’apparente à un podenco portugais à poils longs, est l’une des stars du spot et court-métrage réalisé par Alejandro Amenàbar pour annoncer la loterie de Noël. Le réalisateur de ‘Thesis y Los Otros’ raconte une histoire d’amour intergalactique avec un billet de loterie comme fil conducteur. Avec sa dose inévitable de moments émouvants, marque de la maison.

« Au début, Max était un vrai désastre. Il me retournait tout dans la maison », raconte sa propriétaire.

Et si Max a frappé aux portes du même Amenàbar, c’est grâce à sa propriétaire, sa sauveuse et aussi son éducatrice. Ainhoa Larregui Echenique est une habitante de Baztan née et installée à Madrid, mais avec des liens étroits avec Elizondo – le village de sa mère, Carmina Echenique -, qui au début de 2012, après la mort récente de son chien Schnauzer, l’a encouragée à adopter un chien dans un refuge pour animaux.

DANS UNE BOITE A CHAUSSURES

« Max a été trouvé à Séville dans une boîte à chaussures » se souvient Ainhoa Larregui. Après sept mois passés au refuge, il a été adopté par une famille, qui l’a ramené peu de temps après en disant qu’il était très nerveux. Les chiens qui sont ramenés plusieurs fois en souffrent beaucoup. Je n’avais moi-même jamais adopté de chien, bien que nous en ayons toujours eu à la maison ».

Ainhoa a regardé plusieurs photos de chiens à l’adoption jusqu’à ce que son regard se pose sur Max. « Au début c’était un vrai désastre, il retournait tout. Il s’est même chargé en quelques minutes d’un repas de fête que nous avions organisé à la maison raconte sa propriétaire, qui, à ce moment-là, avait déjà une certaine compétence dans l’éducation des chiens.

« J’ai commencé à travailler avec lui et j’ai constaté qu’il apprenait tout très rapidement. »

C’est alors qu’elle a contacté Rafael Casado, une éminence dans la formation des chiens pour le cinéma et la télévision, et fondateur de l’Unité Canine de la Police Municipale de Madrid. Entretemps, entre Ainhoa et Max, c’était la complicité absolue. Ce fut d’abord une publicité pour une marque anglaise tournée à Palma, ensuite un spot de La Casera, jusqu’au casting d’Amenàbar. Max a convaincu dès le début, et séduit le réalisateur et toute l’équipe. « Maintenant, je voudrais raconter son histoire dans un court-métrage », continue Larregui, qui encourage à adopter des chiens et ne pas les acheter. //

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« Grâce à des accords avec des associations de protection animale, le département « Qualité de vie » encourage l’adoption responsable d’animaux de compagnie » // Cartagena.es (Murcia) // 27.10.17

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// Le département “Qualité de vie” dirigé par Francisco Calderon travaille à l’établissement d’accords avec les associations sans but lucratif inscrites au registre municipal ayant pour objet la protection animale. Ses accords ont un double but, d’un côté la reconnaissance du travail fourni par le centre d’accueil pour les animaux domestiques (CATAD) et de l’autre l’appui en faveur d’associations encourageant l’adoption.

Cette mesure a été révélée hier par Francisco Calderon accompagné par la directrice du département de la santé Maria Encarnacion Larrosa et la chef du laboratoire Nuria Vergara qui ont tenu ensemble une réunion d’information avec les représentants des associations inscrites au registre municipal: Segunda Oportunidad, PAES, PLANET, Geocat Cartagena et Quatro Gatos.

La réunion s’est déroulée dans les bureaux administratifs de San Miguel.

OBJECTIFS DES ACCORDS

De cette façon, on travaille pour la réalisation d’accords qui verront le jour avant la fin de l’année et qui, moyennant un octroi, direct veilleront à rémunérer les associations qui se sont occupées des animaux de la CATAD. La somme totale créditée pour ces accords est approximativement de 25000 euros. Cette aide sert essentiellement à rembourser les associations qui ont payé les taxes pour retirer les animaux de la CATAD.

De plus l’accord prévoira d’établir une augmentation du budget pour les animaux plus difficiles à adopter (ceux potentiellement dangereux, ceux âgés de huit ans et plus, et ceux ayant une pathologie détectée par la CATAD).

Le dispositif des accords inclura un deuxième volet consistant à favoriser les associations spécialisées dans l’adoption d’animaux de compagnie. Les aides couvriront alors une part importante des obligations de vaccination de stérilisation et de déparasitage relevant du protocole nécessaire à toute adoption. Dans tous les cas, les animaux adoptés devront être identifiés et inscrits sur les registres municipaux.

« Par ces mesures, la mairie entend reconnaître et remercier le travail effectué par ses associations de protection animale », explique Calderon. « Nous sommes rassurés non seulement par l’existence du CATAD mais aussi par ces associations qui recueillent et soignent ces animaux pour qu’ils ne restent pas dans la rue.

Les sommes seront fixées selon le nombres d’animaux et d’associations afin que cela bénéficie à tous.

QUALITÉ DE VIE, BIEN ETRE ANIMAL

Grâce à ces mesures, le département « Qualité de vie » vise deux objectifs: aller vers zéro abandon afin d’atteindre zéro euthanasie. « Par le biais de campagnes ciblées, nous voulons sensibiliser les propriétaires des animaux à ne pas les abandonner », nous dit Calderon. « La mairie est très sensible au problème de l’abandon des animaux. Le travail de sensibilisation est une question d’éducation et de société, un animal de compagnie n’est pas un objet, chats et chiens ne sont pas des jouets. »

LOIS DÉJÀ EN VIGUEUR

Les accords mentionnés ci-dessus constituent une nouvelle preuve de la volonté de Francisco Calderon d’ institutionnaliser le réseau qui garantit le bien être animal, ainsi que le démontre ses nombreuses campagnes d’informations et d’actions comme les actuels travaux de mise en conformité des chenils réalisés par la CATAD en ce moment ainsi que la construction du premier parc canin de la municipalité de Cartagena, situé dans le Parque de la Rosa.

« Les travaux du CATAD sont en train d’être réalisés avec rapidité et efficacité », nous a assuré le chef du département « Qualité de vie », « mais ne sont pas encore terminés. Grâce à ces travaux nous allons augmenter la capacité d’accueil de 30 pour cent. Non seulement nous accueillerons plus d’animaux mais nous avons prévu en cas de pluie et de froid un espace couvert plus grand, couplé à un système automatique de distribution de nourriture. Nous prévoyons aussi l’optimisation de l’hygiène de ces espaces afin de privilégier le bien être animal. »

Pour finir, nous apprenions récemment que la nouvelle loi des finances 2018 prévoit l’abrogation de la taxe d’adoption soutenue par le ministre des finances Isabel Garcia, et cela s’appliquera également aux associations animales. //

« Pedigree présente ses excuses et retire son message sur l’abandon et la maltraitance des Galgos et Podencos » // CazaWorld // 14.11.17

Ce post est la traduction d’un article paru sur un site pro-chasse. Nous tenons à préciser qu’ Action Invisible ne partage pas toutes les idées émises dans cet article. ndlt. 

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// La marque affirme qu’elle essayait seulement d’éveiller les consciences sur l’importance d’ « adopter des animaux de compagnie » et présente ses excuses si le message a offensé beaucoup de gens.

Pedigree a fait marche arrière. L’entreprise a retiré le message #Adopta qu’elle avait lancé le 7 novembre sur les réseaux sociaux après avoir reçu une multitude de critiques de la part du secteur de la chasse. Pedigree affirmait que « de nombreux Galgos et Podencos sont utilisés durant la saison de chasse et que quand celle-ci se termine, ils subissent des mauvais traitements et des abandons ». Le collectif cynégétique s’est senti offensé malgré la note d’éclaircissement qui a été publiée par la suite, après la première avalanche de messages, expliquant qu’elle ne voulait faire de généralisation. La polémique était ouverte.

Comme nous en informions ce vendredi, Pedigree a publié sur les réseaux sociaux un message – et non une « campagne », selon elle – avec le slogan « ils ne sont pas nés pour gagner des trophées, mais des coeurs. #Adopta », faisant référence à des Podencos et des Galgos « abandonnées et maltraités » après la fin de la saison de chasse. Les réactions de chasseurs particuliers et d’entités du secteur cynégétique ont répondu avec promptitude à cette publication de l’entreprise d’aliments pour chiens. Cazaworld a souhaité recueillir la parole des responsables de Pedigree à propos cette polémique, mais à ce jour notre rédaction n’a pas obtenu de réponse.

Des excuses

Pedigree reconnait que « le post s’est éloigné de son objectif ». Depuis, la marque a déclaré prendre en considération le fait que le message qu’ils ont lancé a pu offenser de nombreuses personnes, sans que cela fût l’intention de l’entreprise. Pour cela, ils expliquent: « nous avons décidé de l’enlever de notre profil Facebook, après avoir présenté des excuses ».

Selon la devise de Pedigree, son intention est de créer « Un meilleur monde pour les animaux de compagnie ». En considérant le rôle important que les animaux de compagnie ont dans la vie de beaucoup de personnes, « en l’améliorant », l’entreprise fait la promotion d’une démarche responsable de la part des propriétaires d’animaux. Ainsi, elle promeut l’adoption d’animaux de compagnie via différents médias, dont Facebook.

Les faits

Cazaworld a voulu savoir sur quelles données s’appuyait Pedigree pour affirmer que  « de nombreux Galgos et Podencos subissent des mauvais traitements et sont abandonnés ». La marque s’en remet aux « chiffres indiqués dans plusieurs médias » comme le journal Publico ou des associations comme Galgos Sin Fronteras. Selon Pedigree, ces médias et associations s’appuient sur les données de la Gardia civil.

Dans le communiqué que la Fédération Réelle Espagnole de Chasse et la Fédération Espagnole de Galgos ont diffusé à ce sujet, il est rappelé que l’on a déjà « démontré à travers des études et des rapports réalisés par la Fondation Affinity et par le Seprona, que le pourcentage d’abandon et de mauvais traitement pendant ou après la saison de chasse en Espagne est insignifiant en comparé à d’autres races, à d’autres motifs que la chasse, ou à d’autres périodes de l’année dans notre pays ».

La marque s’appuie sur une donnée de 2007 selon laquelle le Seprona déclarait que « 40% des chiens victimes de mauvais traitement sont des Galgos ou d’autres chiens de chasse ». La RFEC et la FEG soutiennent que « la plupart des Galgos et Podencos ayant été abandonnés ou ayant subi des mauvais traitements sont en fait des chiens qui ont été volés préalablement à leurs chasseurs et galgueros ».

Adopter

Pedigree a retiré le message qui a fait beaucoup de bruit sur les réseaux sociaux la semaine dernière. L’entreprise indique qu’il ne s’agit en aucun cas d’une campagne de publicité et que son intention est toujours « d’éveiller les consciences sur l’importance d’adopter ». //

L’éthique animale au regard des religions monothéistes – Troisième partie: L’ Islam

  • Par Frédérique Moutsi, Master en sciences des religions et de la laïcité // pour ACTION INVISIBLE

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Cet article est consacré à l’Islam et clôturera le triptyque des animaux au regard des religions monothéistes. Il découle naturellement que le dernier soit sur l’Islam étant donné que nous avions procédé de manière chronologique, à savoir dans l’ordre de leur apparition dans l’Histoire.

Actuellement, l’image de l’Islam est souvent dévoyée par certains préjugés primaires liés à la peur et au rejet de la différence que les médias utilisent et renforcent à des fins diverses. En effet, comment se faire une idée authentique de la culture de l’autre sans entrer en contact avec cette altérité que l’on condamne avant même de découvrir ?

Le rapport que l’Islam entretient avec les animaux n’est pas épargné et est souvent réduit à l’abattage halal, une des cibles préférées de nombreux défenseurs des animaux : “sans étourdissement, l’abattage est un enfer pour l’animal. Les musulmans n’ont pas d’empathie pour les animaux. Leurs principes religieux passent avant le bien-être animal!”. On peut, en outre, trouver sur des pages ou des sites islamophobes des vidéos montrant des “musulmans” maltraiter des animaux. Le maltraitant est alors essentialisé à sa seule islamité, englobant dès lors tous les musulmans. Il nous semble pourtant que le problème de maltraitance et de sadisme à l’égard des animaux est davantage lié à l’homme qu’à une religion. En effet, cette barbarie est malheureusement présente dans toutes les cultures, et ce, qu’il y ait une confession derrière ou non.

Arrivée_de_Mahomet_à_La_Mecque-Ishâq_al-Nishâpûrî-1581.jpgAlors est-ce que l’Islam dans son rapport aux animaux correspond à l’image que les médias dépeignent ou bien est-il à l’opposé des croyances populaires islamophobes ? Que nous disent le Coran et la Sunna des animaux et quelle est la conduite orthodoxe que l’homme doit à avoir envers les autres espèces ? L’Islam est-il plus proche du christianisme qui s’est éloigné de la compassion animale ou se rapproche-t-il du judaïsme et de son concept tsaâr baâlei ‘haïm1? Quelle responsabilité l’homme at-t-il à l’égard des animaux ? Que nous dit la jurisprudence islamique (fiqh) sur la cruauté envers les animaux ? Quels sont les problèmes liés à l’étourdissement ?

Pour répondre aux questions citées ci-dessus, nous nous sommes basés sur le Coran et les ahadîth que nous avons puisés dans les ouvrages de deux auteurs musulmans : Al-Hafiz Basheer Masri, Les animaux en Islam. Mohammed Hocine Benkheira, L’animal en Islam. Ils ont tous deux une approche différente.

Le premier, Al-Hafiz Basheer Ahmad Masri (1914-1992), est né en Inde. Il détient une licence d’arabe, a été co-rédacteur en chef du magasine islamique de renom The Islamic Review et deviendra le premier musulman sunnite à être nommé Imam de la mosquée Shah Jehan de Woking en Angleterre. L’Imam, ami des animaux, a traité de nombreuses questions sur les enseignements islamiques en rapport au droit des animaux, et ce, de manière exhaustive. Il a une approche théologique sunnite. Ses principales sources sont le Coran et la Sunna. L’auteur ne mentionne pas le degré de validité des ahaîith auxquels il fait mention. Toutefois, le statut de l’auteur en tant qu’Imam et son parcours jumelé à la préface du livre écrite par Malek Chebel, anthropologue des religions renommé , nous autorise à conférer aux ahadîth une certaine validité : de hasan à sahîh. Pour rappel, la Sunna (tradition) est le corpus de l’Islam sunnite qui englobe les paroles du prophètes et de ses Compagnons. Ses paroles sont appelées ahadîth au pluriel et hadîth au singulier. La Sunna a servi a institué les dogmes et les pratiques des musulmans. Les ahadîth sont catégorisés en fonction de la valeur de chaque narrateur de la chaîne de transmission (isnad) : Ils sont soit recevables : authentiques (sahîh) ou bons (hasan) ; soit irrecevables : faibles (Dha’îf) ou inventés (Mawdû’).

Le second auteur, Mohamed Hocine Benkheira a travaillé sur le livre L’animal en Islam, en collaboration avec Catherine Mayeur-Jaouen et Jacqueline Sublet. Professeur à la Sorbonne à la faculté des sciences religieuses, il a une approche plus scientifique en tant qu’islamologue. Tout comme Al-Hafiz B.A. Masri, il se base sur le Coran et la Sunna mais se réfère, en plus, à la tradition littéraire islamique.

Ainsi, grâce à ces deux approches différentes nous pourront tenter de dégager les éléments communs et ainsi trouver la ligne éthique directrice normative à l’égard des animaux.

Pour répondre à la question de l’étourdissement, nous nous sommes également basés sur des journaux en ligne (Le Monde, SaphirNews, Al-Kanz, LCP, La meuse, L214), des diffusions de conférence, d’interviews et d’un rapport de l’Assemblée Nationale de 2016.

Précisions, pour ceux qui l’ignorent, que le Coran est divisé en sourates, l’équivalent des chapitres dans la Bible. Chaque sourate est subdivisée en versets. La plupart du temps, nous mettrons les références coraniques entre parenthèses. Le premier chiffre correspondant à la sourate, le second au verset. En ce qui concerne les ahadîth, nous vous renvoyons en note en bas de page d’abord à celui à qui a rapporté la parole, ensuite à celui qui l’a recueillie et rassemblée dans un ouvrage.

Enfin, dans cet article, nous parlerons du comportement général que les musulmans sont censés avoir à l’égard des animaux. Nous excluons donc le rapport des hommes et des chiens et des hommes et des cochons qui est assez complexe ! De plus, nous ne l’avons pas abordé dans les articles précédents. De ce fait pour être juste, il faudra élaborer un panneau synoptique des trois religions monothéistes sur ce point spécifique, ce que nous ferons ultérieurement.

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De la souveraineté de l’homme

L’Islam, à l’instar des deux autres religions monothéistes, place l’homme au sommet de la création. Comme nous l’avons vu dans les articles précédents, le judaïsme voit cette souveraineté de l’homme comme une responsabilité de celui-ci vis-à-vis de la création : L’homme est le garant et le protecteur de la nature. Le christianisme, quant à lui, a rompu avec le judaïsme et a progressivement réifier l’animal. Enfin, l’Islam qui s’inscrit dans la continuité des deux religions monothéistes antérieures, rejoint la vision judaïque de l’homme à l’égard de la création : « c’est Lui [Dieu] Qui vous a fait vicaires sur la terre » (Coran 35-39).

La notion de vicaire renferme le concept de vice-régence. Cette dernière est comprise dans un cadre d’application et de limites aussi bien psychiques que physiques.

Ainsi, la souveraineté de l’homme, dans le sens islamique, se rapproche d’une autrorité patriarcale, « une disposition en vertu de laquelle le père de famille gouverne la famille avec discipline et amour paternel2 ». À ce sujet, le prophète Muhammad a dit : « Toutes les créatures sont comme une famille [ayal] de Dieu : et Il aime d’autant plus celles qui sont le plus bienfaisantes envers Sa famille ». De ce fait, pour plaire à Dieu, l’homme doit agir avec la création en bon père de famille.

Toutefois, il faut savoir que cette position privilégiée de l’homme n’est pas inconditionnelle. En effet, cette souveraineté se mérite et dépend du développement des vertus requises pour pouvoir prétendre à ce poste.

D’abord, dans le Coran, nous retrouvons le concept de Taqwa. Il s’agit de la puissance spirituelle contenue dans l’homme qui lui confère une plus juste ordonnance entre ce qui est de l’ordre du conscient et de l’inconscient, lui permettant ainsi de faire meilleur usage de son libre arbitre. C’est grâce à cette puissance spirituelle que l’homme peut faire germer les vertus telles que la compassion, l’amour, la miséricorde, la justice et la charité.

Ensuite, ces vertus, l’homme doit les développer et les nourrir afin d’avoir la conduite juste. Par contre, si sa conduite reflète le mal alors il est relégué au rang de bête : « Une bête féroce et sauvage est meilleure qu’un souverain méchant et tyrannique3 ». Dans une perspective plus large, ce hadith peut s’appliquer au cas qui nous concerne, à savoir qu’un humain en tant que souverain face à la création en général et aux animaux en particluier n’est digne d’exercer sa fonction qu’à la condition d’être profondément bon et juste.

La dernière condition qui rend légitime cette place de l’homme vis-à-vis de la création est l’usage de la raison. Dans le Coran (8 : 22), il est écrit : « Véritablement, les plus viles créatures, aux yeux d’Allah, sont celles qui sont sourdes et muettes et qui ne font pas usage de leur rationalité ». Aussi, raisonner fait partie de cette spécificité humaine qui légitime la vice-gérance de l’homme sur le monde. Toutefois, la raison seule ne suffit pas. Il faut un juste équilibre entre les vertus et la raison pour avoir la conduite adéquate à l’égard des autres espèces.

Le verset suivant (7 : 179) condamne l’ignorance et le masque de celle-ci : « (…) ils ont un coeur avec lequel ils ne parviennent point à comprendre, et des yeux avec lesquels ils ne parviennent point à voir, et des oreilles avec lesquelles ils ne parviennent point à entendre. Ils sont comme le bétail, et même moins conscients de ce qui est juste. De tels [humains] sont loins du droit chemin ». Aussi se cacher derrière l’ignorance pour justifier une action ou une conduite injuste n’est pas islamique.

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Les animaux dans la tradition islamique

Le Coran cite plus d’une centaine d’animaux et les sourates 2, 6, 27, 29, 71, portent le nom d’un animal. Des versets, des ahadiths et de nombreux poèmes issus de la tradition orale leur sont également consacrés.

Ils ont donc une grande importance dans la tradition islamique et ont plusieurs rôles :

Les animaux permettent d’instituer des rites. C’est ainsi qu’ : « Allah fit surgir un corbeau qui gratta la terre afin de lui faire voir comment enterrer la dépouille de son frère. “ Malheur à moi ! s’écria (le meurtrier)”. “Je ne suis (même) pas capable d’être comme ce corbeau et d’ensevelir la dépouille de mon frère !” et il fut parmi ceux que hante le remords ». (Coran 5 : 34).

Ils sont également aptes à pratiquer les rites de la vénération : « du coq, ne dit-on pas couramment qu’il appelle à la prière ? À propos des pigeons, oiseaux sacrés souvent perçus comme les âmes des défunts, on dit au Maroc qu’ils font la circumambulation (le tawaf) autour des lieux saints…4 »

Ils servent d’exemple à la conduite humaine. C’est pour cela que Ali conseilla : « Soyez comme une abeille ; tout ce qu’elle mange est propre, tout ce qu’elle abandonne est agréable et toute branche sur laquelle elle s’assoit ne rompt pas5 ».

Le Coran reconnaît qu’il y a une organisation sociale chez les animaux et que nous avons cela en commun. « Abu Huraira a décrit le prophète racontant un incident arrivé à un autre prophète dans le passé. Ce prophète a été piqué par une fourmi et, dans la colère, il a ordonné que l’ensemble des nids de fourmis soient brûlés. Pour cela, Dieu a réprimandé ce prophète en ces termes : “parce qu’une fourmi t’as piqué, tu as brûlé toute une communauté qui me glorifiait”6 ». On notera ici le terme “communauté”. Il ne s’agit pas d’une analogie mais bien d’une réelle conception du monde animal en tant que chaque espèce est une communauté à part entière.

Le verset suivant confirme ce qui vient d’être explicité et peut faire penser que les animaux auraient une place au Paradis : « Nulle bête marchant sur terre, nul oiseau volant de ses ailes, qui ne soit comme vous en communauté. Nous n’avons rien omis d’écrire dans le Livre. Puis, c’est vers leur Seigneur qu’ils seront ramenés. » (Coran 6 : 38).

Dieu a donné aux animaux le nafs qui nous rappelle le néfèsh judaïque. Il s’agit de l’âme. Une différence existe toutefois entre ces deux religions : dans le judaïsme, Dieu a donné le néfèsh aux hommes et aux animaux mais seul l’homme a bénéficié du ruah, l’Esprit insufflé par Dieu à l’homme. Dans l’Islam, nafs et rûh (similaire au ruah) sont utilisés indistinctement : l’homme et l’animal en sont les dépositaires. Pourtant, une distinction existe bel et bien entre l’homme et l’animal. Elle réside dans le fait que le rûh se divise en deux niveaux et que seul l’homme est pourvu du second. Celui-ci peut se définir comme les caractéristiques de la conscience morale et spirituelle de l’homme. Le premier niveau n’en est pas moins capital car il est le « confluent du “coeur” et du corps, le siège du bien comme du mal. Il est donc celui qui permet l’équilibre et celui sur lequel repose le second degré7 ».

Les animaux sont capables de sacré, ils louent et prient Dieu. Dans un verset, Dieu éclaire les hommes face à leur propre ignorance à ce sujet : « Les sept cieux et la terre et toutes les créatures qu’ils renferment déclarent Sa gloire. Il n’est pas une créature qui ne célèbre son adoration ; et pourtant vous humains ! vous ne comprenez pas comment ils déclarent Sa gloire (…) » (Coran 17 : 49). Les animaux “déclarent” la gloire de Dieu. Le verbe déclarer contient une notion de volonté de dire.

De plus, le verset 41 de la sourate 24 nous informe que chaque animal a sa propre façon de prier Dieu et l’a apprise : « N’as tu pas vu [ô Muhammad] qu’Allah est glorifié par tous ceux qui sont dans les cieux et la terre ; ainsi que par les oiseaux déployant leurs ailes ? Chacun, certes, a appris sa çalât (façon de l’adorer/prière) et de Le glorifier. Allah sait parfaitement ce qu’ils font ». Le verbe utilisé dans cette sourate à propos de la prière est “apprendre”. L’apprentissage est lié à la transmission. On retrouve de nouveau une notion de volonté dans l’acte de transmettre. Par ailleurs, dans le cas de la prière, il s’agit d’un apprentissage abstrait en rapport à une croyance, une idée. Les animaux dans l’Islam sont-ils perçus comme capables d’abstraction ? Quoi qu’il en soit, il semble évident que l’acte de prier n’a de sens qu’avec la conscience de ce vers quoi l’acte tend. Les animaux auraient donc une conscience d’être à Dieu et seraient capables de saisir l’insaisissable.

Plus que les hommes – qui ont besoin de signes et de preuves pour croire – certains animaux ont la capacité de percevoir un homme saint et parfois même de le révéler : « Ce cheikh [al-Shubarbuli, début du 13e siècle] avait une chatte noire qui dormait sur ses genoux et que personne ne pouvait prendre ou caresser. Il me raconta une fois que cette chatte pouvait reconnaître les saints d’Allah (awliya Allah) (…) Le jour où notre cheikh Abu Ghafar al-Uryani vint le voir pour la première fois, la chatte était tout d’abord dans une autre pièce. Avant qu’il ne fût assis, la chatte entra et regarda : elle fit alors un saut, jeta ses pattes autour de son cou et frotta sa tête contre sa barbe8 ». Les animaux seraient donc dotés d’un sens spirituel qui leur permettrait de distinguer le bon grain de l’ivraie.

Bien plus surprenant encore, le Coran rappelle que les animaux possèdent un langage. En effet, il est rapporté qu’il fut un temps où certains hommes avaient la possibilité de comprendre leur langage. Voici plusieurs versets de la sourate 27 où l’on apprend que Soulaymân (Salomon) connaissait leur langage : « Et Soulaymân hérita de Dâwoûd et dit : “ Ô hommes ! On nous a appris le langage des oiseaux (…) » , « Quand ils arrivèrent à la Vallée des Fourmis, une fourmi dit : “Ô fourmis, entrez dans vos demeures, [de peur] que Soulaymân et ses armées ne vous écrasent [sous leurs pieds] par inadvertance” », « Il [Soulaymân] sourit, amusé par ses propos (…) ». (Coran 27 : 16, 18, 19).

Kisa’i, un auteur musulman du 11e siècle, nous décrit les 4 porteurs du trône divin. Ces 4 porteurs, qui seront 8 le jours du jugement dernier (69 : 17), sont des anges. Le premier à image d’humain intercède pour les humains. Le second à image de taureau intercède pour le bétail. Le troisième à image de lion intercède pour les bêtes féroces. Le quatrième à image de vautour intercède pour les oiseaux. Ce que nous pouvons dégager de cette représentation est d’une part, la proximité qui existe entre les anges et les animaux. D’autre part, bien qu’il y ait une hiérarchie entre les hommes et les animaux, de manière égale, ils soutiennent le trône divin, louent Dieu et sont soumis à sa toute-puissance divine. Enfin, on constate que les animaux ont également droit à un intercesseur. Ceci pourrait signifier que les animaux ont aussi reçu le libre arbitre grâce au rûh, sinon à quoi bon intercéder en faveur d’une créature dépourvue de choix même si leur capacité à évaluer le caractère moral de leurs actions est moins développée que chez les hommes.

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Traitement des animaux

La manière dont l’homme se conduit avec les autres espèces reflète son intériorité : « Quiconque est bon envers les créatures de Dieu, est bon envers lui-même9 »10.

Les 4 premiers ahadîth nous rapportent des paroles du Prophète Muhammad sur la manière dont il faut traiter les animaux, ils ne sont pas commentés car ils parlent d’eux-mêmes :

Un jour le prophète Muhammad a réprimandé sa femme Aïcha pour avoir traité un chameau de façon quelque peu désinvolte : « J’étais sur le dos d’un chameau rétif et le manoeuvrais de façon plutôt brutale. Le Prophète m’a dit : “il t’appartient de traiter les animaux avec douceur”11 »

« Le Prophète a été vu en train d’essuyer la face de son cheval avec sa robe (jullabiyah). Lorsqu’on lui a demandé pourquoi il faisait cela, il a répondu : “Hier soir, j’ai eu une réprimande d’Allah au sujet de mon cheval pour l’avoir négligé”12 ».

« Le Prophète a vu une fois un homme assis sur le dos de son chameau sur une place du marché, qui s’adressait aux gens. Il lui a dit : “N’utilisez pas le dos de vos bêtes comme des chaires, car Dieu a décidé qu’elles vous soient soumises afin qu’elles puissent vous emmener dans des endroits que vous ne pourriez atteindre autrement”13 »

« Le Prophète a une fois croisé un chameau maigre dont le ventre avait diminué jusqu’à son dos. “Craignez Dieu” a-t-il dit au propriétaire du chameau, “en ces animaux et ne les montez que lorsqu’ils sont aptes à être montés et relâchez-les quand il convient de les laisser se reposer”14 »

Bien que l’Islam n’interdise pas la mise à mort d’un animal pour la consommation de sa chair ou la défense, il est interdit de les tuer pour leur peau. À ce sujet il existe plusieurs ahadîth. Nous nous limiterons au hadith le plus général : « Le Saint Porphète Muhammad a interdit l’utilisation des peaux d’animaux sauvages15 ». Ainsi, l’utilisation de fourrure, de peau (pas celle des animaux que l’on mange) et autre braconnage sont totalement interdits.

Le Prophète Muhammad a aboli certaines pratiques païennes et traditionnelles occasionnant souffrance ou inconfort à l’animal : « Jabir a dit que le messager de Dieu a interdit de frapper ou de marquer au fer rouge la face des animaux16 » ; « Le Prophète a dit : “Ne coupez pas le toupet d’un cheval, car une convenance est liée à son toupet ; ni sa crinière car elle le protège ; ni sa queue, car il s’en sert pour faire partir les mouches”17 ». Mutiler, défigurer les animaux ou les marquer sur la face est également prohibé.

Tout ce qui est du domaine du loisir ou plaisir (corrida, chasse à courre, torture, combats entre animaux…) occasionnant de la souffrance animale est interdit : « Le prophète a condamné ceux qui considèrent tout ce qui vit comme un simple divertissement18 » ; « Le prophète a interdit les sports sanguinaires, tels qu’ils sont pratiqués par les bédouins19 » ; « Le Messager de Dieu a interdit d’inciter les animaux à se battre entre eux20 » ; « Ibn Umar est venu à croiser un groupe d’hommes qui avaient ligoté une poule et qui tiraient des flèches sur elle. Quand Ibn Umar a fait remarquer avec colère : “Qui a fait cela ? Vraiment ! Le Messager d’Allah a invoqué une malédiction sur celui qui fait ce genre de chose”21 » ; « Le prophète a dit : “Ne faites pas des êtres vivants des cibles”22». Ce dernier hadith pourrait laisser entendre que la chasse est interdite ce qui n’est pas le cas. La chasse est autorisée pour se nourrir mais tous les animaux ne peuvent être chassés. Parmi eux, les carnivores, l’éléphant et l’âne. Seuls la gazelle, le lapin, l’oiseau peuvent être chassés car ils sont trop rapides pour être attrapés.

En revanche, certains animaux peuvent être tués : « Il n’y a aucun inconvénient à tuer ces cinq bêtes : le corbeau, le milan, le rat, le scorpion et le chien agressif23 ». Il en est de même pour tout animal qui, par analogie (Qiyâs), serait comparable ou pire. Ceci ne signifie pas qu’il faille les éradiquer de la terre. Comme on l’a vu, chaque espèce y a sa place.

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Droits et devoirs de l’homme par rapport aux animaux

L’homme devra répondre devant Dieu de la mort des animaux qu’il tue : « Il n’est pas un homme qui tue [même] un moineau ou quoi que ce soit de plus petit, sans que celui-ci ne le mérite, sans que Dieu ne l’interroge à ce sujet24 ».

L’homme a le droit d’utiliser les animaux pour l’aider dans ses tâches mais il a aussi des devoirs : il a l’obligation de bien les traiter, de leur octroyer repos, nourriture, abreuvage et soins affectueux. Il n’y a pas moins de 17 ahadîth qui sont consacrés au respect que l’homme doit avoir pour l’animal. En voici quelques-uns que nous avons séléctionnés :

« Quand nous nous sommes arrêtés à une halte, nous n’avons pas dit nos prières jusqu’à ce que nous ayons retiré les fardeaux du dos de nos chameaux et que nous nous soyons occupés d’eux25 ». Ce hadith renforce l’importance consacrée au bien-être animal dans la tradition islamique. En effet, la prière, qui est un des 5 piliers de l’Islam, ne peut s’exécuter tant que l’animal n’a pas été soulagé de tous ces besoins vitaux. Ceci peut s’expliquer par le fait que ces animaux dépendent de l’homme et qu’il est donc de son devoir de subvenir aux besoins de ceux qui dépendent de lui avant les siens.

Le musulman doit être juste et compatissant envers les animaux qui l’aident : « Soyez bons envers les bêtes de somme, ne leur faites pas de mal, et ne les chargez pas plus que ce qu’elles sont capables de porter26 ».

Un hadith renseigne les musulmans sur le fait que les animaux ont des sentiments et qu’il ne faut pas leur causer inutilement ou injustement du tort : « Nous étions en voyage avec l’Apôtre de Dieu et il nous a laissés un moment. Durant son absence, nous avons vu un oiseau appelé hummara avec ses deux petits et nous avons pris les petits. La mère-oiseau décrivait des cercles au-dessus de nous, battant des ailes de chagrin, lorsque le Prophète est revenu et a dit : “ qui a blessé les sentiments de cet oiseau en prenant ses petits ? Rendez-les-lui”27 ». Le musulman a donc le devoir de préserver les animaux de la douleur physique mais aussi psychique.

Le Coran insiste à de nombreux endroits (80 : 24-32 ; 32 : 27 ; 79 : 31-33) sur le fait que tout ce que Dieu offre, il l’offre pour toutes les créatures et que tous y ont droit en juste proportion : « Et Il est Celui qui envoie les vents, tels d’heureuses nouvelles annonçant Sa miséricorde. Et Nous faisons descendre l’eau pure des nuages, avec laquelle Nous pouvons donner la vie, en irriguant la terre desséchée, et Nous étanchons la soif de ceux que Nous avons créés – à la fois les animaux et les êtres humains en grand nombre » (25 : 48-49). Le musulman a le devoir de ne pas s’octroyer tout l’espace de vie et laisser aux animaux leur habitat naturel en juste proportion. Le verset 10 de la sourate 55 le confirme : « Et la terre : Il [Dieu] a attribué à toutes les créatures vivantes ».

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Récompenses et châtiments pour avoir été bon ou mauvais envers un animal

La promesse de la miséricorde de Dieu à celui qui est clément envers les animaux devrait être un profond encouragement pour le croyant tout comme la promesse d’un châtiment à l’encontre du maltraitant devrait être un frein.

« Celui qui a pitié [même] d’un moineau et épargne sa vie, Allah sera miséricordieux avec lui28 ».

« Le Prophète a parlé à ses compagnons d’une femme qui serait envoyée en Enfer pour avoir enfermé un chat ; ne pas l’avoir nourri, ni même l’avoir relâché afin qu’il puisse se nourrir29 »

« Le Prophète a parlé à ses compagnons d’un serf qui a été béni par Allah pour avoir sauvé la vie d’un chien en lui donnant de l’eau à boire et en étanchant sa soif30 »

« On a demandé au Prophète si ses actes de charité, même envers les animaux étaient récompensés par Dieu. Il a répondu : “ Oui, il y a une récompense envers toute bête vivante31 »

« « Mishkat Al-Masabih» citant « Bukhari » affirme dans le même sens que : « Une bonne action envers une bête est aussi bonne qu’être bon envers un être humain ; alors qu’un acte de cruauté envers une bête est aussi mauvais qu’un acte de cruauté envers des êtres humains » et que : « La bonté envers les animaux est promise à des récompenses dans la Vie dans l’Au-delà. »32 »33.

Tous ces ahadith témoignent du fait que l’Islam place le respect à l’égard des animaux à l’égal de celui dû à un homme.

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Ethique dans la mise à mort

Comme nous l’avons déjà évoqué plus haut, la consommation de la viande n’est pas interdite et la mise à mort d’un animal non plus. Toutefois, il y a des prescriptions, un cadre dans lequel s’inscrivent une éthique et une hygiène de vie.

D’abord pour que la viande soit licite (halal), il faut qu’elle provienne d’un animal licite et qu’elle soit abattue rituellement. Le rituel permet de lever l’interdit du meurtre lors de l’abattage. Selon Benkheira, le rituel empêche la transformation de la victime en cadavre, en charogne (mujaththema). Ainsi, lorsque la victime est mise à mort selon le protocole, la mort est mise au service de la perpétuation de la vie et ne porte pas en elle la marque de la mort. « La fonction du rituel est avant tout d’assurer la transformation de l’animal en victime licite non en cadavre, en force au service de la vie et non en force au service de la mort34 ». Dans le fond, il s’agit de civiliser le meurtre à l’aide du rituel car ce dernier est un interdit majeur dans l’Islam. Toutefois, comme il faut tuer un animal pour se nourrir de sa chair, « alors il faut ritualiser cette mise à mort, afin de procurer à tous – tueurs et mangeurs – l’innocence et la paix de l’âme. (…) Si l’abattage rituel des animaux, selon la loi islamique, est rangé dans la rubrique des sacrifices, c’est parce qu’il s’agit par cette catégorisation de “désigner d’abord une certaine barbarie, un fond obscur et inextirpable”. Les musulmans considèrent que ce n’est pas à eux d’assumer la lourde tâche de rendre justice aux animaux qu’ils égorgent, mais à Dieu. »35

Le problème éthique de la mise à mort soulève et a soulevé débats, discussions, polémiques entre les théologiens musulmans, et ce, depuis le Moyen-Âge. Les dualistes pensaient qu’il était impossible que Dieu ait rendu l’égorgement licite : « Egorger les animaux, c’est leur faire du mal, or faire du mal est laid. Par conséquent, il est impossible que l’égorgement soit licite et permis par un décret de Dieu ». Les mutazilites adoptèrent un point de vue différent qui repose sur l’idée de justice comme compensation : « puisqu’on leur a fait du mal et infligé des souffrances, alors Dieu ne peut que réparer cette injustice. »36. Cette dernière conception est la plus répandue dans le monde musulman.

Par ailleurs, il existe des interdits concernant la viande qui, outre la raison hygiénique de manger un animal vidé de son sang, pourraient également être liés à la volonté de respecter l’animal : « Tout ce qui a été coupé d’un animal, alors qu’il est encore en vie, est charogne et il est illicite (harâm) de le manger37 » ; « N’utilisez pas précipitamment une “créature” avant qu’elle ne soit raide morte38 » ; « Laissez le temps à la “créature” abattue de devenir froide39 ».

Les ahadith subséquents nous présentent ce qu’il y a lieu de faire lorsque l’abatteur doit tuer l’animal. Nous allons voir à quel moint les méthodes d’abattage contemporaines sont loin de respecter les préceptes islamiques.

« Il est rapporté que le Messager de Dieu a dit : “ Allah Qui est Béni et le Très-Haut, a prescrit la bienveillance envers tout [et a ordonné que tout soit bien fait] ; ainsi, quand vous devez tuer un être vivant, faites-le de la meilleure façon et, lorsque vous abattez un animal, vous devriez [utiliser la meilleure méthode et] aiguiser votre couteau afin de causer à l’animal le moins de douleur possbile40 ».

« On a entendu le Messager d’Allah interdire de faire attendre un quadrupède ou tout autre animal avant son abattage41 ».

« Le Prophète a interdit d’abattre quelque créature vivante que ce soit lorsqu’elle est attachée et ligotée42 ».

« La Saint Prophète a dit à un homme qui était en train d’aiguiser son couteau en présence de l’animal : “As-tu l’intention d’infliger la mort à l’animal deux fois – une fois en aiguisant le couteau à la vue de l’animal, et une fois en lui tranchant la gorge43 ? ». Le sens principal de ce hadith est que l’animal ne doit avoir conscience qu’il va mourir. Aussi, dans les abattoirs de masse, il est évident que l’animal à l’occasion de sentir sa mort arriver de longues minutes avant d’être réellement abattu.

« N’abattez pas des moutons en présence d’autres moutons, ou quelque animal que ce soit en présence d’autres animaux44 ».

« (…) Omar a vu une fois un homme refusant qu’un mouton, qui allait être abattu, boive une quantité d’eau suffisante. Il a donné à l’homme une correction avec son fouet et lui a dit : “Va, donne-lui correctement à boire au moment où il va mourir, canaille !”45 ». Les besoins des animaux “industriels” ne sont pas pris en compte , et ce, du lieu de la naissance à la mort.

« On rapporte que Hazrat Omar a vu une fois un homme aiguiser son couteau en vue d’abattre un mouton, alors qu’il maintenait le mouton à terre avec son pied posé sur son museau. Il s’est mis à fouetter l’homme jusqu’à ce qu’il se sauve à toutes jmabes. Le mouton, pendant ce temps, avait détalé46». Les mauvais traitements liés aux conditions dans les abattoirs sont monnaie courante.

En ce qui concerne le dhabh (l’égorgement), celui qui le pratique doit être en possession de facultés mentales saines et peut être homme ou femme (musulman, chrétien ou juif s’ils n’invoquent que le nom de Dieu) généralement d’un âge supérieur à 18 ans. Il doit tuer l’animal avec un couteau des plus tranchant afin que la mise à mort se passe le plus rapidement possible et avec le moins de souffrance possible.

Lors de la mise à mort, l’abatteur doit faire une invocation qui de façon abrégée s’appelle takbir (la glorification de la grandeur de Allah). Cette invocation est composée de deux expressions : Bi-smi-llah (au nom de Dieu qui s’appelle la tasmiyya) suivie de Allahu Akbar (Dieu est le plus grand qui s’appelle takbir). Cette dernière renvoie le musulman au fait qu’il ne pourrait tuer cet animal et consommer sa chair sans l’accord de Dieu et qu’il faut s’en rappeler : «  Afin qu’ils puissent se rendre compte de l’atrocité de prendre la vie, et de la nature solennelle de la charge qu’Allah leur a imposé en leur permettant de manger de la nourriture d’origine animale47 ».

En outre, l’abatteur peut également faire d’autres invocations plus précises (dou’as) dont le but serait d’apaiser l’animal le plus possible48.

En revanche, le rythme incroyable de l’abattage industriel même halal ne laisse pas le temps aux abatteurs de suivres les règles de base de l’abattage halal. En effet, le halal s’inscrit dans un cadre bien plus large que le simple égorgement. Il s’agit d’un concept hautement éthique que le takbir vient à rappeler : la mise à mort est un acte inique et il faut s’en rappeler. C’est pourquoi, il faut accompagné l’animal dans la mort avec bienveillance et respect.

Certains musulmans, conscients du caractère anti-islamique de l’abattage industriel, tentent déjà de contrer les lobbies industriels d’abattage avec comme projet d’offrir aux animaux les conditions islamiques nécessaires à leur bien-être et leur apaisement avant la mort. C’est le cas de Green Halal en Belgique et de Biolal en France. Malheureusement, cette initiative est encore rare et les abattoirs industriels pullulent.

En ce qui concerne les animaux de la mer, il n’y a pas de règles précises concernant leur mise à mort. Néanmoins, en toute logique, il va de soi que les prescriptions relatives au bien-être et au respect des êtres vivants sont aussi d’application pour les animaux marins.

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Règles juridiques islamiques

L’Islam est apparu au 7e siècle de notre ère et bien entendu la société de l’époque ne posait pas les mêmes problèmes qu’actuellement, notamment en ce qui concerne l’abattage de masse, les expériences sur les animaux… Par contre, le problème de cruauté et de souffrance animale a toujours existé. Les juristes musulmans peuvent réfléchir aux problèmes actuels à partir des textes antérieurs en faisant l’ijtihâd, c’est-à-dire l’interprétation et la réactualisation de versets et ahadîth. L’ijtihâd se pratique par analogie et inférence. C’est ainsi que se déroule la jurisprudence islamique, le fiqh.

La question que l’Islam se pose aujourd’hui est de savoir ce qui légitime la cruauté (comprise ici comme un mal à l’encontre des animaux sans volonté de faire souffrir) envers les animaux. La réponse se trouve dans les besoins et intérêts des humains tout en y insufflant l’esprit de l’Islam.

Ces besoins se divisent par ordre d’importance en 3 degrés :

1° « Les nécessités (al-Masâlih ad-darûrîyah) [sont] les besoins essentiels ou intérêts sans lesquels la vie ne pourrait être maintenue.

2° Les conditions (al-Masâlih-al-hâjîyah) [sont] les besoins ou intérêts qui sont nécessaires pour se préserver de la douleur ou de tout type de souffrance, ou pour améliorer la qualité de vie.

3° Le luxe et les plaisirs (al-Masâlih at tahsîniyah) [sont les] besoins ou intérêts qui sont souhaitables pour l’exubérance, le plaisir, ou même pour la complaisance envers soi-même49. »

Seuls le 1e et le 2e degré peuvent rendre admissible la “cruauté” envers les animaux.

Par ailleurs, il existe en plus des conditions restrictives et prohibitives qui encadrent et délimitent encore le champ d’application :

  1. « Ce qui attire vers l’interdit, est lui-même interdit ». L’élevage et l’abattage industriels entraînent une conduite contraire aux préceptes islamiques de bienveillance envers les animaux. Les expériences sur les animaux qui ne sont pas absolument nécessaires devraient être proscrites.

  1. « Si deux maux s’opposent, choisissez le moindre mal pour éviter le plus grand mal. » Nous pouvons donc en déduire que les expériences sur les animaux doivent être une exception et considérées comme un moindre mal et non comme un droit. Dans le cadre de l’élevage intensif et de l’abattage, l’étourdissement serait-il un moindre mal ?

  1. « La prévention des dommages a priorité sur la réalisation des intérêts ou la satisfaction des besoins ». Il faut donc évaluer les avantages et les inconvénients sous tous leurs aspects pour prendre la décision la plus judicieuse. Jamais les intérêts ne doivent directement prévaloir sur les dommages occasionnés.

  1. « Aucun dommage ne peut être réparé ».

  1. « Aucun dommage ne peut être réparé par un dommage semblable ou plus important ». Il est donc interdit d’essayer de trouver des remèdes pour des maux que nous créons nous-mêmes en faisant des expérimentations sur des animaux.

  1. « Ayez recours à d’autres solutions, lorsque l’originale devient indésirable ». Lorsqu’il y a des solutions alternatives comme les cultures de tissus ou autres, il n’est plus permis d’utiliser des animaux pour les expériences.

  1. « Ce qui a été permis pour une raison, devient interdit en l’absence de cette raison ». L’élevage industriel avait pour but de pourvoir quotidiennement les citoyens en viande. Or, aujourd’hui, tout le monde sait que la consommation excessive de viande est la cause de certains problèmes de santé (cholestérol, problème de coeur…). De plus, cette production massive entraîne des dommages collatéraux : déforestation, destruction de l’habitat des animaux, famine et chômage de masse.

  1. « Toutes les fausses excuses entraînant des dommages doivent être rejetées»50. À ce dernier point peut se greffer ce qui a été dit au point précédent.

D’après le hadîth stipulant que le mususlman doit tuer l’animal de la meilleure manière possible et le point 2 des règles juridiques (face à deux maux, il faut choisir le moindre mal), l’étourdissment pourrait être envisagé. Alors pourquoi les musulmans s’opposent-ils à l’étourdissement avant l’abattage ? Cet avis est-il spécifiquement musulman ?

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Polémique sur l’étourdissement

La première raison de cette opposition repose sur la traduction d’un participe passif de la sourate 5 du verset 3. En effet, selon une traduction, le Coran interdirait l’étourdissement ce qui clôturerait le débat. Voici la traduction de Cheikh Boureïma Abdou Saouda51 qui va dans ce sens : « Vous sont interdits (pour la consommation) : Al-Maïtah (la bête trouvée morte – non égorgée – ), la sang, la chair de porc, ce sur quoi on a invoqué un autre nom que celui d’Allah (ce qui a été tué pour autre chose qu’Allah ou pour les idoles), la bête étouffée, la bête assommée [al-mawqouðatou] ou morte d’une chute ou morte d’un coup de corne, et celle qu’une bête féroce a dévorée – sauf celle que vous égorgez avant qu’elle ne soit morte –. (…) ». La participe passif al-mawqouðatou utilisé comme substantif est donc traduit par “celle ayant été assommée ». Dès lors, on peut comprendre pourquoi l’étourdissement est proscrit et refusé par les musulmans.

En revanche, si l’on se base sur une autre traduction, l’interdiction n’est plus aussi évidente. Pour preuve, nous présentons la traduction de Maulana Muhammad Ali52 : « Il vous est défendu ce qui meurt de mort naturelle, et le sang, et la chair de porc, et ce sur quoi tout autre nom que celui d’Allah a été invoqué, et (l’animal) étranglé, et celui qui a été battu à mort [al-mawqouðatou], et celui qui s’est tué dans une chute, et celui qui a été tué d’un coup de corne, et celui que les bêtes sauvages ont mangé – sauf ceux que vous abattez ; (…) ». La différence est frappante. En effet, le premier cas interdit le fait d’assommer un animal alors que le deuxième intègre une nuance fondamentale à savoir que le coup entraîne la mort de l’animal. Cette traduction se rapproche davantage de l’idée maîtresse de ce verset de ne point pouvoir manger un animal mort alors que son sang n’a pas coulé hors de son corps.

Dans ce cas, ce qui est interdit, c’est de manger un cadavre (mujaththema), à savoir une bête que l’on n’a pas égorgée préalablement et non pas un animal qui a été étourdi et que l’on égorgerait ensuite encore vivant.

Enfin, ce hadîth va dans ce sens : « Tant [qu’un instrument] a fait jaillir le sang et que le Nom d’Allah a été mentionné, alors mange, sauf [ce qui a été égorgé avec] une dent et un ongle53 ».

La deuxième raison de cette opposition est que l’étourdissement ne permettrrait pas au sang de s’écouler aussi bien du corps de l’animal, ce qui le rendrait impropre à la consommation. En effet, outre le bien-être animal, ce qui est aussi primoridial dans l’Islam lors de l’abattage est que le sang s’écoule et se vide le plus possible du coprs de l’animal. Cette méthode est commune aux juifs, aux chrétiens et aux musulmans. De nos jours, les sociétés “judéo-chrétiennes” pratiquent toujours ce mode d’abattage sauf que l’étourdissement préalable est obligatoire. À l’origine, ce mode d’abattage se pratique pour des raisons spirituelles et hygiéniques : il s’agit de séparer le pur de l’impur et de vider le sang de l’animal qui contient de nombreuses toxines.

La question à se poser est la suivante : est-ce que l’animal étourdi éjecte autant de sang que l’animal non étourdi ?

Selon Al-Hafiz B. A. Masri, l’abattage sans étourdissement est un moindre mal à l’enfer de l’abattage industriel. L’auteur nous dit ceci : « [les musulmans] ont été amenés à croire que l’étourdissement a un effet paralysant sur les muscles du cœur et qu’il rompt le système nerveux central en endommageant le polygone de Willis. Cette perturbation affecte les battements de cœur qui, à leur tour, affectent le pompage du sang. Cette action convulsive des muscles après égorgement accélère l’extraction du sang des tissus qui composent la viande vers le flot de sang. Les convulsions sont possibles seulement si le cerveau est vivant, si le système nerveux est fonctionnel et si le cœur bat. On croit à tort que toutes ces fonctions sont interrompues par l’étourdissement de l’animal, qui provoque l’arrêt cardiaque, ayant pour résultat la formation de caillots de sang dans l’organisme en raison de la coagulation. Les scientifiques, cependant, déclarent que le cœur continue de battre et de pomper après l’étourdissement pendant un temps assez long. Les expériences montrent que l’intervalle normal entre l’étourdissement et l’arrêt des battements de cœur est d’environ cinq minutes, ce qui est une période suffisamment longue pour qu’un abatteur puisse trancher la gorge et laisser le sang s’écouler (…) Certain professionnels prétendent même que les moyens d’étourdissement libèrent le cerveau de l’animal du stress, ce qui permet au cœur de fonctionner, physiologiquement, à un rythme normal et de pomper d’avantage de sang hors du corps que dans d’autres conditions54 ».

Kalila-wa-Dimna_1.jpgAl-Hafiz B. A. Masri fait un plaidoyer pour l’étourdissement et cite la “recommandation” d’une organisation musulmane Muslim World League de 1986 : « L’étourdissement avant l’abattage par choc électrique, s’il est prouvé qu’il atténue la souffrance animale, est licite, à condition qu’il soit réalisé avec le plus faible courant électrique qui rend immédiatement l’animal inconscient, et qu’ il n’entraîne la mort de l’animal, ni ne rende sa viande nocive pour le consommateur ». Cette organisation était composée de 55 théologiens, scientifiques et dirigeants musulmans du monde et est membre de l’UNESCO, UNICEF et des Nations Unies.

Il est intéressant de savoir que la Nouvelle-Zélande, premier pays exportateur de viande de mouton halal au monde, abat rituellement les animaux préalablement étourdis.

En 2011, le théologien Mohammad Hawari « met[tait] en avant une étude théologique et scientifique effectuée par une commission présidée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Ligue islamique mondiale en 1984 et la décision du Conseil de la jurisprudence (Fiqh) de Djeddah en 1997, dans lesquelles l’égorgement sans étourdissement est présenté comme la meilleure des solutions… mais où est aussi expliquée la manière dont l’assommage de l’animal peut se faire. L’utilisation du dioxyde de carbone y est toutefois formellement prohibée et le pistolet est fortement déconseillé. Seul l’étourdissement électrique peut être envisagé pour le bétail55 » uniquement, s’il assure le bien-être animal.

Pourtant aujourd’hui, l’Union des savants de la recherche islamique en Égypte a « refusé d’accéder à la demande d’associations internationales de protection animale qui souhaitaient que le Conseil accepte l’utilisation de l’électronarcose » car cette dernière entraine trop souvent la mort de l’animal. C’est également le cas en Algérie où la pratique de l’électronarcose est désormais interdite. Les oulémas en Arabie Saoudite ont également partiellement statué sur la question de l’électronarcose. En effet, selon le comité permanent de la recherche scientifique et de la consultation, « il est interdit de frapper l’animal sur la tête à l’aide d’un marteau ou d’un pistolet, de pratiquer l’électronarcose ou de lui faire inhaler du CO2 ». 

Mohammad Hawari pense que l’interdiction absolue d’abattre sans étourdissement est « une attaque au droit des musulmans de pouvoir abattre les animaux selon leur rite »56. Et Nassredine Moussaoui, ancien président de la mosquée de Bressoux et membre de l’Union des mosquées de la province de Liège, de relever : «  La décision des responsables politiques d’interdire l’abattage sans étourdissement dans les abattoirs temporaires donne l’impression, encore une fois, que les citoyens musulmans belges ne sont pas pris en considération. Il est compréhensible que les associations soucieuses du bien-être animal, pensent que l’étourdissement est la solution la moins douloureuse pour l’animal destiné à l’abattage. Mais il n’y a pas eu de débat contradictoire57. » Dans ce cas, la raison à l’opposition à l’étourdissement est aussi une opposition de principe.

Cependant, les représentants musulmans ne sont pas totalement hermétiques aux solutions palliatives avant l’égorgement. Anouar Kbibech, président du Conseil français du culte musulman (CFCM), propose un étourdissement réversible et post-jugulatoire c’est-à-dire qui n’entraîne pas d’office la mort de l’animal58. Et Olivier Falorni de dire : « Le rite casher n’accepte pas d’étourdir un animal » avant son abattage par contre « Chez les musulmans, on sent qu’il y a un peu plus débat (…) Mais aujourd’hui, la confession musulmane en France, en tout cas ses institutions, sont très réticentes à l’idée de l’étourdissement préalable. »

Finalement, la vraie question ne serait-elle pas de savoir si l’étourdissement est vraiment la panacée contre l’horreur de l’abattage industriel ?

La plupart des associations animalistes prônent l’étourdissement et lui attribuent le rôle salvateur d’atténuer la souffrance de l’animale grâce à l’état d’inconscience dans lequel la bête a été plongée.

Pourtant, il existe différents problèmes liés à l’étourdissement. En voici quelques uns.

L’animal est parfois mal étourdi, ce qui au final, lui inflige deux fois plus de souffrance. Des travaux néo-zélandais font apparaître que 2 à 54% de l’étourdissement des ovins est un échec et 16 à 17% chez les bovins59.

Ensuite, si l’animal a été bien étourdi, il doit être égorgé rapidement, et ce, afin qu’il ne reprenne pas conscience. Seulement, ce n’est pas systématiquement respecté dans les abattoirs. En résulte la reprise de conscience de l’animal alors qu’il est attaché par une patte, la tête en bas avec ses congénères qui attendent de passer à la guillotine60. Sans parler de l’électrocution du plus petit bétail qui se fait parfois à partir de matériel défectueux et qui cause donc une souffrance supplémentaire à l’animal61.

Un autre problème lié à l’étourdissement par électricité est que le courant exercé efficace pour étourdir dépend parfois de la résistance de chaque animal. De ce fait, l’animal est parfois électrocuté pendant plusieurs secondes avant d’être dans un état d’inconscience.

Enfin, l’étourdissement entraîne parfois la mort prématurée de l’animal. Dans ce cas, l’animal ne pourra pas être consommé par les musulmans vu que le sang n’aura pas pu s’écouler de la carcasse.

Joe Regenstein – professeur en science de l’alimentation et spécialiste du Casher, du Halal et du bien-être animal à l’université de Cornell – souligne l’absence de méthodologie et de rigueur scientifique en ce qui concerne les “études” sur l’abattage halal et casher. Il semblerait que les enquêteurs font de cas isolés une généralité et surtout détourne le vrai problème : l’abattage industriel.

Le professeur met en lumière le vrai problème de l’abattage rituel : l’absence de formation du sacrificateur, des outils non conformes aux préceptes religieux (extrêmement bien aiguisés), l’agressivité potentielle du sacrificateur, le fait que le sacrificateur ne connaisse pas l’endroit exact où couper pour que la coupure soit la plus efficace et enfin le fait que si la première coupure est mal faite, il faut s’y reprendre à deux fois.

Selon J. Regenstein, l’abattage rituel n’est pas plus cruel que celui avec étourdissement et de conclure : « nous constatons peut-être qu’il fait moins souffrir l’animal, car il permet la sécrétion d’endorphines, d’opiacés naturels, qui font que l’animal meurt dans une sorte d’anesthésie naturelle »62.

Enfin, le boucher Yves-Marie Le Bourdonnec, plus communément surnommé “Le boucher des stars”, est totalement contre l’étourdissement : « Depuis 1964, il y a l’abattage par étourdissement. On n’étourdit pas gentiment l’animal. Il faut savoir qu’un bœuf, on lui fracasse le crâne et qu’un petit animal on l’électrocute. Qui peut nous dire qu’égorger, c’est moins bien que fracasser le crâne d’un animal ? (…) Moi, je suis pour le tout-égorgement et on n’aura plus de problèmes. Tous les animaux. L’abattage par égorgement est le plus efficace pour éviter le stress de l’animal. Et je le constate tous les jours. Donc je suis pour l’abattage par égorgement. Je pense que l’étourdissement est une erreur. Quand on a instauré l’étourdissement, on l’a fait pour les cadences infernales des abattoirs. C’est pas du tout pour le bien-être animal. Il faut arrêter de penser ça ». Et de préciser : « Avec l’éleveur avec qui je travaille, on s’est posé la question de savoir quel abattage choisir. Il n’est pas question que la bête soit stressée, sinon ce sont des semaines d’un élevage de luxe qui sont gâchées en quelques secondes. On a donc fait appel à un sophrologue animalier, pour avoir son avis. Cet homme a garanti à mon éleveur que l’abattage par égorgement est le moins douloureux. »63

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Cet article a démontré, à partir de versets coraniques et ahadith, que la religion islamique défend les droits des animaux et qu’elle possède une vraie éthique animale : le prophète Muhammad et ses Compagnons exhortent l’homme à se comporter avec bienveillance et compassion à l’égard des animaux et interdit la cruauté jusque dans leur mise à mort. D’ailleurs, la manière dont l’homme se comporte avec l’animal reflète son intériorité.

A travers les recueils islamiques, nous avons pu constater la place importante qu’y ont les animaux et leurs différents rôles : les animaux servent d’exemple, instituent des rites, reconnaissent les saints, ont un langage, ont des sentiments, sont des communautés à part entière, prient Dieu, ont une conscience et une volonté.

De plus, comme encouragement à bien agir envers les animaux, Dieu récompensera celui qui est bon envers les créatures et punira celui qui est cruel envers celles-ci.

Dans la création, l’homme est placé au sommet de la hiérarchie mais cette position doit être perçue comme une responsabilité à l’égard du monde. Cette responsabilité, l’homme la doit à son intelligence, à ses vertus et à sa capacité à choisir en fonction du bien et du mal. Malheureusement, l’homme étant capable du meilleur comme du pire, la nécessité d’avoir un cadre psychique, des limites face à la démesure qui peut s’emparer de lui est primordiale. Finalement, cette responsabilité découlerait davantage de cette ambivalence qui lui est propre et lui incomberait par rapport à lui-même et aux autres de son espèce. C’est par la responsabilisation morale que les hommes parviendront à restaurer l’harmonie et le vivre-ensemble aussi bien entre eux qu’avec les autres espèces !

Tout ceci nous permet de déduire que l’Islam hisse le statut de l’animal à un rang très élevé. D’ailleurs, on a vu que la vie animale est sacrée car, d’une part, l’homme devra rendre compte à Dieu de toute mise à mort injustifiée d’un animal. D’autre part, le takbir rappelle à l’homme que cette mise à mort est un acte cruel et injuste que Dieu autorise et qu’Il réparera de toutes façons.

Par ailleurs, l’animal n’est pas tué pour Dieu. L’invocation du nom de Dieu ne sert qu’à rappeler que la mise à mort est un sacrifice de l’animal. C’est pourquoi, selon Al-Hafiz B. A. Masri, le sacrifice du mouton pourrait se substituer avec d’autres manières de faire l’aumône. En effet, le sacrifice n’est pas un rituel en soi, ce qui compte par dessus tout dans ce sacrifice, c’est la dévotion à Dieu, en rappel au sacrifice d’Abraham. Cette dévotion ne repose pas dans l’acte de tuer mais dans la charité. Cette dernière pourrait se faire autrement que par le sacrifice. Le Sheikh Wagdi va dans le sens de Al-Hafiz B. A. Masri.

Alors que des études scientifiques prouvent de plus en plus que les animaux ont des émotions et une conscience, l’Islam le reconnaissait depuis des siècles !

Pourtant, il est vrai que dans les abattoirs, la plupart du temps, les abatteurs musulmans sont en flagrante violation des préceptes islamiques. Bien sûr la tasmiyya et le takbir sont respectés mais les autres prescriptions éthiques primordiales ne sont pas prises en compte. Un des problèmes est qu’une partie des abatteurs professionnels musulmans ne reçoit pas les enseignements appropriés au sujet du code éthique islamique vis-à-vis des animaux. Pourtant, est-ce que l’abattage de masse et son rythme infernal permettraient à un abatteur musulman de respecter les préceptes ? Probablement pas…

Face au nombre important de vidéos sur Youtube qui témoignent du mauvais traitement que les animaux subissent lorsqu’ils arrivent à l’abattoir – que l’abattage soit rituel ou non – on peut se demander quel est l’impact de ce genre de travail sur la moralité des employés. Il nous semble que certaines professions liées au social, à la guerre, à la médecine, à la politique… entraînent une prise de distance, une désensibilisation de la part des acteurs comme seul moyen de survie. Ce processus peut mener jusqu’au point ultime de réification de l’autre, ce qui peut mener à bien des dérives. Les abattoirs sont des lieux de mort où les travailleurs vivent dans les cris, la peur, le sang, les odeurs, la pression de l’obligation de maintenir un rythme… Dès lors, il n’est pas anormal que ceux qui y travaillent perdent parfois le sens des réalités…

Est-ce que l’étourdissement pourrait être un moindre mal et conforme à l’Islam ?

D’après l’avis de Al-Hafiz B. A. Masri et de la Muslim World League, il paraîtrait que si l’étourdissement est bien fait, qu’il n’occasionne pas de souffrance supplémentaire à l’animal, qu’il n’entraîne pas la mort de ce dernier et qu’il soit mis à mort dans les 5 minutes, alors il n’y aurait aucune raison de s’opposer à l’étourdissement dans l’abattage rituel.

Le problème que pose également l’étourdissement est lié à la traduction du participe passif wâlmawqouđatou du verset 3 de la sourate 5. Entre ne pas pouvoir manger de la viande d’une bête assommée ou bien battue à mort, cela change l’interdit. Il nous semble que la seconde traduction est plus en accord avec l’interdit de manger un cadavre, ce qui n’interdirait pas en soi l’étourdissement.

Par contre, d’autres théologiens musulmans et des non-musulmans s’opposent catégoriquement à l’étourdissement. Il serait anti-islamique ou encore tout aussi cruel que l’abattage sans étourdissement.

Face à ces positions antagoniques, nous pouvons nous interroger sur l’absence de débat récent et d’études scientifiques valables sur le sujet. Il serait intéressant que des théologiens et des scientifiques avec ou sans confession, ayant des points de vue différents, se rencontrent et trouvent une manière concrète et efficace de remédier à la cruauté de l’abattage industriel. Il semblerait que les droits des animaux soient l’équivalent laïque de ce que la tradition judaïque et islamique conçoit depuis des siècles… Le débat pourrait donc mener à des points de convergences. Pour ce faire, il faudrait arrêter d’attaquer la communauté musulmane sur l’étourdissement et l’y obliger ne ferait que créer de l’animosité. Ce n’est pas en combattant l’autre qu’on fait évoluer les mentalités mais en l’écoutant, en respectant sa différence, ses idées, sa culture. Débattre non pas pour imposer sa pensée mais pour échanger, se nourrir l’un l’autre de réflexions enrichissantes en laissant le temps aux idées de faire leur cheminement de la raison au cœur. Et peut-être laisser aux acteurs concernés la possibilité de trouver d’autres solutions plus efficaces et plus conformes à leur religion. En se focalisant sur l’étourdissement et toutes les questions qui en découlent, nous bloquons notre esprit à tout autre moyen que l’on pourrait inventer.

Par ailleurs, nous ne pensons pas que la solution soit dans l’étourdissement préalable mais bien dans une révolution du système industriel et des mentalités ! En effet, cibler uniquement l’étourdissement, c’est faire fi de toute la chaîne de la production de viande, à savoir de l’élevage à l’abattage. La souffrance qu’endurent les animaux à leur naissance, pendant leur vie, lors du transport et avant d’arriver à l’abattoir, est, il nous semble, bien plus préoccupante et importante que les dernières minutes de vie d’un animal pour qui la mort, de toute évidence, ne peut être, dans ces conditions, qu’une libération. Finalement, cette obsession de l’étourdissement est symptomatique de notre société qui tente toujours de remédier à quelques conséquences plutôt que de s’attaquer aux causes !

Il est également important de savoir que la population musulmane ne représente que 6% de la population belge et 7,5% de la population française.

Pour terminer, il est manifeste que le sort des animaux préoccupe de plus en plus de musulmans. Il suffit de voir le nombre de pages sur Facebook et le nombre de blogs de musulman(e)s qui prônent le bien-être animal et qui en discutent. En outre, il existe des musulmans qui recommandent le végétarisme du moins tant que les conditions actuelles d’abattage perdurent ! Enfin, Green Halal en Belgique et Biolal en France mettent tout en œuvre pour que les préceptes islamiques soient respectés adéquatement de l’élevage à l’abattage et pour que le halal reprenne enfin tout son sens.

1 l’interdiction de causer de la souffrance animale.

2 Al-Hafiz B.A. Masri, Les animaux en Islam, p.30.

3 Maxims of Ali ; traduit par al-Halal à partir de Nahj-ul-Balagha (en arabe) ; Sh. Muhammad Ashraf, Lahore, Pakistan, p. 203, 381

4 Mohammed Hocine Benkheira, L’animal en Islam, p.143.

5 Sh. Muhammad Ashraf, Maxims of Ali, traduit par al-Halal à partir de Nahj-ul-Blagha (en arabe), Lahore Pakistan, p.436.

6 Cité par Al-Hafiz B. A. Masri in Les animaux en Islam, p.32 : Bukhari et Muslim.

7 Pour de plus amples explications : http://www.maison-islam.com/articles/?p=32

8 Cité par Mohammed Hocine Benkheira in L’Animal en islam, p.142 : Ibn Arabi, Al-Futukhat al-makkiyya, I, p. 206.

9 Muhammad Amin, Wisdom of Prophet Muhammad, Pakistan, The Lion Press, Lahore, 1945.

10 Relaté par Anas. Mishkat al-Masabih, 3 : 1392 ; cité dans Bukhari.

11 Relaté par Aïcha. Muslim, vol.4, Hadith n°2593

12 Relaté par Yahya bin Saîd, Malik bin Anas al-Asbahî.

13 Relaté par Abu Hurraira. Awn (réf. n°32), 7 : 235, Hadith n°2550.

14 Relaté par Abdullah bin Ja’far. Awn (réf. n°32), 7 : 221, Hadith n°2532.

15 Relaté par Abu Malik qui le tient de son père. Abu Dawûd et Tirmidhi in Garden of the RighteousRiyad as-Salihîn de Imama Nawawi, traduit par M.Z. Khan, 1975, Curzon Press, Londres : Hadith n°815, p.160.

16 Relaté par Jabir bin Abdullah. Muslim, vol.3, Hadith n°2116.

17 Relaté par Utbah ibn Farqad Abû Abdillah al-Sulamî. Abu Dawûd. Awn, 7 : 216-217, Hadith n°2525

18 Relaté par Abdullah bin Omar. Muslim, vol. 3, Hadith n°1958.

19 Relaté par Abdullah Ibn Abbas. Awn, (réf. n°32), 8 : 15, Hadith n°2803.

20 Relaté par Abdullah bin Abbas. Bukhari, Muslim, Tirmidhi et Abu Al-Darda. Rapporté dans Riyad (réf. n°28), Hadith n°1606.

21 Ibid. Relaté par Saîd bin Jubair.

22 Relaté par Abdullah bin Abbas. Muslim, vol.3, Hadith n°1957.

23 Relaté par Abd Allah ibn Omar, Bukhâri n°1828.

24 Relaté par Ibn Omar et par Abdallah bin Al-As, An-Nasaî, 7 : 206, 239, Beyrouth.

25 Relaté par Anas. Awn (réf. n°32), 7 : 223, Hadith n°5234.

26 Maxims (réf. n°4).

27 Relaté par Abdul Rahman bin Abdullah, bin Mas’ûd. Muslim. Également Awn (réf. n°32), Hadith n°2658.

28 Relaté par Abu Umama. Transmis par Al-Tabarani.

29 Relaté par Abdullah bin ‘Omar. Bukhari, 4 : 337 ; rapporté dans Riyad (réf n°28), Hadith n°1605 ; p.271.

30 Relaté par Abu Huraira. Muslim, vol. 4, Hadith n°2244.

31 Relaté par Abu Huraira. Bukhari, 3 : 322.

32 Mishkat al-Masabih, livre 6, chap. 7, 8 : 178.

33 Al-Hafiz B. A. Masri, Les animaux en Islam, p.69.

34 Mohammed Hocine Benkheira & cie, L’animal en Islam, p.124

35 Ibid, p.138.

36 Ibid. p.118.

37 Relaté par Abu Waqid Al-Laythi. Tirmidhi, Hadith n°1480.

38 Ibn Hamz, Kitab al-Muqni, 3 : 542.

39 Ibid., 7 : 457.

40 Relaté par Shaddad bin Aus. Muslim, vol. 2, chap. 11, section sur « Slaying », 10 : 739, verset 151.

41 Bukhari. Également Muslim, vol. 2, chap. 11, section sur « Slaying », 10 : 739, verset 152.

42 Ibid. (réf. n°46), Hadith n°4817, p. 1079.

43 Al-Furû’ Min-al-Kafi Lil-Kulini (en arabe), 6 : 230.

44 Ibid. (pour Ali voir réf. n°6)

45 Al-Hafiz B. A. Masri, Les animaux en Islam, p.72

46 Ibid., p.70

47 Marmaduke Pickthall, The Meaning of the Glorious Qur’ân, note de bas de page 2, chap.22, verset 34, p.342.

48 Un homme montre comment faire pour que l’abattage soit halal. Pas d’inquiétude, il ne tue pas l’animal : https://www.youtube.com/watch?v=CG-EfCcfF78

49 Al-Hafiz B. A. Masri, Les animaux en Islam, p.53.

50 Voir Al-Hafi B. A. Masri, Les animaux en Islam.

51 D’autres traductions vont dans le même sens notamment celles de Cheikh Boureïma Abdou Saouda, Malek Chebel, Nathan André Chouraqui, Mohammed Chiadmi.

52 D’autres traductions vont dans le même sens notamment celles de Mohammed Hamidullah, Denise Masson, Al-Hafiz B. A. Masri.

53 Relaté par Rafi’ Ibn Khadîj, Al-Bukhârî n°5498 et Muslim n°1968.

54 Al-Hafiz B. A. Masri, Les animaux en Islam, p.238.

55 L’abatage rituel et l’étourdissement : Les réponses halal de Mohammad Hawari in « SaphirNews » : http://www.saphirnews.com/L-abattage-rituel-et-l-etourdissement-les-reponses-halal-de-Mohammed-Hawari_a13279.html

56 L’abatage rituel et l’étourdissement …, op.cit.

57 Liège: les mosquées appellent les musulmans à ne pas procéder au sacrifice du mouton in « LaMeuse.be » : http://www.lameuse.be/1358663/article/2015-08-21/liege-les-mosquees-appellent-les-musulmans-a-ne-pas-proceder-au-sacrifice-du-mou

58 Rapport fait au nom de la commission d’enquête sur les conditions d’abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français, « Assemblée Nationale », n° 4038, 20/09/2016, p.117

59 Ibid., p.115

62 Propos recueillis dans la conférence Une approche scientifique de l’abattage rituel in « AVS/CILE », Saint-Denis, 21 mars 2012 : https://www.youtube.com/watch?v=8H858agjuxw&t=40s

63 Propos recueillis dans l’interview Boucher des stars, bœuf bio, Halal et Mick Jagger in « Ménard Sans Interdit », I-Télé, 2012 : https://www.youtube.com/watch?v=F407bdWHnOM

« Le procureur demande qu’un maltraitant d’animaux soit condamné à suivre un programme de protection » par Loreto Ochando // ValenciaPlaza.com // 12.11.17

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// C’est la première fois en Espagne que cette possibilité prévue dans le Code Pénal depuis sa dernière réforme est appliquée.

12/11/2017 – VALENCE. Le Bureau du Procureur de la Province de Valence est, depuis des années, un pionnier en matière juridique. Certaines de ses sections comme le Civil ou celui des Mineurs, ont créé des protocoles d’action qui sont appliqués dans toute l’Espagne. Le nouveau fer de lance du Ministère Public de Valence est la section Environnement et sa lutte contre la maltraitance des animaux. Dans un délit très difficile à prouver, et avec des peines peu élevées, les procureurs de Valence deviennent les champions de la lutte contre la maltraitance animale.

Pour la première fois depuis la dernière réforme du Code Pénal, un agresseur condamné a été inscrit dans ‘un programme de formation à la protection des animaux’. Ce programme sera complété par le paiement d’une amende et deux mois de travail au service de la communauté.

Selon le Bureau du Procureur, « cet article n’a jamais été appliqué auparavant, et nous pensons qu’il est important que les personnes qui maltraitent les animaux soient formées à la protection animale pour éviter qu’ils récidivent» .

L’exécution effective de ces mesures, comme cela se passe avec les mineurs, est essentielle pour éviter le sentiment d’impunité qui se produit lorsque certains travaux doivent être accomplis et qu’ils ne le sont pas dans les faits.

Dans le cas de cette condamnation pionnière, le condamné a déménagé et vit maintenant dans une autre province, raison pour laquelle les procureurs de Valence ont contacté leurs collègues pour s’assurer que toutes les dispositions de la décision du tribunal seront strictement respectées.

E.T. a été reconnu coupable d’avoir laissé son chien en plein mois de juillet, enfermé dans le coffre de sa voiture à Cullera pour aller à Alicante avec des amis. L’animal a essayé de s’échapper par tous les moyens mais c’était impossible. Ce sont des gens qui passaient près de la voiture et l’ont entendu aboyer et pleurer qui ont averti la police. Quand ils ont pu sortir l’animal de là, il était à moitié mort, la tête dans ses vomissements. Il a fallu l’hospitaliser pour qu’il puisse récupérer.

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Les faits

La lutte contre la maltraitance des animaux est devenue l’un des principaux combats du Bureau du Procureur. En effet, en 2016, les données montrent que les procureurs qui composent la section ont obtenu 80% de condamnations. Sur les 131 condamnations prononcées pour ce type de délit, les membres du bureau du Ministère Public ont obtenu 103 condamnations pour 28 acquittements.

Pour s’assurer que les procès se déroulent comme il se doit, une ordonnance a été rendue par le Bureau du Procureur de la Province afin que tous les délits de maltraitance commis sur les animaux soient transmis aux membres de la section Environnement. Ainsi, les accusations passent entre leurs mains et sont étudiées en détail et ils décident si elles doivent être traitées par eux ou si elles peuvent être prises en charge par quelqu’un en dehors de la section.

La section souligne le bon travail et l’implication des différents corps de police dans ce type de délit. « Sans les preuves recueillies par les agents, il serait beaucoup plus compliqué d’obtenir des condamnations quelles qu’elles soient».

L’abandon des animaux en Espagne est un problème endémique dans une société où la possession d’animaux est largement répandue, par exemple à Valence on recense plus de chiens et de chats dans les maisons que d’enfants, mais l’abandon est aussi notre pain quotidien. Une étude de la Fondation Affinity fait état de 138.000 animaux abandonnés en Espagne en 2016. Plus de 100.000 chiens et 30.000 chats ont dû être pris en charge par les refuges, des chiffres effrayants.

Les motifs principaux d’abandon, selon les raisons déclarées par les propriétaires qui viennent abandonner leur animal dans un refuge, sont le comportement de l’animal (15%), les facteurs économiques (12%), la fin de la saison de chasse (10%) et le changement de domicile (9%). Le rapport indique que 44% des animaux recueillis ont été adoptés, 19% ont été rendus à leur propriétaire grâce à leur puce, 14% sont toujours au refuge et 10% de ces animaux ont été euthanasiés.

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Mais il n’y a pas que les procureurs de la section Environnement qui ont décidé de mettre en avant et punir ces délits. L’illustre Barreau de Valence, a également créé une section ‘Droit des Animaux’. Il s’agit d’un groupe d’avocats qui, non seulement sont sensibilisés à ce problème, mais qui donnent également de leur temps et leur formation pour aider les refuges à gérer les cas de maltraitance auxquels ils sont malheureusement confrontés chaque jour.

Ce groupe de 250 avocats se bat sans relâche dans le domaine civil, pénal et administratif de la défense et du bien-être des êtres sensibles que sont les animaux. L’objectif poursuivi par cette section est d’adhérer aux nouveaux besoins qui se posent dans le domaine du droit animal. En résumé, garantir l’existence et le respect des lois qui préviennent la violence contre les animaux et organiser des activités de formation. //

« Prenons nos couteaux, allons mutiler le chien » par JAVIER MARTÍN-ARROYO // El Pais // 24-09-17

Lien de l’article original en espagnol ICI

// Première condamnation pour avoir amputé les cordes vocales et les oreilles de chiens. Une trentaine de chasseurs font l’objet de poursuites judiciaires dans dix affaires de maltraitance animale.

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Un des chiens mutilés en 2016

Les animaux montrant des plaies ouvertes infestées de vers, fuyant le contact humain et souffrant d’incontinence urinaire”. ”On avait pratiqué sur ces animaux sans raison médicale valable la cordectomie (consistant à couper ou à extirper une ou deux des cordes vocales pour empêcher le chien d’aboyer et d’ennuyer le voisin).» Les phrases ci-dessus sont deux exemples d’une atroce cruauté d’autant plus qu’elles font partie d’un rapport officiel qui a servi de preuve afin de condamner des chasseurs pour mutilation d’oreilles et cordes vocales. Les deux jugements énoncés à Valence et à Huelva au printemps dernier condamnent à un an et six mois de prison les inculpés qui n’ont pas fait appel.

Après plusieurs dizaines d’années de silence la société espagnole semble prendre conscience et commence à dénoncer la maltraitance animale, malgré l’inertie de l’appareil judiciaire; le Seprona de la Garde Civile a enregistré, rien que pour 2016, 414 cas de délits ou fautes commises sur les animaux.

Couper les oreilles et la queue des chiens de chasse à la campagne, loin de toute clinique vétérinaire est une coutume très répandue parmi les « rehaleros » (propriétaires de groupe de 40 chiens de chasse), chasseurs défendant le caractère ancestrale de cet usage. Cependant cette tradition s’est vue confrontée à la justice, et à Huelva dix procès sont en cours contre une trentaine de chasseurs inculpés pour mutilation des oreilles sur plus de mille chiens sans certificat médical. Après une première condamnation le ministère public de l’environnement a réussi à ouvrir une enquête publique pour trois autres procès et est sur le point d’accuser sept autres chasseurs pour maltraitance animale. « Juges et greffiers se sentent très concernés par la cause animale ». « Bien sûr nous accuserons quand nous aurons des preuves solides, il faut y aller avec prudence », avancent des sources du ministère public au sujet des dossiers de trois affaires.

Jusqu’à il y a deux ans le Seprona de la Garde Civile n’avait pas dénoncé pénalement ces mutilations malgré l’existence à l’époque déjà de lois des régions autonomes interdisant cette pratique et de la Vox Populi dans les milieux ruraux condamnant les manières hétérodoxes des rehaleros. Les autorités tombèrent en 2015 à Beas (Huelva) sur une rehala de 61 chiens, parmi lesquels six chiots avaient « les oreilles amputées en sang et une infection avancée », selon ce qui ressort du rapport de la police.

Le chasseur a admis avoir coupé lui-même les oreilles des chiots, mais quelques mois après il a présenté le certificat d’un vétérinaire. A la suite de quoi les agents, pour vérifier ses dires, sont allés interroger le vétérinaire Juan Aurelio Ramos qui admit « avoir mal agi » et que « son client lui avait fait de la peine, sachant que si le Seprona lui tombait sur le dos il aurait de gros ennuis ». Quelques jours après, le vétérinaire fournit à le Seprona une liste de 19 chasseurs pour lesquels il avait falsifié les certificats sanitaires. De fil en aiguille la Garde Civile tout au long de 2016 a multiplié les inspections des rehalas (plus de 40) pour vérifier si les mutilations étaient effectuées sous contrôle vétérinaire, et trouver d’éventuelles falsifications. ». Si je n’avais procédé de la sorte je n’aurais pas eu de travail» déclare, pour sa défense, Ramos aux agents.

Parallelement la Garde Civile a réclamée deux rapports à la chambre officielle des vétérinaires, le premier pour éclairer d’un point de vue scientifique et légale si ces mutilations entrent dans les critères de la loi andalouse de 2003. L’octétomie (mutilation des oreilles) et la « caudectomia (ablation de la queue) sont des interventions chirurgicales provoquant une intense douleur (…) et parfois des infections locales et systémiques chez l’animal, problèmes de cicatrisation, altération du comportement, souffrance inutile pouvant aller jusqu’à provoquer la mort du chien » souligne Alfredo Fernandez. Ce médecin expert vétérinaire fait ressortir dans son rapport »le coté exclusivement esthétique » de toutes ces amputations réalisées en pleine campagne sans aucune précaution hygiénique.

Dans la dizaine de procédures ouvertes il y a au moins deux vétérinaires mis en cause. Juan Aurelio Ramos s’est refusé à donner les motifs de sa confession comme de ses faux certificats. Mais le rehalero Diego Ramos qui détient plus de cent chiens fait valoir que ces opérations sans contrôle ont été faites pour la santé des animaux. »Les chiens s’enfonçant dans le ciste et les buissons d’épineux se déchiquettent les oreilles » ce qui justifie les mutilations afin de prévenir les blessures lors des chasses au sanglier et au cerf. » Faire couper les oreilles aux chiens par un vétérinaire coûtait beaucoup trop cher »ajoute-t-il . Tout en admettant que l’opération se faisait »sur place dans le domaine », il demande »où castre-t-on les chevaux et où soigne-t-on les taureaux? Qui va aimer mes chiens plus que moi ? »

Alfonso Aguado, président de l’association espagnole de rehalas qui compte plus d’un millier d’inscrits soutient les accusés et contre-attaque dénonçant »l’acharnement policier » : »Il faudra demander au Seprona pourquoi il n’a enquêté que dans la région de Huelva. Ni la maltraitance ni les malversations ne justifiaient la détention des prévenus, cela a beaucoup indigné la communauté de Niebla (Huelva) provoquant dans ses rues une manifestation de plus de 4000 personnes » assure-t-il.

« Nous recommandons nous-mêmes que les oreilles soient coupées chez un vétérinaire. Mais il faut prendre aussi en considération les traditions de ces personnes» précise-t-il.

Chez la partie adverse le parti animaliste PACMA fait ressortir le travail d’investigation de l’institut Armado : »Cela a été très bénéfique de pouvoir compter sur la Garde Civile afin d’obtenir les preuves nécessaires à la condamnation de ceux qui utilisent les chiens pour chasser en leur infligeant la mutilation des oreilles en toute impunité », affirme la présidente Silvia Barquero.

En Espagne, les interventions se multiplient, les cas étant innombrables. L’an passé par exemple le Seprona interpella à Burgos un homme pour avoir coupé les oreilles de son chien sans aucun contrôle sanitaire. Mais également dans cette même province une autre personne fût arrêtée pour avoir intentionnellement donné à un chien des morceaux de viande dans lesquels elle avait ajouté des bouts de lame de rasoir

UN SAUT DE QUALITE EN 2018

Les moyens judiciaires pour lutter contre la maltraitance animale vont augmenter en février prochain avec l’entrée en vigueur de la convention européenne pour la protection des animaux de compagnie qui fût signée en 1987 à Strasbourg et qui a mis la bagatelle de 30 ans à traverser les Pyrénées.

La ratification du traîté international par le sénat s’est faite en mars dernier et quand elle sera appliquée en 2018 elle aura priorité sur toutes les juridictions régionales. Pour le moment seules 7 des 17 régions autonomes que compte l’Espagne interdisent légalement la mutilation des oreilles et queues des canidés, les autres l’autorisent bien qu’en précisant que cela doit avoir lieu dans des cliniques vétérinaires.

Au printemps dernier le PP (Parti Populaire) voulait amender la ratification de la convention européenne auprès du sénat afin d’autoriser les rehaleros à continuer leurs mutilations mais quelques jours après le PP changea d’avis . »Pendant ces trois jours nous nous sommes rendus compte que nous étions seuls et avons retiré notre proposition. »explique le sénateur du P.P Alfonso Rodriguez. Avant que cette convention ne soit votée par le sénat le collectif « deux millions de chasseurs » présidé par le député du P.P Martin Bernabé porta à la connaissance de l’assemblée ce qu’il appela « l’effet fouet », c’est à dire que les propriétaires de chiens étaient blessés par le battement des queues de leurs animaux pour justifier leurs ablations, ce qui provoqua rires et moqueries du reste de élus.

En Andalousie le collectif des rehaleros à fait ressortir que la loi régionale de 2003 laissait un vide juridique exemptant la coutume de la mutilation des oreilles de toute poursuite. Pour cette raison, ils saisirent le Conseil d’Andalousie qui leur donnât raison en 2004. Cependant le Conseil andalou de la chambre des vétérinaires a bien souligné auprès de l’exécutif socialiste que la loin était « parfaitement applicable » aux chiens des rehaleros », l’opinion favorable à l’ablation des oreilles et de la queue émise par la délégation du gouvernement en 2004 n’a aucune légalité »fait ressortir ce rapport juridique rattaché à l’affaire principale instruite par le tribunal numéro 2 de Valverde del Camino concernant 25 chasseurs et un vétérinaire.

Fidel Astudillo, président du conseil andalou des vétérinaires résume l’évolution de la question de la maltraitance animale ainsi : »il y a 25 ans la société ne se préoccupait pas du fait de couper les oreilles d’un chien, de nos jours les juges sont beaucoup plus sensibles à cette cause ». //

« La Guardia Civil enquête sur une personne de Fuerteventura pour un délit de maltraitance animale » // Onda Fuerventura // Iles Canaries // 24-10-17

 Lien vers l’article original en espagnol ici

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  • // L’auteur présumé des faits détenait dans sa propriété une série d’animaux, chevaux et chiens en majorité, dans de très mauvaises conditions sanitaires
  • Les agents du SEPRONA ont même retrouvé les cadavres de cinq chiens calcinés
  • Les collaborations de la municipalité de Puerto del Rosario et du Parc Oasis Park Fuerteventura ont été déterminantes


La Patrouille du Service de Protection de la Nature (SEPRONA) a commencé à enquêter le 17 de ce mois sur une personne de nationalité espagnole (initiales J.C.M.L.), en tant qu’auteur présumé d’un délit de maltraitance pour possession sur une propriété de la localité de Casillas del Angel, dans la municipalité de Puerto del Rosario, d’un grand nombre d’animaux détenus dans des conditions d’hygiène déplorables.

Dénonciation et inspection

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Suite à la dénonciation d’un habitant, le SEPRONA s’est rendu sur les lieux pour vérifier les faits décrits et contrôler l’état des animaux.

Après avoir inspecté le site et constaté que les installations où se trouvaient les chiens étaient remplies d’excréments et que plusieurs animaux présentaient des blessures sanglantes, les agents ont immédiatement demandé la collaboration de la municipalité pour la désignation d’un vétérinaire approprié.

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Sur base du rapport rédigé initialement, et des nombreux constats faits sur place par le SEPRONA, qui font état d’une série de mauvaises conditions sanitaires mettant en danger la vie des animaux, il a été décidé de les transférer vers des installations appropriées, à savoir que les 23 chiens ont été placés à la perrera de la municipalité et le centre Oasis Park Fuerteventura a accueilli cinq chevaux et un âne.

Enquête sur le propriétaire de la finca

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Pour tous ces motifs, les agents du SEPRONA ont inculpé le propriétaire des animaux et de la propriété en question, l’informant du délit pour lequel il fait l’objet d’une enquête avec mise à disposition du tribunal de la localité de Puerto del Rosario. //