Nous l’avions visité il y a deux ans, le temps d’un après-midi rapide, intense, trop court. Nous y sommes revenues cette fois, cinq jour , trop courts eux aussi. Toujours aussi beau, avec son air à l’architecture déconstructiviste, planqué dans son décor Leonien, il sent bon le far west et la terre ocre et chaude.


Tellement bien planqué que nous attendons Geert au bar du village pour nous conduire jusqu’au refuge. Geert est bénévole depuis deux ans. Il lui consacre beaucoup de temps, d’énergie et de coeur. Educateur canin, il joue un rôle important dans l’organisation du refuge et l’évolution des chiens.



Nous avons pu constater avec fierté l’avancée de Tierra Perra, la future aire de récréation et de travail pour les chiens du refuge, dont la réalisation a été financée grâce à la générosité des personnes suivant ce beau projet, et qui est sur le point d’être opérationnelle.



Sagunto est un sanctuaire plus qu’un refuge, dont Carmen, la fondatrice qui vit dans le refuge-même, incarne l’âme qui veille sur ses chiens comme sur ses enfants. Le niveau de bien-être pour les animaux que les bénévoles ont réussi à atteindre, avec le peu de moyens dont ils disposent, est tout simplement impressionnant.






Beaucoup débordent d’affection… Pour certains, nous pourrions parler d’attaque d’amour.


Structuré en plusieurs « carrés » spacieux, le refuge est extrêmement bien organisé sur tous les plans. Dans le carré VIP, où vit Carmen, il y a les (ses) chiens les plus vieux et les plus fragiles.






Au VIP, tout est permis….
C’est le temps des câlins (mais ça, c’est tout le temps).
Le temps des médicaments aussi.
Le temps de manger, bientôt.
Celui du bain et des soins.
Celui des débriefings importants. Les bénévoles et Carmen prennent aussi le temps de parler de chaque cas. Toutes les opinions et tous les conseils sont entendus pour choisir la meilleure direction.


Et puis il y a le temps des urgences, celui de l’enfer…
Toute la violence et la dureté dont sont victimes les chiens de chasse dans la région et auxquelles les bénévoles sont confrontés quasiment quotidiennement nous ont percutées de plein fouet, comme une gifle en pleine figure, avec l’histoire d’Escocia, cette petite galga sans poils qui n’avait que la peau sur les os, que les bénévoles avaient récupérée quelques mois auparavant dans un camp de gitans dans un état qui dépasse l’entendement, et qu’ils tentaient par tous les moyens de sauver malgré son extrême cachexie qui n’évoluait que très lentement.Un matin, Escocia s’est brutalement effondrée devant nous, secouée de violentes convulsions et hurlant de douleur. Transportée d’urgence dans une des meilleures cliniques de la région.
Elle est décédée quelques jours après notre départ….
Les sorties régulières chez le vétérinaire pour les vaccins et les contrôles de routine ne plaisent pas à tout le monde.
Nous avons accompagné Vicente, bénévole et ami de de Carmen. Vicente, lui aussi, joue un rôle capitale et fait partie des piliers du refuge.
S’applaudir est primordial lorsqu’on a été sage.
Le temps est aux récréations et aux promenades à travers les champs d’orangers.
En attendant, certains se font des parties de foot (et c’est pas pour rire).
Il y a aussi les chiots .
Et les petits qui sourient… ou pas !

Il y a Chester le gros nounours qui attend depuis des années …
L’histoire de Chester est triste. La première partie de sa vie, il l’a passée dans une maison de montagne isolée avec une famille de quatre jeunes enfants, sans aucun autre contact avec le monde…. Chester n’avait probablement jamais vu d’autres chiens avant de se retrouver au refuge, il ne s’entend pas bien avec eux et vit donc à l’isolement. Une jeune femme l’avait adopté, connaissant bien les chiens, avec une empathie immédiate et très grande pour Chester. Il s’est adapté étonnamment bien à sa vie et à sa nouvelle propriétaire, au point qu’elle n’avait presque pas besoin d’utiliser la laisse, car il était toujours à la surveiller et restait à coté de sa jambe. Il est devenu un peu protecteur. Tout allait bien jusqu’au jour où un cousin de l’adoptante, en ignorant les avertissements qu’elle lui avait donné de ne jamais rentrer chez elle si elle n’était pas là, est rentré et Chester l’a arrêté, naturellement. Il l’a immobilisé par la cheville et ne l’a pas lâché jusqu’à ce qu’elle rentre.
Si cela avait été un voleur, maintenant Chester serait célèbre car il avait agi comme il se doit, mais comme c’était un membre de la famille… il s’est retrouvé à la fourrière.

Chester est tout simplement un chien de garde parfait, gentil, doux, affectueux et non agressif.
Et puis, il y a tous les autres….. Ils jouent, se reposent, sourient, s’engueulent, vivent leur quotidien au refuge.
Notre attention en caresses, en bonbons, en compliments, est vitale pour eux.
Et puis, il y a le temps des coups de foudre…
Nous avons eu la chance de participer à un reportage filmé sur le refuge. Vicente et Geert ont été interviewés afin d’expliquer précisément leur rôle et le fonctionnement du refuge.
Et contre toute attente… Action Invisible était également sous les projecteurs.
Durant ces 5 jours, nous avons (re)découvert un refuge hors norme, un havre de paix pour la centaine de chiens qui y réside, dans lequel l’on prend en compte les besoins spécifiques de chaque chien, cas par cas. Les bénévoles nous ont accueillies à bras ouverts, avec cette joie et cette chaleur si particulières que l’on ressent dans chaque refuge visité. Carmen, Vicente et Geert ont pris le temps et la confiance de nous raconter le refuge à l’image des merveilleuses personnes qu’ils sont.
C’est le temps des Adieux.
Muchas Gracias !
Ça dure toujours, on s’en souvient.
par Vanessa // Action Invisible