« Adopter un galgo, c’est transformer la violence en amour, mais quelles mesures manquent pour en finir avec la maltraitance ? » // Argentine // Carbono.news // 5.11.21

Fuente: ONG Adopta un galgo

// Ces dernières années, les opérations de sauvetage se sont multipliées et le travail des organisations et des refuges s’est intensifié. Cependant, le projet de loi visant à interdire la chasse avec des chiens est toujours au point mort au Congrès.

Dès le premier instant, Flor a ressenti une connexion particulière avec Atilio. Lorsqu’ils lui ont raconté l’histoire de son abandon, de transits et d’adoptions ratées, elle n’a pas hésité à lui ouvrir les portes de sa maison et à lui offrir une nouvelle chance. « Ati est arrivé avec beaucoup de peurs très classiques, peut-être causées par une famille qui ne s’est pas occupée correctement de son éducation dans les premiers mois. A ce jour, il est toujours très craintif », raconteà Carbon News Flor Petra, photographe, éducatrice canine et co-fondatrice du projet  « Un perro largo », un projet qui vise à promouvoir le bien-être animal, à sensibiliser à l’adoption responsable et à déconstruire les pratiques culturelles en matière d’entrainement, de comportement et de communication avec les chiens.

« Ati a été retrouvé sur la route avec ses sœurs. L’organisation Hogar Amor de Galgo l’a sauvé et après des semaines, ils l’ont mis à l’adoption. La famille qui l’a adopté au début l’a rendu lorsqu’il avait six mois parce que la fille du propriétaire était tombée enceinte. C’était ça l’explication. Puis il a été adopté par une personne qui, dès qu’il est rentré chez lui, ne l’a pas aimé à cause de sa taille. J’habitais un appartement de deux pièces et cette personne avait une grande maison, avec un parc. Bien qu’au début nous voulions qu’il soit dans un endroit plus calme et moins bruyant, voyant qu’il y avait tant de gens irresponsables et vu l’amour que nous lui portions déjà, nous avons décidé que nous serions la famille qui allait s’engager envers lui pour toujours. Et c’est ainsi que nous l’avons adopté».

« Ils ont trouvé Ati sur la route avec ses sœurs », dit Flor (Photo : Gentileza)

Le cas d’Ati n’est pas un cas isolé et reflète la dure réalité que vivent des milliers de galgos dans notre pays. Bien que l’interdiction des courses ait été rendue effective avec l’adoption de la loi 27 330 de 2016, les galgos sont toujours exploités, maltraités et utilisés pour la chasse. Pour cette activité, ils liment leurs dents, les forcent à se reproduire et les enferment dans de minuscules cages sans contact avec les autres animaux. Lorsqu’ils ne sont plus considérés comme « utiles » et ne « satisfont plus » aux intérêts humains, ils sont jetés sur les routes et les terrains vagues. La plupart sont trouvés dans des états lamentables, blessés et sans vaccins.

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« Les lévriers que nous sauvons sont des animaux brisés. Leur volonté est brisée, leur corps est brisé. Ce ne sont pas des chiens d’exposition ou taillés sur mesure selon les caprices de l’«acheteur». Ce qui manque le plus, ce sont des personnes prêtes à adopter des galgos âgés, borgnes, avec des maladies chroniques, sans dents, avec trois pattes. Ce qu’il faut, toujours, c’est plus d’empathie », explique Carla Zapata , coordinatrice de l’ ONG Ché Galgo, à Carbon News. Et elle ajoute : « Le principal défi que nous avons c’est de faire comprendre aux gens qui nous suivent que nous ne nous occupons pas seulement de mettre des chiots à l’adoption. Ils ne verront pas seulement des galguitos heureux en attente d’une famille mais, surtout, des images douloureuses à travers lesquelles nous cherchons à faire prendre conscience des souffrances auxquelles sont soumis les animaux par l’utilisation et l’appropriation faites de leur vie ».

Bien que l’interdiction des courses ait été rendue effective par l’adoption de la loi 27 330 de 2016, ils sont toujours exploités (Photo: Gentileza)

La maltraitance s’étend à toutes les régions du monde. Alejandra Peralta , fondatrice de Adoptá un galgo en Argentina , une ONG qui sauve, récupère et replace des galgos dans des familles aptes à leur adoption. Alejandra a fait ses premiers pas en 2009 alors qu’elle vivait en Italie et avait contacté une organisation qui sauvait des lévriers en Espagne. Elle a alors adopté Paloma, sa première galga.

« Paloma m’a ouvert les yeux. C’est notre reine mère, elle est super spéciale pour moi et pour l’ONG. Avec elle, je me suis intéressée à cette problématique, j’ai commencé à m’informer sur la façon dont la question était traitée en Argentine et je me suis aperçue qu’il n’y avait pas d’informations. A cette époque personne n’adoptait de lévriers car dans l’esprit des gens, les lévriers étaient faits pour courir et n’étaient pas des chiens adoptables. Les lévriers devenus inutiles pour les courses ou la chasse se retrouvaient dans une perrera ou cassés, brisés, blessés, toujours jeunes car ils arrivaient rarement à vivre vieux », poursuit Alejandra.

« Les lévriers peuvent vivre dans un appartement, ils peuvent sortir se promener » (Photo: Gentileza)

Alejandra a rapidement découvert que la réalité en Argentine n’était pas très différente de la situation en Espagne. A son retour au pays en 2011, elle s’efforce d’informer et de démystifier certaines croyances relatives à cette race : « Les lévriers peuvent vivre en appartement, ils peuvent sortir se promener et bien qu’ils soient doués pour la vitesse, ces chiens n’ont pas besoin de courir tout le temps. Ils aiment aussi dormir et s’allonger confortablement le ventre en l’air dans un canapé », poursuit Alejandra. Son ONG n’est pas un refuge et les adoptions sont possibles grâce aux foyers de transit qui accueillent les animaux, les soignent et les aident à récupérer physiquement et émotionnellement jusqu’à ce qu’ils soient en état de rencontrer leurs futures familles. Ils ont aussi une équipe d’éducateurs canins qui conseillent les adoptants sur la façon de travailler avec les chiens. Comme ils ne reçoivent pas de subsides, ils vivent grâce au soutien des membres, des bénévoles et de ceux qui les suivent.

Chiens de maison, pas chiens de chasse

Le 30 octobre est le jour choisi pour donner de la visibilité et sensibiliser aux maltraitances subies par la race. Ces dernières années, les sauvetages se sont multipliés et le travail des organisations et des refuges s’est intensifié, mais quelles mesures sont nécessaires pour mettre fin à la violence ?

« Bien que la loi interdisant les courses a été adoptée il y a plusieurs années, le problème des lévriers subsiste. Beaucoup de gens les utilisent pour la chasse aux lièvres (et souvent aussi pour chasser des animaux plus gros comme les sangliers) considérée comme un « sport  » et les chiens finissent souvent blessés. Ce que vous voyez dans les villages, c’est que ces gens, qui sont généralement des hommes, veulent te donner les chiens qui ne leur sont plus utiles, mais ils ne te donnent pas ceux qui leur servent. Le lévrier est un outil et quand il s’arrête de fonctionner, quel que soit le problème, il est mis au rebut « , explique Flor qui, avec son amie et associée Mumi, a lancé la campagne  » Perros de casa  » et travaille à la réalisation d’un documentaire qui met en évidence les mauvais traitements subis par les lévriers et encourage la discussion au Congrès du Projet de loi sur l’interdiction de la chasse avec des chiens présenté par la députée Graciela Camaño.

Le projet d’interdiction de la chasse avec des chiens n’a toujours pas été discuté au Congrès (Photo : Gentileza)

« Avec ce projet ‘Un perro largo’, nous voulions voir à quel point il y a une prise de conscience de cette question et nous nous sommes rendu compte que très peu de gens connaissent ce problème et que l’information n’est pas diffusée. Les lévriers ne sont pas à la mode; il y a une surpopulation et nous voulons que les gens sachent d’où viennent les chiens qu’ils voient dans la rue », ajoute-t-elle. Dans le texte du projet, la députée est claire : « L’utilisation de chiens pour la chasse implique l’exercice d’une cruauté et d’une violence extrême, car elle les oblige à participer à des massacres cruels, violents, sous le prétexte de la tradition, du sport et de la culture. Il est nécessaire d’établir une relation avec les animaux non humains qui dépasse le paradigme de l’instrumentalisation pour commencer à les considérer comme des êtres avec une valeur unique ».

Les « galgueros » s’opposent non seulement au projet, mais cherchent également à abroger la réglementation in

L’ONG Ché Galgo et le Dr Natalia Pallavicini, présidente de l’Institut du Droit Animal du Collège des Avocats de du Santa Fe 1 CJ, ont également travaillé à ce projet de loi. « Actuellement le projet de loi a un statut parlementaire, mais il n’a pas encore été traité en commission. Il est important que la loi soit approuvée car c’est une reconnaissance de plus du droit à la vie que les animaux ont, de leurs droits subjectifs, au-delà des intérêts humains de disposer de leur vie pour le divertissement, les paris, la compétition ou la cruauté. Vivre dans une société sans violence signifie une société où tuer des animaux en utilisant d’autres animaux, par habitude ou par perversion, est un comportement interdit et sanctionné par la loi», explique Carla. De leur côté, les galgueros non seulement s’opposent à ce projet mais cherchent aussi à abroger la réglementation qui interdit les courses.

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Des organisations de sauvetage, des militants pour les droits des animaux et des espaces politiques travaillent pour que ce projet de loi devienne enfin une loi. Le projet ‘Un perro largo’ prône l’entraide : « Si nous nous entraidons, peut-être qu’ensemble nous pourrons changer l’histoire et un jour, le Z deviendra S ». //

Pour soutenir le documentaire ‘Un perro largo’ : https://linktr.ee/unperrolargo

Pour signer la pétition qui vise à interdire la chasse avec des animaux : https://bit.ly/3Gz8tDV

Pour suivre le projet ‘Un perro largo’ sur Instagram : https://www.instagram.com/unperrolargo/