- Par Frédérique Moutsi, Master en sciences des religions et de la laïcité // pour ACTION INVISIBLE

Cet article est consacré à l’Islam et clôturera le triptyque des animaux au regard des religions monothéistes. Il découle naturellement que le dernier soit sur l’Islam étant donné que nous avions procédé de manière chronologique, à savoir dans l’ordre de leur apparition dans l’Histoire.
Actuellement, l’image de l’Islam est souvent dévoyée par certains préjugés primaires liés à la peur et au rejet de la différence que les médias utilisent et renforcent à des fins diverses. En effet, comment se faire une idée authentique de la culture de l’autre sans entrer en contact avec cette altérité que l’on condamne avant même de découvrir ?
Le rapport que l’Islam entretient avec les animaux n’est pas épargné et est souvent réduit à l’abattage halal, une des cibles préférées de nombreux défenseurs des animaux : “sans étourdissement, l’abattage est un enfer pour l’animal. Les musulmans n’ont pas d’empathie pour les animaux. Leurs principes religieux passent avant le bien-être animal!”. On peut, en outre, trouver sur des pages ou des sites islamophobes des vidéos montrant des “musulmans” maltraiter des animaux. Le maltraitant est alors essentialisé à sa seule islamité, englobant dès lors tous les musulmans. Il nous semble pourtant que le problème de maltraitance et de sadisme à l’égard des animaux est davantage lié à l’homme qu’à une religion. En effet, cette barbarie est malheureusement présente dans toutes les cultures, et ce, qu’il y ait une confession derrière ou non.
Alors est-ce que l’Islam dans son rapport aux animaux correspond à l’image que les médias dépeignent ou bien est-il à l’opposé des croyances populaires islamophobes ? Que nous disent le Coran et la Sunna des animaux et quelle est la conduite orthodoxe que l’homme doit à avoir envers les autres espèces ? L’Islam est-il plus proche du christianisme qui s’est éloigné de la compassion animale ou se rapproche-t-il du judaïsme et de son concept tsaâr baâlei ‘haïm? Quelle responsabilité l’homme at-t-il à l’égard des animaux ? Que nous dit la jurisprudence islamique (fiqh) sur la cruauté envers les animaux ? Quels sont les problèmes liés à l’étourdissement ?
Pour répondre aux questions citées ci-dessus, nous nous sommes basés sur le Coran et les ahadîth que nous avons puisés dans les ouvrages de deux auteurs musulmans : Al-Hafiz Basheer Masri, Les animaux en Islam. Mohammed Hocine Benkheira, L’animal en Islam. Ils ont tous deux une approche différente.
Le premier, Al-Hafiz Basheer Ahmad Masri (1914-1992), est né en Inde. Il détient une licence d’arabe, a été co-rédacteur en chef du magasine islamique de renom The Islamic Review et deviendra le premier musulman sunnite à être nommé Imam de la mosquée Shah Jehan de Woking en Angleterre. L’Imam, ami des animaux, a traité de nombreuses questions sur les enseignements islamiques en rapport au droit des animaux, et ce, de manière exhaustive. Il a une approche théologique sunnite. Ses principales sources sont le Coran et la Sunna. L’auteur ne mentionne pas le degré de validité des ahaîith auxquels il fait mention. Toutefois, le statut de l’auteur en tant qu’Imam et son parcours jumelé à la préface du livre écrite par Malek Chebel, anthropologue des religions renommé , nous autorise à conférer aux ahadîth une certaine validité : de hasan à sahîh. Pour rappel, la Sunna (tradition) est le corpus de l’Islam sunnite qui englobe les paroles du prophètes et de ses Compagnons. Ses paroles sont appelées ahadîth au pluriel et hadîth au singulier. La Sunna a servi a institué les dogmes et les pratiques des musulmans. Les ahadîth sont catégorisés en fonction de la valeur de chaque narrateur de la chaîne de transmission (isnad) : Ils sont soit recevables : authentiques (sahîh) ou bons (hasan) ; soit irrecevables : faibles (Dha’îf) ou inventés (Mawdû’).
Le second auteur, Mohamed Hocine Benkheira a travaillé sur le livre L’animal en Islam, en collaboration avec Catherine Mayeur-Jaouen et Jacqueline Sublet. Professeur à la Sorbonne à la faculté des sciences religieuses, il a une approche plus scientifique en tant qu’islamologue. Tout comme Al-Hafiz B.A. Masri, il se base sur le Coran et la Sunna mais se réfère, en plus, à la tradition littéraire islamique.
Ainsi, grâce à ces deux approches différentes nous pourront tenter de dégager les éléments communs et ainsi trouver la ligne éthique directrice normative à l’égard des animaux.
Pour répondre à la question de l’étourdissement, nous nous sommes également basés sur des journaux en ligne (Le Monde, SaphirNews, Al-Kanz, LCP, La meuse, L214), des diffusions de conférence, d’interviews et d’un rapport de l’Assemblée Nationale de 2016.
Précisions, pour ceux qui l’ignorent, que le Coran est divisé en sourates, l’équivalent des chapitres dans la Bible. Chaque sourate est subdivisée en versets. La plupart du temps, nous mettrons les références coraniques entre parenthèses. Le premier chiffre correspondant à la sourate, le second au verset. En ce qui concerne les ahadîth, nous vous renvoyons en note en bas de page d’abord à celui à qui a rapporté la parole, ensuite à celui qui l’a recueillie et rassemblée dans un ouvrage.
Enfin, dans cet article, nous parlerons du comportement général que les musulmans sont censés avoir à l’égard des animaux. Nous excluons donc le rapport des hommes et des chiens et des hommes et des cochons qui est assez complexe ! De plus, nous ne l’avons pas abordé dans les articles précédents. De ce fait pour être juste, il faudra élaborer un panneau synoptique des trois religions monothéistes sur ce point spécifique, ce que nous ferons ultérieurement.

De la souveraineté de l’homme
L’Islam, à l’instar des deux autres religions monothéistes, place l’homme au sommet de la création. Comme nous l’avons vu dans les articles précédents, le judaïsme voit cette souveraineté de l’homme comme une responsabilité de celui-ci vis-à-vis de la création : L’homme est le garant et le protecteur de la nature. Le christianisme, quant à lui, a rompu avec le judaïsme et a progressivement réifier l’animal. Enfin, l’Islam qui s’inscrit dans la continuité des deux religions monothéistes antérieures, rejoint la vision judaïque de l’homme à l’égard de la création : « c’est Lui [Dieu] Qui vous a fait vicaires sur la terre » (Coran 35-39).
La notion de vicaire renferme le concept de vice-régence. Cette dernière est comprise dans un cadre d’application et de limites aussi bien psychiques que physiques.
Ainsi, la souveraineté de l’homme, dans le sens islamique, se rapproche d’une autrorité patriarcale, « une disposition en vertu de laquelle le père de famille gouverne la famille avec discipline et amour paternel ». À ce sujet, le prophète Muhammad a dit : « Toutes les créatures sont comme une famille [ayal] de Dieu : et Il aime d’autant plus celles qui sont le plus bienfaisantes envers Sa famille ». De ce fait, pour plaire à Dieu, l’homme doit agir avec la création en bon père de famille.
Toutefois, il faut savoir que cette position privilégiée de l’homme n’est pas inconditionnelle. En effet, cette souveraineté se mérite et dépend du développement des vertus requises pour pouvoir prétendre à ce poste.
D’abord, dans le Coran, nous retrouvons le concept de Taqwa. Il s’agit de la puissance spirituelle contenue dans l’homme qui lui confère une plus juste ordonnance entre ce qui est de l’ordre du conscient et de l’inconscient, lui permettant ainsi de faire meilleur usage de son libre arbitre. C’est grâce à cette puissance spirituelle que l’homme peut faire germer les vertus telles que la compassion, l’amour, la miséricorde, la justice et la charité.
Ensuite, ces vertus, l’homme doit les développer et les nourrir afin d’avoir la conduite juste. Par contre, si sa conduite reflète le mal alors il est relégué au rang de bête : « Une bête féroce et sauvage est meilleure qu’un souverain méchant et tyrannique ». Dans une perspective plus large, ce hadith peut s’appliquer au cas qui nous concerne, à savoir qu’un humain en tant que souverain face à la création en général et aux animaux en particluier n’est digne d’exercer sa fonction qu’à la condition d’être profondément bon et juste.
La dernière condition qui rend légitime cette place de l’homme vis-à-vis de la création est l’usage de la raison. Dans le Coran (8 : 22), il est écrit : « Véritablement, les plus viles créatures, aux yeux d’Allah, sont celles qui sont sourdes et muettes et qui ne font pas usage de leur rationalité ». Aussi, raisonner fait partie de cette spécificité humaine qui légitime la vice-gérance de l’homme sur le monde. Toutefois, la raison seule ne suffit pas. Il faut un juste équilibre entre les vertus et la raison pour avoir la conduite adéquate à l’égard des autres espèces.
Le verset suivant (7 : 179) condamne l’ignorance et le masque de celle-ci : « (…) ils ont un coeur avec lequel ils ne parviennent point à comprendre, et des yeux avec lesquels ils ne parviennent point à voir, et des oreilles avec lesquelles ils ne parviennent point à entendre. Ils sont comme le bétail, et même moins conscients de ce qui est juste. De tels [humains] sont loins du droit chemin ». Aussi se cacher derrière l’ignorance pour justifier une action ou une conduite injuste n’est pas islamique.

Les animaux dans la tradition islamique
Le Coran cite plus d’une centaine d’animaux et les sourates 2, 6, 27, 29, 71, portent le nom d’un animal. Des versets, des ahadiths et de nombreux poèmes issus de la tradition orale leur sont également consacrés.
Ils ont donc une grande importance dans la tradition islamique et ont plusieurs rôles :
Les animaux permettent d’instituer des rites. C’est ainsi qu’ : « Allah fit surgir un corbeau qui gratta la terre afin de lui faire voir comment enterrer la dépouille de son frère. “ Malheur à moi ! s’écria (le meurtrier)”. “Je ne suis (même) pas capable d’être comme ce corbeau et d’ensevelir la dépouille de mon frère !” et il fut parmi ceux que hante le remords ». (Coran 5 : 34).
Ils sont également aptes à pratiquer les rites de la vénération : « du coq, ne dit-on pas couramment qu’il appelle à la prière ? À propos des pigeons, oiseaux sacrés souvent perçus comme les âmes des défunts, on dit au Maroc qu’ils font la circumambulation (le tawaf) autour des lieux saints… »
Ils servent d’exemple à la conduite humaine. C’est pour cela que Ali conseilla : « Soyez comme une abeille ; tout ce qu’elle mange est propre, tout ce qu’elle abandonne est agréable et toute branche sur laquelle elle s’assoit ne rompt pas ».
Le Coran reconnaît qu’il y a une organisation sociale chez les animaux et que nous avons cela en commun. « Abu Huraira a décrit le prophète racontant un incident arrivé à un autre prophète dans le passé. Ce prophète a été piqué par une fourmi et, dans la colère, il a ordonné que l’ensemble des nids de fourmis soient brûlés. Pour cela, Dieu a réprimandé ce prophète en ces termes : “parce qu’une fourmi t’as piqué, tu as brûlé toute une communauté qui me glorifiait” ». On notera ici le terme “communauté”. Il ne s’agit pas d’une analogie mais bien d’une réelle conception du monde animal en tant que chaque espèce est une communauté à part entière.
Le verset suivant confirme ce qui vient d’être explicité et peut faire penser que les animaux auraient une place au Paradis : « Nulle bête marchant sur terre, nul oiseau volant de ses ailes, qui ne soit comme vous en communauté. Nous n’avons rien omis d’écrire dans le Livre. Puis, c’est vers leur Seigneur qu’ils seront ramenés. » (Coran 6 : 38).
Dieu a donné aux animaux le nafs qui nous rappelle le néfèsh judaïque. Il s’agit de l’âme. Une différence existe toutefois entre ces deux religions : dans le judaïsme, Dieu a donné le néfèsh aux hommes et aux animaux mais seul l’homme a bénéficié du ruah, l’Esprit insufflé par Dieu à l’homme. Dans l’Islam, nafs et rûh (similaire au ruah) sont utilisés indistinctement : l’homme et l’animal en sont les dépositaires. Pourtant, une distinction existe bel et bien entre l’homme et l’animal. Elle réside dans le fait que le rûh se divise en deux niveaux et que seul l’homme est pourvu du second. Celui-ci peut se définir comme les caractéristiques de la conscience morale et spirituelle de l’homme. Le premier niveau n’en est pas moins capital car il est le « confluent du “coeur” et du corps, le siège du bien comme du mal. Il est donc celui qui permet l’équilibre et celui sur lequel repose le second degré ».
Les animaux sont capables de sacré, ils louent et prient Dieu. Dans un verset, Dieu éclaire les hommes face à leur propre ignorance à ce sujet : « Les sept cieux et la terre et toutes les créatures qu’ils renferment déclarent Sa gloire. Il n’est pas une créature qui ne célèbre son adoration ; et pourtant vous humains ! vous ne comprenez pas comment ils déclarent Sa gloire (…) » (Coran 17 : 49). Les animaux “déclarent” la gloire de Dieu. Le verbe déclarer contient une notion de volonté de dire.
De plus, le verset 41 de la sourate 24 nous informe que chaque animal a sa propre façon de prier Dieu et l’a apprise : « N’as tu pas vu [ô Muhammad] qu’Allah est glorifié par tous ceux qui sont dans les cieux et la terre ; ainsi que par les oiseaux déployant leurs ailes ? Chacun, certes, a appris sa çalât (façon de l’adorer/prière) et de Le glorifier. Allah sait parfaitement ce qu’ils font ». Le verbe utilisé dans cette sourate à propos de la prière est “apprendre”. L’apprentissage est lié à la transmission. On retrouve de nouveau une notion de volonté dans l’acte de transmettre. Par ailleurs, dans le cas de la prière, il s’agit d’un apprentissage abstrait en rapport à une croyance, une idée. Les animaux dans l’Islam sont-ils perçus comme capables d’abstraction ? Quoi qu’il en soit, il semble évident que l’acte de prier n’a de sens qu’avec la conscience de ce vers quoi l’acte tend. Les animaux auraient donc une conscience d’être à Dieu et seraient capables de saisir l’insaisissable.
Plus que les hommes – qui ont besoin de signes et de preuves pour croire – certains animaux ont la capacité de percevoir un homme saint et parfois même de le révéler : « Ce cheikh [al-Shubarbuli, début du 13e siècle] avait une chatte noire qui dormait sur ses genoux et que personne ne pouvait prendre ou caresser. Il me raconta une fois que cette chatte pouvait reconnaître les saints d’Allah (awliya Allah) (…) Le jour où notre cheikh Abu Ghafar al-Uryani vint le voir pour la première fois, la chatte était tout d’abord dans une autre pièce. Avant qu’il ne fût assis, la chatte entra et regarda : elle fit alors un saut, jeta ses pattes autour de son cou et frotta sa tête contre sa barbe ». Les animaux seraient donc dotés d’un sens spirituel qui leur permettrait de distinguer le bon grain de l’ivraie.
Bien plus surprenant encore, le Coran rappelle que les animaux possèdent un langage. En effet, il est rapporté qu’il fut un temps où certains hommes avaient la possibilité de comprendre leur langage. Voici plusieurs versets de la sourate 27 où l’on apprend que Soulaymân (Salomon) connaissait leur langage : « Et Soulaymân hérita de Dâwoûd et dit : “ Ô hommes ! On nous a appris le langage des oiseaux (…) » , « Quand ils arrivèrent à la Vallée des Fourmis, une fourmi dit : “Ô fourmis, entrez dans vos demeures, [de peur] que Soulaymân et ses armées ne vous écrasent [sous leurs pieds] par inadvertance” », « Il [Soulaymân] sourit, amusé par ses propos (…) ». (Coran 27 : 16, 18, 19).
Kisa’i, un auteur musulman du 11e siècle, nous décrit les 4 porteurs du trône divin. Ces 4 porteurs, qui seront 8 le jours du jugement dernier (69 : 17), sont des anges. Le premier à image d’humain intercède pour les humains. Le second à image de taureau intercède pour le bétail. Le troisième à image de lion intercède pour les bêtes féroces. Le quatrième à image de vautour intercède pour les oiseaux. Ce que nous pouvons dégager de cette représentation est d’une part, la proximité qui existe entre les anges et les animaux. D’autre part, bien qu’il y ait une hiérarchie entre les hommes et les animaux, de manière égale, ils soutiennent le trône divin, louent Dieu et sont soumis à sa toute-puissance divine. Enfin, on constate que les animaux ont également droit à un intercesseur. Ceci pourrait signifier que les animaux ont aussi reçu le libre arbitre grâce au rûh, sinon à quoi bon intercéder en faveur d’une créature dépourvue de choix même si leur capacité à évaluer le caractère moral de leurs actions est moins développée que chez les hommes.

Traitement des animaux
La manière dont l’homme se conduit avec les autres espèces reflète son intériorité : « Quiconque est bon envers les créatures de Dieu, est bon envers lui-même ».
Les 4 premiers ahadîth nous rapportent des paroles du Prophète Muhammad sur la manière dont il faut traiter les animaux, ils ne sont pas commentés car ils parlent d’eux-mêmes :
Un jour le prophète Muhammad a réprimandé sa femme Aïcha pour avoir traité un chameau de façon quelque peu désinvolte : « J’étais sur le dos d’un chameau rétif et le manoeuvrais de façon plutôt brutale. Le Prophète m’a dit : “il t’appartient de traiter les animaux avec douceur” »
« Le Prophète a été vu en train d’essuyer la face de son cheval avec sa robe (jullabiyah). Lorsqu’on lui a demandé pourquoi il faisait cela, il a répondu : “Hier soir, j’ai eu une réprimande d’Allah au sujet de mon cheval pour l’avoir négligé” ».
« Le Prophète a vu une fois un homme assis sur le dos de son chameau sur une place du marché, qui s’adressait aux gens. Il lui a dit : “N’utilisez pas le dos de vos bêtes comme des chaires, car Dieu a décidé qu’elles vous soient soumises afin qu’elles puissent vous emmener dans des endroits que vous ne pourriez atteindre autrement” »
« Le Prophète a une fois croisé un chameau maigre dont le ventre avait diminué jusqu’à son dos. “Craignez Dieu” a-t-il dit au propriétaire du chameau, “en ces animaux et ne les montez que lorsqu’ils sont aptes à être montés et relâchez-les quand il convient de les laisser se reposer” »
Bien que l’Islam n’interdise pas la mise à mort d’un animal pour la consommation de sa chair ou la défense, il est interdit de les tuer pour leur peau. À ce sujet il existe plusieurs ahadîth. Nous nous limiterons au hadith le plus général : « Le Saint Porphète Muhammad a interdit l’utilisation des peaux d’animaux sauvages ». Ainsi, l’utilisation de fourrure, de peau (pas celle des animaux que l’on mange) et autre braconnage sont totalement interdits.
Le Prophète Muhammad a aboli certaines pratiques païennes et traditionnelles occasionnant souffrance ou inconfort à l’animal : « Jabir a dit que le messager de Dieu a interdit de frapper ou de marquer au fer rouge la face des animaux » ; « Le Prophète a dit : “Ne coupez pas le toupet d’un cheval, car une convenance est liée à son toupet ; ni sa crinière car elle le protège ; ni sa queue, car il s’en sert pour faire partir les mouches” ». Mutiler, défigurer les animaux ou les marquer sur la face est également prohibé.
Tout ce qui est du domaine du loisir ou plaisir (corrida, chasse à courre, torture, combats entre animaux…) occasionnant de la souffrance animale est interdit : « Le prophète a condamné ceux qui considèrent tout ce qui vit comme un simple divertissement » ; « Le prophète a interdit les sports sanguinaires, tels qu’ils sont pratiqués par les bédouins » ; « Le Messager de Dieu a interdit d’inciter les animaux à se battre entre eux » ; « Ibn Umar est venu à croiser un groupe d’hommes qui avaient ligoté une poule et qui tiraient des flèches sur elle. Quand Ibn Umar a fait remarquer avec colère : “Qui a fait cela ? Vraiment ! Le Messager d’Allah a invoqué une malédiction sur celui qui fait ce genre de chose” » ; « Le prophète a dit : “Ne faites pas des êtres vivants des cibles”». Ce dernier hadith pourrait laisser entendre que la chasse est interdite ce qui n’est pas le cas. La chasse est autorisée pour se nourrir mais tous les animaux ne peuvent être chassés. Parmi eux, les carnivores, l’éléphant et l’âne. Seuls la gazelle, le lapin, l’oiseau peuvent être chassés car ils sont trop rapides pour être attrapés.
En revanche, certains animaux peuvent être tués : « Il n’y a aucun inconvénient à tuer ces cinq bêtes : le corbeau, le milan, le rat, le scorpion et le chien agressif ». Il en est de même pour tout animal qui, par analogie (Qiyâs), serait comparable ou pire. Ceci ne signifie pas qu’il faille les éradiquer de la terre. Comme on l’a vu, chaque espèce y a sa place.

Droits et devoirs de l’homme par rapport aux animaux
L’homme devra répondre devant Dieu de la mort des animaux qu’il tue : « Il n’est pas un homme qui tue [même] un moineau ou quoi que ce soit de plus petit, sans que celui-ci ne le mérite, sans que Dieu ne l’interroge à ce sujet ».
L’homme a le droit d’utiliser les animaux pour l’aider dans ses tâches mais il a aussi des devoirs : il a l’obligation de bien les traiter, de leur octroyer repos, nourriture, abreuvage et soins affectueux. Il n’y a pas moins de 17 ahadîth qui sont consacrés au respect que l’homme doit avoir pour l’animal. En voici quelques-uns que nous avons séléctionnés :
« Quand nous nous sommes arrêtés à une halte, nous n’avons pas dit nos prières jusqu’à ce que nous ayons retiré les fardeaux du dos de nos chameaux et que nous nous soyons occupés d’eux ». Ce hadith renforce l’importance consacrée au bien-être animal dans la tradition islamique. En effet, la prière, qui est un des 5 piliers de l’Islam, ne peut s’exécuter tant que l’animal n’a pas été soulagé de tous ces besoins vitaux. Ceci peut s’expliquer par le fait que ces animaux dépendent de l’homme et qu’il est donc de son devoir de subvenir aux besoins de ceux qui dépendent de lui avant les siens.
Le musulman doit être juste et compatissant envers les animaux qui l’aident : « Soyez bons envers les bêtes de somme, ne leur faites pas de mal, et ne les chargez pas plus que ce qu’elles sont capables de porter ».
Un hadith renseigne les musulmans sur le fait que les animaux ont des sentiments et qu’il ne faut pas leur causer inutilement ou injustement du tort : « Nous étions en voyage avec l’Apôtre de Dieu et il nous a laissés un moment. Durant son absence, nous avons vu un oiseau appelé hummara avec ses deux petits et nous avons pris les petits. La mère-oiseau décrivait des cercles au-dessus de nous, battant des ailes de chagrin, lorsque le Prophète est revenu et a dit : “ qui a blessé les sentiments de cet oiseau en prenant ses petits ? Rendez-les-lui” ». Le musulman a donc le devoir de préserver les animaux de la douleur physique mais aussi psychique.
Le Coran insiste à de nombreux endroits (80 : 24-32 ; 32 : 27 ; 79 : 31-33) sur le fait que tout ce que Dieu offre, il l’offre pour toutes les créatures et que tous y ont droit en juste proportion : « Et Il est Celui qui envoie les vents, tels d’heureuses nouvelles annonçant Sa miséricorde. Et Nous faisons descendre l’eau pure des nuages, avec laquelle Nous pouvons donner la vie, en irriguant la terre desséchée, et Nous étanchons la soif de ceux que Nous avons créés – à la fois les animaux et les êtres humains en grand nombre » (25 : 48-49). Le musulman a le devoir de ne pas s’octroyer tout l’espace de vie et laisser aux animaux leur habitat naturel en juste proportion. Le verset 10 de la sourate 55 le confirme : « Et la terre : Il [Dieu] a attribué à toutes les créatures vivantes ».

Récompenses et châtiments pour avoir été bon ou mauvais envers un animal
La promesse de la miséricorde de Dieu à celui qui est clément envers les animaux devrait être un profond encouragement pour le croyant tout comme la promesse d’un châtiment à l’encontre du maltraitant devrait être un frein.
« Celui qui a pitié [même] d’un moineau et épargne sa vie, Allah sera miséricordieux avec lui ».
« Le Prophète a parlé à ses compagnons d’une femme qui serait envoyée en Enfer pour avoir enfermé un chat ; ne pas l’avoir nourri, ni même l’avoir relâché afin qu’il puisse se nourrir »
« Le Prophète a parlé à ses compagnons d’un serf qui a été béni par Allah pour avoir sauvé la vie d’un chien en lui donnant de l’eau à boire et en étanchant sa soif »
« On a demandé au Prophète si ses actes de charité, même envers les animaux étaient récompensés par Dieu. Il a répondu : “ Oui, il y a une récompense envers toute bête vivante »
« « Mishkat Al-Masabih» citant « Bukhari » affirme dans le même sens que : « Une bonne action envers une bête est aussi bonne qu’être bon envers un être humain ; alors qu’un acte de cruauté envers une bête est aussi mauvais qu’un acte de cruauté envers des êtres humains » et que : « La bonté envers les animaux est promise à des récompenses dans la Vie dans l’Au-delà. » ».
Tous ces ahadith témoignent du fait que l’Islam place le respect à l’égard des animaux à l’égal de celui dû à un homme.

Ethique dans la mise à mort
Comme nous l’avons déjà évoqué plus haut, la consommation de la viande n’est pas interdite et la mise à mort d’un animal non plus. Toutefois, il y a des prescriptions, un cadre dans lequel s’inscrivent une éthique et une hygiène de vie.
D’abord pour que la viande soit licite (halal), il faut qu’elle provienne d’un animal licite et qu’elle soit abattue rituellement. Le rituel permet de lever l’interdit du meurtre lors de l’abattage. Selon Benkheira, le rituel empêche la transformation de la victime en cadavre, en charogne (mujaththema). Ainsi, lorsque la victime est mise à mort selon le protocole, la mort est mise au service de la perpétuation de la vie et ne porte pas en elle la marque de la mort. « La fonction du rituel est avant tout d’assurer la transformation de l’animal en victime licite non en cadavre, en force au service de la vie et non en force au service de la mort ». Dans le fond, il s’agit de civiliser le meurtre à l’aide du rituel car ce dernier est un interdit majeur dans l’Islam. Toutefois, comme il faut tuer un animal pour se nourrir de sa chair, « alors il faut ritualiser cette mise à mort, afin de procurer à tous – tueurs et mangeurs – l’innocence et la paix de l’âme. (…) Si l’abattage rituel des animaux, selon la loi islamique, est rangé dans la rubrique des sacrifices, c’est parce qu’il s’agit par cette catégorisation de “désigner d’abord une certaine barbarie, un fond obscur et inextirpable”. Les musulmans considèrent que ce n’est pas à eux d’assumer la lourde tâche de rendre justice aux animaux qu’ils égorgent, mais à Dieu. »
Le problème éthique de la mise à mort soulève et a soulevé débats, discussions, polémiques entre les théologiens musulmans, et ce, depuis le Moyen-Âge. Les dualistes pensaient qu’il était impossible que Dieu ait rendu l’égorgement licite : « Egorger les animaux, c’est leur faire du mal, or faire du mal est laid. Par conséquent, il est impossible que l’égorgement soit licite et permis par un décret de Dieu ». Les mutazilites adoptèrent un point de vue différent qui repose sur l’idée de justice comme compensation : « puisqu’on leur a fait du mal et infligé des souffrances, alors Dieu ne peut que réparer cette injustice. ». Cette dernière conception est la plus répandue dans le monde musulman.
Par ailleurs, il existe des interdits concernant la viande qui, outre la raison hygiénique de manger un animal vidé de son sang, pourraient également être liés à la volonté de respecter l’animal : « Tout ce qui a été coupé d’un animal, alors qu’il est encore en vie, est charogne et il est illicite (harâm) de le manger » ; « N’utilisez pas précipitamment une “créature” avant qu’elle ne soit raide morte » ; « Laissez le temps à la “créature” abattue de devenir froide ».
Les ahadith subséquents nous présentent ce qu’il y a lieu de faire lorsque l’abatteur doit tuer l’animal. Nous allons voir à quel moint les méthodes d’abattage contemporaines sont loin de respecter les préceptes islamiques.
« Il est rapporté que le Messager de Dieu a dit : “ Allah Qui est Béni et le Très-Haut, a prescrit la bienveillance envers tout [et a ordonné que tout soit bien fait] ; ainsi, quand vous devez tuer un être vivant, faites-le de la meilleure façon et, lorsque vous abattez un animal, vous devriez [utiliser la meilleure méthode et] aiguiser votre couteau afin de causer à l’animal le moins de douleur possbile ».
« On a entendu le Messager d’Allah interdire de faire attendre un quadrupède ou tout autre animal avant son abattage ».
« Le Prophète a interdit d’abattre quelque créature vivante que ce soit lorsqu’elle est attachée et ligotée ».
« La Saint Prophète a dit à un homme qui était en train d’aiguiser son couteau en présence de l’animal : “As-tu l’intention d’infliger la mort à l’animal deux fois – une fois en aiguisant le couteau à la vue de l’animal, et une fois en lui tranchant la gorge ? ». Le sens principal de ce hadith est que l’animal ne doit avoir conscience qu’il va mourir. Aussi, dans les abattoirs de masse, il est évident que l’animal à l’occasion de sentir sa mort arriver de longues minutes avant d’être réellement abattu.
« N’abattez pas des moutons en présence d’autres moutons, ou quelque animal que ce soit en présence d’autres animaux ».
« (…) Omar a vu une fois un homme refusant qu’un mouton, qui allait être abattu, boive une quantité d’eau suffisante. Il a donné à l’homme une correction avec son fouet et lui a dit : “Va, donne-lui correctement à boire au moment où il va mourir, canaille !” ». Les besoins des animaux “industriels” ne sont pas pris en compte , et ce, du lieu de la naissance à la mort.
« On rapporte que Hazrat Omar a vu une fois un homme aiguiser son couteau en vue d’abattre un mouton, alors qu’il maintenait le mouton à terre avec son pied posé sur son museau. Il s’est mis à fouetter l’homme jusqu’à ce qu’il se sauve à toutes jmabes. Le mouton, pendant ce temps, avait détalé». Les mauvais traitements liés aux conditions dans les abattoirs sont monnaie courante.
En ce qui concerne le dhabh (l’égorgement), celui qui le pratique doit être en possession de facultés mentales saines et peut être homme ou femme (musulman, chrétien ou juif s’ils n’invoquent que le nom de Dieu) généralement d’un âge supérieur à 18 ans. Il doit tuer l’animal avec un couteau des plus tranchant afin que la mise à mort se passe le plus rapidement possible et avec le moins de souffrance possible.
Lors de la mise à mort, l’abatteur doit faire une invocation qui de façon abrégée s’appelle takbir (la glorification de la grandeur de Allah). Cette invocation est composée de deux expressions : Bi-smi-llah (au nom de Dieu qui s’appelle la tasmiyya) suivie de Allahu Akbar (Dieu est le plus grand qui s’appelle takbir). Cette dernière renvoie le musulman au fait qu’il ne pourrait tuer cet animal et consommer sa chair sans l’accord de Dieu et qu’il faut s’en rappeler : « Afin qu’ils puissent se rendre compte de l’atrocité de prendre la vie, et de la nature solennelle de la charge qu’Allah leur a imposé en leur permettant de manger de la nourriture d’origine animale ».
En outre, l’abatteur peut également faire d’autres invocations plus précises (dou’as) dont le but serait d’apaiser l’animal le plus possible.
En revanche, le rythme incroyable de l’abattage industriel même halal ne laisse pas le temps aux abatteurs de suivres les règles de base de l’abattage halal. En effet, le halal s’inscrit dans un cadre bien plus large que le simple égorgement. Il s’agit d’un concept hautement éthique que le takbir vient à rappeler : la mise à mort est un acte inique et il faut s’en rappeler. C’est pourquoi, il faut accompagné l’animal dans la mort avec bienveillance et respect.
Certains musulmans, conscients du caractère anti-islamique de l’abattage industriel, tentent déjà de contrer les lobbies industriels d’abattage avec comme projet d’offrir aux animaux les conditions islamiques nécessaires à leur bien-être et leur apaisement avant la mort. C’est le cas de Green Halal en Belgique et de Biolal en France. Malheureusement, cette initiative est encore rare et les abattoirs industriels pullulent.
En ce qui concerne les animaux de la mer, il n’y a pas de règles précises concernant leur mise à mort. Néanmoins, en toute logique, il va de soi que les prescriptions relatives au bien-être et au respect des êtres vivants sont aussi d’application pour les animaux marins.

Règles juridiques islamiques
L’Islam est apparu au 7e siècle de notre ère et bien entendu la société de l’époque ne posait pas les mêmes problèmes qu’actuellement, notamment en ce qui concerne l’abattage de masse, les expériences sur les animaux… Par contre, le problème de cruauté et de souffrance animale a toujours existé. Les juristes musulmans peuvent réfléchir aux problèmes actuels à partir des textes antérieurs en faisant l’ijtihâd, c’est-à-dire l’interprétation et la réactualisation de versets et ahadîth. L’ijtihâd se pratique par analogie et inférence. C’est ainsi que se déroule la jurisprudence islamique, le fiqh.
La question que l’Islam se pose aujourd’hui est de savoir ce qui légitime la cruauté (comprise ici comme un mal à l’encontre des animaux sans volonté de faire souffrir) envers les animaux. La réponse se trouve dans les besoins et intérêts des humains tout en y insufflant l’esprit de l’Islam.
Ces besoins se divisent par ordre d’importance en 3 degrés :
1° « Les nécessités (al-Masâlih ad-darûrîyah) [sont] les besoins essentiels ou intérêts sans lesquels la vie ne pourrait être maintenue.
2° Les conditions (al-Masâlih-al-hâjîyah) [sont] les besoins ou intérêts qui sont nécessaires pour se préserver de la douleur ou de tout type de souffrance, ou pour améliorer la qualité de vie.
3° Le luxe et les plaisirs (al-Masâlih at tahsîniyah) [sont les] besoins ou intérêts qui sont souhaitables pour l’exubérance, le plaisir, ou même pour la complaisance envers soi-même. »
Seuls le 1e et le 2e degré peuvent rendre admissible la “cruauté” envers les animaux.
Par ailleurs, il existe en plus des conditions restrictives et prohibitives qui encadrent et délimitent encore le champ d’application :
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« Ce qui attire vers l’interdit, est lui-même interdit ». L’élevage et l’abattage industriels entraînent une conduite contraire aux préceptes islamiques de bienveillance envers les animaux. Les expériences sur les animaux qui ne sont pas absolument nécessaires devraient être proscrites.
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« Si deux maux s’opposent, choisissez le moindre mal pour éviter le plus grand mal. » Nous pouvons donc en déduire que les expériences sur les animaux doivent être une exception et considérées comme un moindre mal et non comme un droit. Dans le cadre de l’élevage intensif et de l’abattage, l’étourdissement serait-il un moindre mal ?
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« La prévention des dommages a priorité sur la réalisation des intérêts ou la satisfaction des besoins ». Il faut donc évaluer les avantages et les inconvénients sous tous leurs aspects pour prendre la décision la plus judicieuse. Jamais les intérêts ne doivent directement prévaloir sur les dommages occasionnés.
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« Aucun dommage ne peut être réparé ».
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« Aucun dommage ne peut être réparé par un dommage semblable ou plus important ». Il est donc interdit d’essayer de trouver des remèdes pour des maux que nous créons nous-mêmes en faisant des expérimentations sur des animaux.
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« Ayez recours à d’autres solutions, lorsque l’originale devient indésirable ». Lorsqu’il y a des solutions alternatives comme les cultures de tissus ou autres, il n’est plus permis d’utiliser des animaux pour les expériences.
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« Ce qui a été permis pour une raison, devient interdit en l’absence de cette raison ». L’élevage industriel avait pour but de pourvoir quotidiennement les citoyens en viande. Or, aujourd’hui, tout le monde sait que la consommation excessive de viande est la cause de certains problèmes de santé (cholestérol, problème de coeur…). De plus, cette production massive entraîne des dommages collatéraux : déforestation, destruction de l’habitat des animaux, famine et chômage de masse.
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« Toutes les fausses excuses entraînant des dommages doivent être rejetées». À ce dernier point peut se greffer ce qui a été dit au point précédent.
D’après le hadîth stipulant que le mususlman doit tuer l’animal de la meilleure manière possible et le point 2 des règles juridiques (face à deux maux, il faut choisir le moindre mal), l’étourdissment pourrait être envisagé. Alors pourquoi les musulmans s’opposent-ils à l’étourdissement avant l’abattage ? Cet avis est-il spécifiquement musulman ?

Polémique sur l’étourdissement
La première raison de cette opposition repose sur la traduction d’un participe passif de la sourate 5 du verset 3. En effet, selon une traduction, le Coran interdirait l’étourdissement ce qui clôturerait le débat. Voici la traduction de Cheikh Boureïma Abdou Saouda qui va dans ce sens : « Vous sont interdits (pour la consommation) : Al-Maïtah (la bête trouvée morte – non égorgée – ), la sang, la chair de porc, ce sur quoi on a invoqué un autre nom que celui d’Allah (ce qui a été tué pour autre chose qu’Allah ou pour les idoles), la bête étouffée, la bête assommée [al-mawqouðatou] ou morte d’une chute ou morte d’un coup de corne, et celle qu’une bête féroce a dévorée – sauf celle que vous égorgez avant qu’elle ne soit morte –. (…) ». La participe passif al-mawqouðatou utilisé comme substantif est donc traduit par “celle ayant été assommée ». Dès lors, on peut comprendre pourquoi l’étourdissement est proscrit et refusé par les musulmans.
En revanche, si l’on se base sur une autre traduction, l’interdiction n’est plus aussi évidente. Pour preuve, nous présentons la traduction de Maulana Muhammad Ali : « Il vous est défendu ce qui meurt de mort naturelle, et le sang, et la chair de porc, et ce sur quoi tout autre nom que celui d’Allah a été invoqué, et (l’animal) étranglé, et celui qui a été battu à mort [al-mawqouðatou], et celui qui s’est tué dans une chute, et celui qui a été tué d’un coup de corne, et celui que les bêtes sauvages ont mangé – sauf ceux que vous abattez ; (…) ». La différence est frappante. En effet, le premier cas interdit le fait d’assommer un animal alors que le deuxième intègre une nuance fondamentale à savoir que le coup entraîne la mort de l’animal. Cette traduction se rapproche davantage de l’idée maîtresse de ce verset de ne point pouvoir manger un animal mort alors que son sang n’a pas coulé hors de son corps.
Dans ce cas, ce qui est interdit, c’est de manger un cadavre (mujaththema), à savoir une bête que l’on n’a pas égorgée préalablement et non pas un animal qui a été étourdi et que l’on égorgerait ensuite encore vivant.
Enfin, ce hadîth va dans ce sens : « Tant [qu’un instrument] a fait jaillir le sang et que le Nom d’Allah a été mentionné, alors mange, sauf [ce qui a été égorgé avec] une dent et un ongle ».
La deuxième raison de cette opposition est que l’étourdissement ne permettrrait pas au sang de s’écouler aussi bien du corps de l’animal, ce qui le rendrait impropre à la consommation. En effet, outre le bien-être animal, ce qui est aussi primoridial dans l’Islam lors de l’abattage est que le sang s’écoule et se vide le plus possible du coprs de l’animal. Cette méthode est commune aux juifs, aux chrétiens et aux musulmans. De nos jours, les sociétés “judéo-chrétiennes” pratiquent toujours ce mode d’abattage sauf que l’étourdissement préalable est obligatoire. À l’origine, ce mode d’abattage se pratique pour des raisons spirituelles et hygiéniques : il s’agit de séparer le pur de l’impur et de vider le sang de l’animal qui contient de nombreuses toxines.
La question à se poser est la suivante : est-ce que l’animal étourdi éjecte autant de sang que l’animal non étourdi ?
Selon Al-Hafiz B. A. Masri, l’abattage sans étourdissement est un moindre mal à l’enfer de l’abattage industriel. L’auteur nous dit ceci : « [les musulmans] ont été amenés à croire que l’étourdissement a un effet paralysant sur les muscles du cœur et qu’il rompt le système nerveux central en endommageant le polygone de Willis. Cette perturbation affecte les battements de cœur qui, à leur tour, affectent le pompage du sang. Cette action convulsive des muscles après égorgement accélère l’extraction du sang des tissus qui composent la viande vers le flot de sang. Les convulsions sont possibles seulement si le cerveau est vivant, si le système nerveux est fonctionnel et si le cœur bat. On croit à tort que toutes ces fonctions sont interrompues par l’étourdissement de l’animal, qui provoque l’arrêt cardiaque, ayant pour résultat la formation de caillots de sang dans l’organisme en raison de la coagulation. Les scientifiques, cependant, déclarent que le cœur continue de battre et de pomper après l’étourdissement pendant un temps assez long. Les expériences montrent que l’intervalle normal entre l’étourdissement et l’arrêt des battements de cœur est d’environ cinq minutes, ce qui est une période suffisamment longue pour qu’un abatteur puisse trancher la gorge et laisser le sang s’écouler (…) Certain professionnels prétendent même que les moyens d’étourdissement libèrent le cerveau de l’animal du stress, ce qui permet au cœur de fonctionner, physiologiquement, à un rythme normal et de pomper d’avantage de sang hors du corps que dans d’autres conditions ».
Al-Hafiz B. A. Masri fait un plaidoyer pour l’étourdissement et cite la “recommandation” d’une organisation musulmane Muslim World League de 1986 : « L’étourdissement avant l’abattage par choc électrique, s’il est prouvé qu’il atténue la souffrance animale, est licite, à condition qu’il soit réalisé avec le plus faible courant électrique qui rend immédiatement l’animal inconscient, et qu’ il n’entraîne la mort de l’animal, ni ne rende sa viande nocive pour le consommateur ». Cette organisation était composée de 55 théologiens, scientifiques et dirigeants musulmans du monde et est membre de l’UNESCO, UNICEF et des Nations Unies.
Il est intéressant de savoir que la Nouvelle-Zélande, premier pays exportateur de viande de mouton halal au monde, abat rituellement les animaux préalablement étourdis.
En 2011, le théologien Mohammad Hawari « met[tait] en avant une étude théologique et scientifique effectuée par une commission présidée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Ligue islamique mondiale en 1984 et la décision du Conseil de la jurisprudence (Fiqh) de Djeddah en 1997, dans lesquelles l’égorgement sans étourdissement est présenté comme la meilleure des solutions… mais où est aussi expliquée la manière dont l’assommage de l’animal peut se faire. L’utilisation du dioxyde de carbone y est toutefois formellement prohibée et le pistolet est fortement déconseillé. Seul l’étourdissement électrique peut être envisagé pour le bétail » uniquement, s’il assure le bien-être animal.
Pourtant aujourd’hui, l’Union des savants de la recherche islamique en Égypte a « refusé d’accéder à la demande d’associations internationales de protection animale qui souhaitaient que le Conseil accepte l’utilisation de l’électronarcose » car cette dernière entraine trop souvent la mort de l’animal. C’est également le cas en Algérie où la pratique de l’électronarcose est désormais interdite. Les oulémas en Arabie Saoudite ont également partiellement statué sur la question de l’électronarcose. En effet, selon le comité permanent de la recherche scientifique et de la consultation, « il est interdit de frapper l’animal sur la tête à l’aide d’un marteau ou d’un pistolet, de pratiquer l’électronarcose ou de lui faire inhaler du CO2 ».
Mohammad Hawari pense que l’interdiction absolue d’abattre sans étourdissement est « une attaque au droit des musulmans de pouvoir abattre les animaux selon leur rite ». Et Nassredine Moussaoui, ancien président de la mosquée de Bressoux et membre de l’Union des mosquées de la province de Liège, de relever : « La décision des responsables politiques d’interdire l’abattage sans étourdissement dans les abattoirs temporaires donne l’impression, encore une fois, que les citoyens musulmans belges ne sont pas pris en considération. Il est compréhensible que les associations soucieuses du bien-être animal, pensent que l’étourdissement est la solution la moins douloureuse pour l’animal destiné à l’abattage. Mais il n’y a pas eu de débat contradictoire. » Dans ce cas, la raison à l’opposition à l’étourdissement est aussi une opposition de principe.
Cependant, les représentants musulmans ne sont pas totalement hermétiques aux solutions palliatives avant l’égorgement. Anouar Kbibech, président du Conseil français du culte musulman (CFCM), propose un étourdissement réversible et post-jugulatoire c’est-à-dire qui n’entraîne pas d’office la mort de l’animal. Et Olivier Falorni de dire : « Le rite casher n’accepte pas d’étourdir un animal » avant son abattage par contre « Chez les musulmans, on sent qu’il y a un peu plus débat (…) Mais aujourd’hui, la confession musulmane en France, en tout cas ses institutions, sont très réticentes à l’idée de l’étourdissement préalable. »
Finalement, la vraie question ne serait-elle pas de savoir si l’étourdissement est vraiment la panacée contre l’horreur de l’abattage industriel ?
La plupart des associations animalistes prônent l’étourdissement et lui attribuent le rôle salvateur d’atténuer la souffrance de l’animale grâce à l’état d’inconscience dans lequel la bête a été plongée.
Pourtant, il existe différents problèmes liés à l’étourdissement. En voici quelques uns.
L’animal est parfois mal étourdi, ce qui au final, lui inflige deux fois plus de souffrance. Des travaux néo-zélandais font apparaître que 2 à 54% de l’étourdissement des ovins est un échec et 16 à 17% chez les bovins.
Ensuite, si l’animal a été bien étourdi, il doit être égorgé rapidement, et ce, afin qu’il ne reprenne pas conscience. Seulement, ce n’est pas systématiquement respecté dans les abattoirs. En résulte la reprise de conscience de l’animal alors qu’il est attaché par une patte, la tête en bas avec ses congénères qui attendent de passer à la guillotine. Sans parler de l’électrocution du plus petit bétail qui se fait parfois à partir de matériel défectueux et qui cause donc une souffrance supplémentaire à l’animal.
Un autre problème lié à l’étourdissement par électricité est que le courant exercé efficace pour étourdir dépend parfois de la résistance de chaque animal. De ce fait, l’animal est parfois électrocuté pendant plusieurs secondes avant d’être dans un état d’inconscience.
Enfin, l’étourdissement entraîne parfois la mort prématurée de l’animal. Dans ce cas, l’animal ne pourra pas être consommé par les musulmans vu que le sang n’aura pas pu s’écouler de la carcasse.
Joe Regenstein – professeur en science de l’alimentation et spécialiste du Casher, du Halal et du bien-être animal à l’université de Cornell – souligne l’absence de méthodologie et de rigueur scientifique en ce qui concerne les “études” sur l’abattage halal et casher. Il semblerait que les enquêteurs font de cas isolés une généralité et surtout détourne le vrai problème : l’abattage industriel.
Le professeur met en lumière le vrai problème de l’abattage rituel : l’absence de formation du sacrificateur, des outils non conformes aux préceptes religieux (extrêmement bien aiguisés), l’agressivité potentielle du sacrificateur, le fait que le sacrificateur ne connaisse pas l’endroit exact où couper pour que la coupure soit la plus efficace et enfin le fait que si la première coupure est mal faite, il faut s’y reprendre à deux fois.
Selon J. Regenstein, l’abattage rituel n’est pas plus cruel que celui avec étourdissement et de conclure : « nous constatons peut-être qu’il fait moins souffrir l’animal, car il permet la sécrétion d’endorphines, d’opiacés naturels, qui font que l’animal meurt dans une sorte d’anesthésie naturelle ».
Enfin, le boucher Yves-Marie Le Bourdonnec, plus communément surnommé “Le boucher des stars”, est totalement contre l’étourdissement : « Depuis 1964, il y a l’abattage par étourdissement. On n’étourdit pas gentiment l’animal. Il faut savoir qu’un bœuf, on lui fracasse le crâne et qu’un petit animal on l’électrocute. Qui peut nous dire qu’égorger, c’est moins bien que fracasser le crâne d’un animal ? (…) Moi, je suis pour le tout-égorgement et on n’aura plus de problèmes. Tous les animaux. L’abattage par égorgement est le plus efficace pour éviter le stress de l’animal. Et je le constate tous les jours. Donc je suis pour l’abattage par égorgement. Je pense que l’étourdissement est une erreur. Quand on a instauré l’étourdissement, on l’a fait pour les cadences infernales des abattoirs. C’est pas du tout pour le bien-être animal. Il faut arrêter de penser ça ». Et de préciser : « Avec l’éleveur avec qui je travaille, on s’est posé la question de savoir quel abattage choisir. Il n’est pas question que la bête soit stressée, sinon ce sont des semaines d’un élevage de luxe qui sont gâchées en quelques secondes. On a donc fait appel à un sophrologue animalier, pour avoir son avis. Cet homme a garanti à mon éleveur que l’abattage par égorgement est le moins douloureux. »

Cet article a démontré, à partir de versets coraniques et ahadith, que la religion islamique défend les droits des animaux et qu’elle possède une vraie éthique animale : le prophète Muhammad et ses Compagnons exhortent l’homme à se comporter avec bienveillance et compassion à l’égard des animaux et interdit la cruauté jusque dans leur mise à mort. D’ailleurs, la manière dont l’homme se comporte avec l’animal reflète son intériorité.
A travers les recueils islamiques, nous avons pu constater la place importante qu’y ont les animaux et leurs différents rôles : les animaux servent d’exemple, instituent des rites, reconnaissent les saints, ont un langage, ont des sentiments, sont des communautés à part entière, prient Dieu, ont une conscience et une volonté.
De plus, comme encouragement à bien agir envers les animaux, Dieu récompensera celui qui est bon envers les créatures et punira celui qui est cruel envers celles-ci.
Dans la création, l’homme est placé au sommet de la hiérarchie mais cette position doit être perçue comme une responsabilité à l’égard du monde. Cette responsabilité, l’homme la doit à son intelligence, à ses vertus et à sa capacité à choisir en fonction du bien et du mal. Malheureusement, l’homme étant capable du meilleur comme du pire, la nécessité d’avoir un cadre psychique, des limites face à la démesure qui peut s’emparer de lui est primordiale. Finalement, cette responsabilité découlerait davantage de cette ambivalence qui lui est propre et lui incomberait par rapport à lui-même et aux autres de son espèce. C’est par la responsabilisation morale que les hommes parviendront à restaurer l’harmonie et le vivre-ensemble aussi bien entre eux qu’avec les autres espèces !
Tout ceci nous permet de déduire que l’Islam hisse le statut de l’animal à un rang très élevé. D’ailleurs, on a vu que la vie animale est sacrée car, d’une part, l’homme devra rendre compte à Dieu de toute mise à mort injustifiée d’un animal. D’autre part, le takbir rappelle à l’homme que cette mise à mort est un acte cruel et injuste que Dieu autorise et qu’Il réparera de toutes façons.
Par ailleurs, l’animal n’est pas tué pour Dieu. L’invocation du nom de Dieu ne sert qu’à rappeler que la mise à mort est un sacrifice de l’animal. C’est pourquoi, selon Al-Hafiz B. A. Masri, le sacrifice du mouton pourrait se substituer avec d’autres manières de faire l’aumône. En effet, le sacrifice n’est pas un rituel en soi, ce qui compte par dessus tout dans ce sacrifice, c’est la dévotion à Dieu, en rappel au sacrifice d’Abraham. Cette dévotion ne repose pas dans l’acte de tuer mais dans la charité. Cette dernière pourrait se faire autrement que par le sacrifice. Le Sheikh Wagdi va dans le sens de Al-Hafiz B. A. Masri.
Alors que des études scientifiques prouvent de plus en plus que les animaux ont des émotions et une conscience, l’Islam le reconnaissait depuis des siècles !
Pourtant, il est vrai que dans les abattoirs, la plupart du temps, les abatteurs musulmans sont en flagrante violation des préceptes islamiques. Bien sûr la tasmiyya et le takbir sont respectés mais les autres prescriptions éthiques primordiales ne sont pas prises en compte. Un des problèmes est qu’une partie des abatteurs professionnels musulmans ne reçoit pas les enseignements appropriés au sujet du code éthique islamique vis-à-vis des animaux. Pourtant, est-ce que l’abattage de masse et son rythme infernal permettraient à un abatteur musulman de respecter les préceptes ? Probablement pas…
Face au nombre important de vidéos sur Youtube qui témoignent du mauvais traitement que les animaux subissent lorsqu’ils arrivent à l’abattoir – que l’abattage soit rituel ou non – on peut se demander quel est l’impact de ce genre de travail sur la moralité des employés. Il nous semble que certaines professions liées au social, à la guerre, à la médecine, à la politique… entraînent une prise de distance, une désensibilisation de la part des acteurs comme seul moyen de survie. Ce processus peut mener jusqu’au point ultime de réification de l’autre, ce qui peut mener à bien des dérives. Les abattoirs sont des lieux de mort où les travailleurs vivent dans les cris, la peur, le sang, les odeurs, la pression de l’obligation de maintenir un rythme… Dès lors, il n’est pas anormal que ceux qui y travaillent perdent parfois le sens des réalités…
Est-ce que l’étourdissement pourrait être un moindre mal et conforme à l’Islam ?
D’après l’avis de Al-Hafiz B. A. Masri et de la Muslim World League, il paraîtrait que si l’étourdissement est bien fait, qu’il n’occasionne pas de souffrance supplémentaire à l’animal, qu’il n’entraîne pas la mort de ce dernier et qu’il soit mis à mort dans les 5 minutes, alors il n’y aurait aucune raison de s’opposer à l’étourdissement dans l’abattage rituel.
Le problème que pose également l’étourdissement est lié à la traduction du participe passif wâlmawqouđatou du verset 3 de la sourate 5. Entre ne pas pouvoir manger de la viande d’une bête assommée ou bien battue à mort, cela change l’interdit. Il nous semble que la seconde traduction est plus en accord avec l’interdit de manger un cadavre, ce qui n’interdirait pas en soi l’étourdissement.
Par contre, d’autres théologiens musulmans et des non-musulmans s’opposent catégoriquement à l’étourdissement. Il serait anti-islamique ou encore tout aussi cruel que l’abattage sans étourdissement.
Face à ces positions antagoniques, nous pouvons nous interroger sur l’absence de débat récent et d’études scientifiques valables sur le sujet. Il serait intéressant que des théologiens et des scientifiques avec ou sans confession, ayant des points de vue différents, se rencontrent et trouvent une manière concrète et efficace de remédier à la cruauté de l’abattage industriel. Il semblerait que les droits des animaux soient l’équivalent laïque de ce que la tradition judaïque et islamique conçoit depuis des siècles… Le débat pourrait donc mener à des points de convergences. Pour ce faire, il faudrait arrêter d’attaquer la communauté musulmane sur l’étourdissement et l’y obliger ne ferait que créer de l’animosité. Ce n’est pas en combattant l’autre qu’on fait évoluer les mentalités mais en l’écoutant, en respectant sa différence, ses idées, sa culture. Débattre non pas pour imposer sa pensée mais pour échanger, se nourrir l’un l’autre de réflexions enrichissantes en laissant le temps aux idées de faire leur cheminement de la raison au cœur. Et peut-être laisser aux acteurs concernés la possibilité de trouver d’autres solutions plus efficaces et plus conformes à leur religion. En se focalisant sur l’étourdissement et toutes les questions qui en découlent, nous bloquons notre esprit à tout autre moyen que l’on pourrait inventer.
Par ailleurs, nous ne pensons pas que la solution soit dans l’étourdissement préalable mais bien dans une révolution du système industriel et des mentalités ! En effet, cibler uniquement l’étourdissement, c’est faire fi de toute la chaîne de la production de viande, à savoir de l’élevage à l’abattage. La souffrance qu’endurent les animaux à leur naissance, pendant leur vie, lors du transport et avant d’arriver à l’abattoir, est, il nous semble, bien plus préoccupante et importante que les dernières minutes de vie d’un animal pour qui la mort, de toute évidence, ne peut être, dans ces conditions, qu’une libération. Finalement, cette obsession de l’étourdissement est symptomatique de notre société qui tente toujours de remédier à quelques conséquences plutôt que de s’attaquer aux causes !
Il est également important de savoir que la population musulmane ne représente que 6% de la population belge et 7,5% de la population française.
Pour terminer, il est manifeste que le sort des animaux préoccupe de plus en plus de musulmans. Il suffit de voir le nombre de pages sur Facebook et le nombre de blogs de musulman(e)s qui prônent le bien-être animal et qui en discutent. En outre, il existe des musulmans qui recommandent le végétarisme du moins tant que les conditions actuelles d’abattage perdurent ! Enfin, Green Halal en Belgique et Biolal en France mettent tout en œuvre pour que les préceptes islamiques soient respectés adéquatement de l’élevage à l’abattage et pour que le halal reprenne enfin tout son sens.