» La mort par balle d’une chienne à Barcelone mobilise plus de 3500 personnes.

(SOPA Images / Getty)
La mort d’une chienne nommée Sota, abattue d’un tir à la tête par une « guardia urbana » de Barcelone a mis de nouveau en lumière l’hypersensibilité d’une société qui ne pardonne plus la maltraitance animale. Plus de 3500 personnes ont manifesté samedi dernier sur la place Sant Jaume de Barcelone pour exiger, et ce sans attendre les résultats de l’enquête en cours, que le responsable soit puni. Cette importante manifestation a provoqué désordres, rues barrées et l’arrestation de cinq personnes.
Il reste encore à déterminer si la conduite de cet agent de la
« Guardia Urbana » est justifiée ou pas (les versions divergent) mais une chose est très claire: avec les animaux on ne plaisante plus.
La réaction immédiate des habitants à l’incident (les réseaux sociaux ont été le meilleur moyen de propager la nouvelle) a été appréciée par les associations de défense animale. « Il est émouvant de constater que la mort injuste d’un chien a pu mobiliser autant de personnes. Cela démontre que les animaux ne sont plus seuls et que l’on commence enfin à leur donner l’importance qu’ils méritent » affirme Aîda Gascon Bosch, directrice de Anima Naturalis España.
Les grands rassemblements, reflet des nouveaux moyens de lutte des animalistes
Sota a été abattue d’un tir dans la tête le 18 décembre dernier, la chienne vivait depuis plus d’un an avec Tauri, un globe trotter qui vend dans la rue colliers et bracelets de sa propre création. Tauri et Sota rencontrèrent ce jour là une patrouille de la « garde urbaine » pour un contrôle d’identité de routine qui tourna mal. Les versions sur l’incident sont contradictoires; le rapport de police dit que l’agent a tiré sur Sota en état de légitime défense après que l’animal lui eut mordu le bras. Des témoins affirment cependant que Sota était une chienne habituée à la vie dans la rue, calme avec tous, qu’elle n’a eu aucune réaction violente à l’arrivée de la patrouille et qu’elle a été froidement exécutée par l’un des gardes.
La réponse spontanée de plus de 3500 habitants rassemblés dans Barcelone est un fidèle reflet des changements d’une société qui n’a jamais été aussi sensible à tout ce qui concerne le monde animal; ces personnes n’ont pas hésité un instant à voler du temps à leurs habitudes, à leurs loisirs, à leur vie de famille pour manifester contre la mort d’une chienne dont ils n’avaient jamais entendu parler ni ne connaissaient l’existence.
Pythagore a ouvert le chemin de la liberté pour les animaux en libérant les spécimens qu’il achetait dans les marchés grecs
Une hypersensibilité au monde animale qui est arrivée cependant « très tard en Europe » comme l’affirme Aida Gascon. Dans la Grèce antique d’illustres personnages comme Pythagore avaient déjà montré la voie. » Le mathématicien, philosophe, végétarien développa une des toutes premières pensées de libération animale en achetant des spécimens vivant dans les marchés pour leur rendre leur liberté. » affirme Gascon. Au XVII siècle aux Etats -Unis on vota les premières lois protégeant les animaux domestiques tandis qu’en Europe il fallut attendre la fin XIX siècle pour voir apparaître les premières associations de protection animale » mais ce n’est qu’au milieu du XXéme siécle que l’on a créé en Europe les véritables fondations du mouvement pour les droits des animaux et qui commencent aujourd’hui à porter leurs fruits. » considère la directrice de Anima Naturalis.
En Espagne le mouvement pour la défense des animaux est apparu bien plus tard que dans le reste de l’Europe. « Il a fallu attendre 1976 pour voir la création de la première ONG espagnole consacrée à la défense des animaux, mais ce n’est vraiment que dix ans plus tard qu’ont fleuri les premiers mouvements et organisations pour la libération animale. Ceux-ci bien plus radicaux ont adoptés de facto une philosophie végétarienne plus en accord avec le droit des animaux » rappelle Gascon.

Mais le grand saut du mouvement animal en Espagne n’a eu véritablement lieu que ces dernières années » tout a été possible – indique Aida Gascon -grâce à la globalisation et à l’avènement des réseaux sociaux. Les nouvelles générations sont plus sensibles aux injustices dans ce domaine et ont une plus grande conscience écologique ce qui aide à avoir une autre vision du monde animal. »
On peut constater dans ce genre de manifestations, comme celle en faveur de Sota, différents courants dans la lutte pour la défense des animaux. Le plus radical, reconnaît Gascon, est le mouvement abolitionniste « ce sont les personnes qui refusent toute consommation de produits d’origine animale », pour eux tout est maltraitance. D’autres courants comme les « regulacionista » ou « bienestarista » ne sont pas si extrêmes et admettent que l’utilisation d’animaux dans certaines circonstances bien déterminées peut être acceptable » rajoute Gascon.
Les dernières générations sont les plus sensibles à la cause animale selon les sondages
Entre les extrêmes triomphe la position intermédiaire; Aida Gascon révèle que cette attitude « est la plus commune en ce moment, combinant pragmatisme et morale, militant pour les réformes afin d’aboutir à l’abolition de l ‘esclavage animal. »
Les messages envoyés par les associations de défense des animaux n’ont jamais eus autant d’impact sur la société. Un animal n’est ni un objet ni un instrument pour satisfaire les besoins humains.
Comme dit Aida Gascon « ce qui a déclenché le plus de prises de conscience c’est de constater dans les dernières études que nos animaux de compagnie souffrent et éprouvent des sentiments. »
Les organisations comme Anima Naturalis se sont fixées comme objectif le changement des lois afin de punir avec la plus grande sévérité abus et violences faites aux animaux. Ces derniers ne peuvent se défendre, c’est pourquoi la société, conclut Gascon » se doit de veiller sur leur bien être et protester quand il y a abus et violences. » //