
// La perchiste de Malaga a décidé de raconter comment elle a pu éviter à sa chienne de finir déshydratée et dénutrie durant un mois noir pour ces chiens, quand prend fin la saison de chasse.
Cela se passait en février. Une feuille du calendrier teintée de noir pour tant de chiens de chasse. Et ce jour-là, c’était le cas pour Petra. C’était en 2009. Une après-midi banale d’entraînement sur une piste de terre perdue dans un ensemble d’exploitations agricoles disséminées, à Alhaurin de la Torre. Je passais par là et son état m’avait alarmée. Là, Attachée à un mur dans une position où elle ne pouvait même pas se tenir debout, c’était elle. Un braque de couleur marron au regard triste. Sans eau ni nourriture.
Après ce tableau – difficile à digérer –, Dana Cervantes a essayé de continuer sa route mais elle a été tellement bouleversée qu’elle est revenue dès le lendemain. Rien n’avait changé. Cette chienne n’était pas nourrie et montrait des signes de déshydratation. Impossible de ne pas agir. Alors la perchiste de Malaga, neuf fois championne d’Espagne, a décidé de parler avec son propriétaire et de l’emmener chez elle. Pour une raison ou une autre, elle n’était pas douée pour la chasse. Elle avait eu plusieurs portées, ils avaient probablement tiré profit de ces portées en les vendant à d’autres chasseurs de la région et elle ne leur servait plus non plus pour la reproduction. Elle était entre les mains de quelqu’un qui l’avait utilisée comme un simple outil et, âgée d’à peine trois ans, son destin était d’attendre la mort enchaînée à un mur », explique Dana dans un post publié sur son compte Instagram.
Dana ne parle pas beaucoup de sa vie privée sur les réseaux sociaux. Mais lundi dernier, le calendrier l’a fait bondir. Et elle a pensé qu’elle devait faire connaître l’histoire de Petra. Etre la porte-voix de ce fléau pour apporter son grain de sable. « Février est un mois noir. Le début du cauchemar pour des milliers de lévriers et autres chiens de chasse qui sont abandonnés ou pendus à la fin de la saison de chasse », se souvient-elle. « Petra est l’exemple de ce qui arrive à beaucoup de ces chiens à cette période. Nombreux sont ceux qui souffrent dans ce mois noir : les galgos et les podencos sont les plus touchés. Et ceux qui survivent finissent souvent abandonnés, comme des milliers d’autres animaux dans ce pays », poursuit-t-elle. Une donnée suffit à nous en convaincre : selon un rapport publié par la Fondation Affinity, la fin de l’activité de chasse est à l’origine de 12% des abandons et arrive en seconde place des motifs d’abandons, juste derrière les portées non désirées.
Au regard de ces statistiques, le poste de la perchiste est un « appel à la sensibilité et à la responsabilité ». « Les chiens ne sont pas des outils. Ils souffrent et leur situation doit être davantage mise en avant et des mesures doivent être prises. Nous ne pouvons pas détourner le regard », insiste Dana dans une conversation téléphonique avec le journal SUR.
Heureusement pour elle, Petra est tombée entre de bonnes mains. « Dans des conditions terribles ». Son adoption n’a pas été une partie de plaisir. « Il a fallu beaucoup de temps avant qu’elle puisse marcher correctement debout car elle était restée en position accroupie pendant très longtemps. Elle était infestée de bêtes et de parasites et il a fallu la traiter pendant des semaines avant que je puisse la ramener à la maison », explique Dana. « La malnutrition a pu être soignée à court terme. Mais pas les traumatismes. «Psychologiquement, Petra a beaucoup souffert. Elle tremblait de panique dès que j’essayais de la caresser. Chaque fois qu’elle entendait un bruit, elle stressait. C’était très difficile », ajoute Cervantes qui affirme avec orgueil que sa chienne est une « survivante ».
Un des nombreux exemples de chiens qui réussissent à s’en sortir grâce aux efforts de personnes anonymes, « de protectoras (ici, le travail énorme de la protectora de Malaga), mais aussi grâce à l’engagement de diverses associations de défense des animaux, ou à des projets comme celui que mène Dani Rovira et sa Fondation Ochotumba qui permet à beaucoup de chiens d’avoir une seconde chance ». Selon Dana, pourtant, cela ne suffit pas : « Une législation réelle et urgente est absolument nécessaire. Et, – comme le fait Dana sur la photo qui illustre ce reportage – nous pourrions commencer par regarder en face cette situation et ne pas détourner le regard » conclut-elle. //