« Le refuge ‘Recal’ alerte sur le grand nombre d’abandons de lévriers dans la région d’Almendralejo » // Estrémadure // Hoy.es // 23.02.20

// Controverse. Fedexcaza dément les chiffres et souligne que la plupart des chasseurs prennent soin de leurs chiens.

Les lévriers occupent plusieurs chenils dans le refuge d’Almendralejo. Esther HC

La Journée mondiale des lévriers  est célébrée chaque année le 1er février. Le lévrier est une des races de chiens les plus anciennes de notre pays, mais le mois de février n’est précisément pas une belle période pour ces chiens. «Les lévriers sont utilisés dans notre pays essentiellement pour la chasse, et certains propriétaires les relachent dans la nature, les abandonnent dans un refuge, ou même les sacrifient lorsque le lévrier ne leur sert pas, ou qu’ils considèrent qu’il est trop âgé pour courir assez vite». C’est ce qu’affirme le refuge Refugio Canino de Almendralejo (Recal), qui souligne encore que février est le mois où l’on abandonne le plus de chiens de cette race.

« Ils sont abandonnés, abattus, pendus aux arbres ou on leur arrache la puce avant de les relacher dans la nature. Le refuge connaît pour l’instant une entrée massive de lévriers. » C’est Magdalena Sanguino, la présidente de Recal, qui parle ainsi. « Ils les relachent dans la nature lorsqu’ils ont deux ou trois ans, car il y en a toujours d’autres qui courent plus vite, et ceux qui dépassent cet âge sont abandonnés à leur sort. »

Le refuge Recal explique qu’il a recueilli jusqu’à quatre-vingt-dix lévriers par saison. « Maintenant, le nombre a un peu baissé parce que nous avons fait une liste d’attente, donc chaque fois que quelqu’un veut abandonner un chien au refuge, on les appelle au fur et à mesure que nous leur trouvons des familles, pour ne pas que les chiens s’entassent au refuge. »

Certains chasseurs font de l’élevage sélectif, précise Sanguino, et sélectionnent les spécimens selon qu’ils chassent ou non. «Cela a pour effet que beaucoup ne sont pas sociables et ont peur des gens. Il est presque impossible de les ‘apprivoiser’, car ils n’ont pas été socialisés.

« Souvent, ils ne connaissent que leur propriétaire et ne connaissent rien du monde, juste la campagne, ce qui explique qu’ils sont paniqués au moindre bruit. Beaucoup sont irrécupérables ».

Cependant, la présidente de Recal pense qu’après toutes ces années de travail sur la sensibilisation et le respect des animaux, « beaucoup de progrès ont été accomplis ».

«Avant les chasseurs laissaient les lévriers derrière la porte du refuge et le refuge était surpeuplé. Maintenant, la majorité des chasseurs ont un peu plus de conscience, mais on rencontre de tout».

« De plus, on constate qu’il y a davantage de dépôts de plaintes et qu’elles font plus souvent l’objet d’une enquête. Maintenant, il y a beaucoup de pression sociale sur les chasseurs et il y a aussi plus d’alternatives. »

Sanguino pense qu’un chasseur qui est une bonne personne peut attendre longtemps avant que son tour vienne sur la liste d’attente pour donner son lévrier au refuge et qu’il trouve une famille s’il est récupérable. « Le problème c’est que pour certains chasseurs, le lévrier est considéré comme un instrument de chasse, bien que, comme d’autres races, il commence petit à petit à être considéré comme un animal de compagnie. »

« Il existe malheureusement des mafias de lévriers et avec cela la peur des vols d’animaux, ce qui ne contribue pas à la normalisation de la race.  Malgré tout cela, il y a des lévriers adoptés et des campagnes de sensibilisation, en particulier à l’étranger et c’est ce qui fait que j’ai confiance dans le fait que les choses évolueront et changeront» poursuit la présidente du refuge.

Le refuge Recal pense que la pratique actuelle des chasseurs de relacher les lévriers dans la nature a pour impact que les refuges sont saturés par ces chiens. Et il est de plus en plus difficile de les faire adopter à l’étranger, car il y a beaucoup d’animaux espagnols. Une des solutions possibles que préconise le refuge Recal serait de limiter le nombre de chiens par chasseur.

José Maria Gallardo, président de la Fédération des chasseurs d’Estrémadure (Fedexcaza), dément ces affirmations et affirme que la plupart des chasseurs prennent soin de leurs lévriers et ne les abandonnent pas. «Toutes les organisations ont leurs brebis galeuses, je ne vous dirai pas qu’il n’y en a pas parmi les chasseurs, mais c’est une minorité».

Selon les chiffres comptabilisés par Fedexcaza, il y a environ 3.500 licences de chasse en Estrémadure et chaque chasseur peut avoir en moyenne trois lévriers. //

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